Photographie : Blanc-Seing
***
Du rare l’image nue
C’était chez toi comme
Une antienne
Cela se levait à la manière
D’une prière
Tutoyait une ferveur
Déployait une incantation
Ne supportais
Ni les fioritures
Ni les embarras
Des choses.
Seulement
Leur simplicité
Leur droiture
Dans l’air qui vibrait
Comme un cristal
Le moindre rameau givré de brume
Était cette inoubliable
Offrande
Dont tes yeux
Jamais
Ne se déprenaient
Cela faisait en toi
Des trajets de comètes
Des brillances de joie
Des irisations claires
Parfois des pertes
Dans quelque mystérieux
Aven
Que nul n’eût osé
Interroger
À l’aune d’un regard
Fût-il
D’accord
De reconnaissance
De partage
Impudeur il y aurait eu
À traverser la feuillée
De ton silence
À cerner ta peau légère
De questions
Qui n’auraient eu
De sens
Qu’impropre
De finalité
Qu’à enfreindre un territoire
Dont tu voulais préserver
La belle candeur
L’ingénuité
Pareille au frais ruisseau
Dans le cours fragile
De l’aube
Mais quel était donc
Ce besoin d’un immédiat
Surgissement
Du réel
Au plus près
D’une vérité
Qu’y avait-il donc
En Toi
Qui réclamait son dû
De beauté
De naïveté
D’innocence
Toujours il semblait
Que ton désir
Des choses
Essentielles
Ne pourrait jamais être
Etanché
Comblé
Satisfait
Hampe d’un idéal
Dressé dans la belle
Oriflamme du jour
Gemme couchée
Dans son écrin de soie
Lumière venant
D’on ne sait où
Fuyant en direction
De quelque inconnu
Etait-ce donc cela
Qui convenait
A la sombre pliure
De tes humeurs
Qui donnaient à tes yeux
Cette profondeur de cendre
Cette transparence
Cette fuite d’eau
A l’infini
Dans le méticuleux
Et illisible
Destin du Monde
***
Du rare l’image nue
Dans ton étrange
Posture
Tu figurais
Ce visage de pierres
Des contrées extrêmes
Où ne souffle
Que le vent acide
Des lointains
Où ne surgit
Que l’absence
En sa verticale
Nudité
Jours de mousse
Et de lichen
Heures de granit
Et minutes de basalte
Demeure du Temps
En son éternité
En sa grâce
Ultime
***
Comment t’imaginer
Autre
Que dans cette
Éphémère courbe
De l’espace
Dans cette étroitesse
D’une bouche
Close
Sur sa propre densité
Comment
Déchiffre-t-on jamais
Le mystérieux hiéroglyphe
Met-on à jour
La vie des Peuples Anciens
A seulement
Assembler quelques indices
L’éclisse blanche d’un os
Le scintillement d’une parure
Une épingle d’or
Qui retenait les plis
D’une vêture
Déchiffre-t-on
L’Autre
Ce continent invisible
Cette Terre d’exil
Cet isthme si étroit
Que les eaux pourraient
L’absenter de notre regard
Et il n’y aurait plus
Rien
Que
Le Vide
La bise désolée
Du Néant
La pierre obsidionale
Assiégeant les remous
De l’esprit
Attisant les nervures blanches
De l’âme
Sondant la chair
En ses minces cannelures
Cette mutité
Cette parole scellée
Qui retourneraient
En leur origine
A peine une étincelle
Dans la nuit du Temps
Une incision
Dans le derme
De l’Être
***
Du rare l’image nue
L’étrave de ton visage
Fendait les flots
Du sensible
Avec la grâce
D’une étoile
Aux confins du Ciel
Une simple allégeance
A ta propre advenue
Dans la demeure étroite
Du visible
Ta navigation
Parmi les flots
Si naturelle
Ne te livrait à l’existence
Que sur le mode du retrait
Que sur celui d’une présence
Tissée d’oubli
Teintée de la palme
Du songe
Ourdie de fils ténus
Si minces
Dans l’effacement
Oblique
De l’air
***
Du rare l’image nue
Vois-tu
En ton constant
Egarement
Je te vois à la façon
De cette Terre de rochers
Parsemée d’eau
Cette savane triste
Qui pleure dans le gris
Ce miroir étincelant
D’une eau infinie
Où se réverbère
L’exigence tendue
Du Ciel
Ce Rare où sont les dieux
Cette image nue
Que nous n’habillons
Que des voiles
De notre propre
Errance
O Toi qui as lieu
A l’extrême
De notre doute
Es-tu cette simple
Diversion
Qu’annonce le sablier
En sa chute toujours libre
Es-tu cette racine éolienne
Qui nous interroge
En notre fond
Le plus obscur
Ce Noir dont s’ensuit
Tout cheminement
Parmi la sourde complainte
D’une inintelligible
Durée
Ô toi qui as lieu
Délivre-nous de ce mutisme
Etroit de la Terre
Dans la Pureté
Oui
Dans
La
Pureté
Il n’y a
Que
Cela à
Voir
Paraître
Cela