A PROPOS DE ... MES DESSINS.
Sans doute s'agit-il là de renouer avec des pratiques d'enfant dont la plupart, du reste, sont depuis longtemps sédimentées. Peu importe. Depuis l'aube de l'humanité les hommes ont toujours cherché à déposer, en quelque endroit, une trace de leur passage, depuis les magnifiques dessins pariétaux de la préhistoire jusqu'à la présente histoire de l'art contemporain.
Henri Michaux, après sa descente dans les gouffres mescaliniens, s'essayait, d'une main tremblante, à reproduire la manière de tellurisme qu'avait provoqué en lui l'ingestion d'une "noire idole".
Roland Barthes, dans sa quête d'une recherche sémiologique, a créé sa propre mythologie, griffonnant d'innombrables dessins sur ses carnets, dessins dont un, au moins, illustra le fameux "Roland Barthes par Roland Barthes". On y retrouve un peu la manière Cy Twombly dont il admirait l'œuvre et à propos de laquelle il a fait, d'ailleurs, de très pertinents commentaires.
Enfin, comment ne pas citer Jean Dubuffet et sa prodigieuse aventure graphique faite de milliers d'œuvres sillonnées d'étonnantes représentations de la figure humaine ?
Mais que l'on n'aille pas s'imaginer que les noms cités plus avant le soient à une fin d'établir un quelconque parallèle. C'est tout simplement de profondes affinités dont il s'agit et d'une envie subséquente de créer, soi-même, en toute modestie, dans un genre d'activité ludique et rêveuse, quelques silhouettes humaines. Et ce propos est d'autant moins éloigné de mes écrits que ces figures, étranges, atypiques, semblables parfois à des personnages de la commedia dell'arte ou bien aux marionnettes de Guignol s'inscrivent parfaitement dans cet essai sans prétention, dans ce genre de balbutiement qui voudrait tracer quelques lignes de fuite pareilles à celles dont la "condition humaine" est inévitablement affectée, thème récurrent dans nombre de mes textes.
Mais il faudrait aller plus avant dans ces esquisses, ces ébauches maladroites et naïves afin que puisse prendre forme un projet plus abstrait, sinon plus conceptuel où l'essentiel montrerait ses nervures, l'économie du geste étant réalisée pour ne laisser la place qu'à ce qui se situe aux rivages de l'indicible. Rêve de tout poète, de tout peintre. Mais ceci est une autre histoire ! Il suffit que le présent s'actualise avec suffisamment de sens pour faire refluer ce qui, du reste, ne pourrait paraître que sous la figure de l'illusion ou du dessein un peu fou. Revendiquons seulement, pour paraphraser le titre d'un ouvrage de Gaston Bachelard, "Le droit de rêver" !