Petit plaidoyer à l'usage des bien-pensants et autres Sociorésophiles.
Bonjour à Ceux, Celles qui me suivent habituellement. Pour user d'une facile métaphore, disons que les Réseaux sociaux ressemblent au trajet d'un fleuve au long cours. Nous en constituons, les uns et les autres, les nombreux et divers affluents. Tantôt nos eaux confluent en un unique cours, tantôt nous reprenons notre cheminement solitaire ou bien choisissons de nous joindre à d'autres eaux. Ceci, cette diversité, ces rencontres fortuites, ces voyages de concert, puis l'émiettement dans une rapide diaspora, comme si le peuple des eaux s'essayait à trouver son propre lit, ceci donc est à proprement parler fascinant.
Tel affluent que l'on croyait perdu, soudain, se met à faire sa mince résurgence. Tel autre dont nous pensions qu'il ne nous rejoindrait jamais, se mêle aux eaux du delta auquel nous venons de confier notre destin. Cette liberté est belle. Cette liberté est précieuse. Mais, parfois, la nostalgie aidant, nous aimerions, encore, pour quelques jours, côtoyer des ruisseaux qui faisaient leur éblouissement de gouttes parmi l'aval du fleuve avant que d'arriver au terme du voyage et que la mer, devant nous, ouvre l'immensité de ses flots. Cela, cette perte, un jour, des Passagers, des Passagères nous la savons depuis toujours, sans doute la redoutons-nous, mais il nous faut bien apprendre à voguer sur l'Océan au large horizon, à la force de nos seuls bras.
Nous sommes toujours seuls depuis notre venue sur la Planète bleue. Nous nous efforçons de croire que cette solitude n'est qu'une fable et, sans doute, l'est-elle puisque notre existence est une fiction que nous sommes venus dire à la face du monde. Mais, pour autant, notre nécessaire lucidité ne nous exonère pas de croire que des choses de l'ordre de la convivialité, du partage, de l'estime demeurent possibles. Nous rêvons tous d'une belle croisière, d'une échappée commune en direction de ce qui, qualifié d'utopie - cette si belle chose - nous appelle vers une réalisation plénière que, nous seuls, ne pourrions jamais atteindre. Cessons donc de croire que ramer ensemble ne peut se faire qu'à l'aune d'une galère. Nous sommes libres par destination. Il nous reste, individuellement ou bien collectivement à le vouloir. Et, certes, nous le voulons. Que ferions-nous, sinon, derrière les claviers de nos machines à attendre, les mains ouvertes tournées vers un ciel vide ? Le ciel est toujours habité, au moins, par l'espace de nos rêves. Nous ne saurions facilement y renoncer !
Il est bien souvent estimé, dans notre monde soumis aux dures lois d'une abstruse matérialité, que les comportements altruistes ne sont que fumée et poudre aux yeux. Et, pourtant, commencer à communiquer, jeter quelque filin auquel l'Autre peut se raccrocher, est déjà le début de quelque aventure à laquelle souscrire sans réserve. L'humanisme - ce beau et grand nom, ce magnifique concept que, déjà, la Renaissance fêtait avec l'ampleur due aux idées essentielles, continuons donc à le porter devant nous comme le ferions de notre propre étendard. Nous n'avons guère de tâche plus exaltante que celle de voir en l'Autre notre propre raison d'exister. Et, bien évidemment, sans l'Autre, nous ne figurerions pas sur la scène du monde. Ceci est un truisme, mais, bien souvent, les évidences ont-elles à être démontrées.
En terme "sociorésophiles", cette pratique de l'altérité porte le terme "Créer un Groupe". Créons donc. Chacun y prendra ce qu'il voudra. Faisons-en une manière d'Auberge espagnole - Voyez "Les Copains d'abord" - , de caravansérail où chacun, selon son humeur, bénéficiera du gîte ou du couvert, ou bien des deux. Tout sera au choix. La convivialité, toute virtuelle - c'est l'alpha et l'oméga des Réseaux sociaux - ouvrira chacun au partage, à l'amplitude du regard. Et, si ces médias peuvent, un tant soi peu, disposer à l'humanisme, alors ils n'auront pas été créés en vain. Que nos détracteurs ne se réjouissent pas trop vite. Ne pas faire partie d'un Réseau social est, à l'évidence un droit absolu. Le droit d'appartenir à un Groupe aux dimensions encore plus vaste : l'univers n'a pas de frontières.