Comment suivre ta trace
La mienne si difficile à esquisser
Les jours fuient
Dans la fente immobile du temps
Est-ce nous qui bougeons
Est-ce Le Temps qui vient à nous
Puis se dissipe
Sans même
Que nous en ayons conscience
Comment suivre ta trace
Autrement que par la pensée
Tu es si illisible
Dans l’invention de l’heure
Et à peine es-tu aperçue
Que déjà nuées et cendres
Se présentent
Dans l’orbe vide des mains
Si ce n’est brouillard diaphane
Rives esseulées
Dans un linceul de pluie
Comment suivre ta trace
Tu me disais
L’autre jour
Sous les palmes aériennes
Du grand cèdre
La beauté de la vision
Lorsqu’elle s’embue
D’une certaine tristesse
Comme si le flou était à même
De porter notre âme
A la pointe acérée
D’une compréhension
De soi
De l’autre
Peut-être même disais-tu
Du monde
Tellement ton esprit fantasque
Emprisonne dans ses filets
Les mailles de la pure joie
Comment suivre ta trace
Tu es si sûre de ta présence
De la justesse de ta pensée
Cela rayonne
Cela étincelle
Cela se diffuse
Et c’est comme une contagion
On est à toi
Comme le soleil est au ciel
Et il s’en faudrait de peu
Qu’une vérité se présentât à nous
Sous la seule forme de celle
Que tu es
Comment suivre ta trace
Certains te disent Sorcière
D’autres Fée
D’autres encore
Magicienne aux doigts
Crochetés de bonheur
Mais qui croire
Mais comment te cerner
Toi qui fuies
A la vitesse de tes paroles
Incantation
Et cela chante en nous
Et cela prie
Pour que ta voix latente
Cerne tes lèvres
Du plus doux des poèmes
Comment suivre ta trace
Serais-tu Poétesse
Sappho de Lesbos
T’accompagnant de la lyre
Entourée de tes hétaïres
Sous l’arbre aux palmes donatrices
D’un luxe inouï
Celui de vivre à la mesure
De ces géants débonnaires
Mais si précieux
Pour qui sait les écouter
Les entendre
Comment suivre ta trace
Tu effeuilles les secondes
A seulement respirer
Tu loues les heures depuis
Ton infinie sagesse
Tu attires à toi
La caravane pressée
Des jours
Ces ruisseaux
Qui nous traversent
Sans que nous en percevions
L’essence intime
Le souffle donateur de vie
Comment suivre ta trace
Toi qui n’en as pas
Le Temps est cet
Immarscescible
Flottement
Ce balancement
Qui nous porte
Ici
Là
Partout où se recueille
Le sentiment d’être
Ne serais-tu pas Le Temps
Lui-même
Qui confond
En une même trace
Masculin Féminin
Cette nervure qui
Nous fait tenir debout
L’espace d’un cheminement
Oui l’espace
D’un
Cheminement