Passante qui es-tu
Hiver est là avec sa froidure
Son blanc manteau
Son silence accordé
A la cendre du Ciel
Hiver est là
Et la Ville
Esseulée
Pleure dans le retrait
De soi
Dans la perte
Du jour
Dans l’ombre qui grandit
Et endeuille
Le cœur des Hommes
Hiver est là
Et nous tremblons déjà
De ne pouvoir saisir
A nouveau
Le calice ouvert
De la fleur
L’encre des étamines
La joie du pollen
Le soleil
Qui partout rayonne
Et illumine
Passante qui es-tu
Toi dont la chaise
Vide
Toise la neige
De ses pieds sidérés
Toi qui hantes
Les allées désolées
Où même les oiseaux
Ne chantent plus
Toi qui murmures
En silence
Toi dont le corps
N’est plus visible
Seulement
La trace
D’un Passage
Comme la palme
Du temps
Qui effleure
Et se distrait
De Nous
Dans l’instant qui fuit
Loin en quelque lieu
Dont jamais
Nous ne connaîtrons
La présence
Sauf
Les mots volatiles du
Rien
Sauf le balbutiement
Des choses
Dans le pli ouvert
De la Nuit
Passante qui es-tu
Es-tu
CETTE
Passante que chantait
Baudelaire
Le Poète
Baudelaire qui
Te FAIT FACE
TE FAIT FIGURE
T’épiphanise à la mesure
Des vers qu’il te dédie
TOI l’Innommable
TOI que cerne
Le Verbe
TOI qui fuies la rime
Transgresse la césure
Te situe aux frontières
De CE LANGAGE
Qui taraude l’âme
Cloue le Créateur
Au pilori
Le laissant
ESSEULE
Crispé
Ciel livide
Où germe l’ouragan
Douleur qui fascine
Et plaisir qui tue
OUI t’ayant aperçue
TOI La Passante
CE chantre de la Modernité
Tissant patiemment
Ardemment
Les liens
Entre
Mal
&
Beauté
Violence
&
Volupté
OUI
Baudelaire
De TOI
Se fût enthousiasmé
Car DIEU
(Fût-il païen
Fût-il athée)
A son corps défendant
L’habite
Comme tout Poète
Qui ne brille
Qu’à la lumière
Des MOTS
Un éclair... puis la nuit !
- Fugitive beauté