Œuvre : Eric Migom
"Mon centre d'intérêt ... l'être"
L'être. Le point décisif par laquelle toute philosophie digne de ce nom s'annonce comme urgente à se manifester. Dès que ceci est compris, incessante est la quête. Il ne saurait y avoir de repos. Tout fait question. Tout s'ouvre en direction d'une clairière élargie du sens. Tout est constamment interrogé. C'est pourquoi l'on peint, écrit, photographie, c'est pourquoi l'on fait l'amour. L'amour est ce cri qui, croyant dire l'existence, ne dit que la forme indicible de cet être qui n'est ni mystère, ni figure d'un dieu, mais la simple réalité portée à son incandescence et que, constamment, nous temporalisons. L'être est cet instant, cette séquence de langage, cette illumination poétique, cette déflagration du verbe qui nous conduit aux limites d'une compréhension du monde. C'est pourquoi toute entreprise ontologique est affiliée à la pure beauté. Elle est origine et fin, fondement et projet, ombre et éclaircie. Elle est "passage", la seule médiation qui nous installe au cœur des choses. Apprenons donc à "passer". C'est imperceptible. C'est de l'ordre du tropisme. C'est une à peine vibration de l'âme, un grésillement de libellule, un tremblement de luciole. C'est l'unique raison pour laquelle l'être nous échappe constamment alors qu'il nous affecte en propre à chacun de nos souffles. Essayer de le saisir et déjà le chemin est ouvert vers plus loin que nous. Ceci s'appelle la "transcendance", ce que nous, les hommes, les femmes, nous sommes puisque nous nous détachons constamment de ce réel qui nous porte afin que nous puissions mieux nous en dessaisir. Nous sommes le tremplin et déjà l'au-delà du tremplin. C'est à nous de donner l'impulsion. L'être est cette juste mesure qui, nous extrayant de nous-mêmes, nous envoie vers le monde. La liberté ne porte pas d'autre nom. SOYONS !