Photographie : Blanc-Seing
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De qui cette empreinte
Dans le gris du sable
De qui dans le jour qui s’éreinte
Cette illisible fable
De trop se tendre
La lumière est harassée
De trop attendre
Les hommes sont exténués
Que vienne donc le vent
Dans sa dernière morsure
Que vienne l’amante
Et son ultime blessure
Que soient consommées
Les noces du blanc et du noir
Que soit bu le vin du désespoir
Que soient les choses immolées
De qui cette empreinte
Dans la ramure du temps
De qui cette plainte
Dans la pliure du tourment
Est-ce une feuille
Qui cache ses nervures
Est-ce un deuil
Qui sème sa biffure
L’air est si animal
Qui a semé sa trace
L’heure est si fatale
Qui seule nous terrasse
Où sommes-nous donc
Esquisses du peu
Modestes feux
Dépourvus de dons
En notre âme altière
Nous eussions séjourné
Nos humeurs dernières
Nous en ont détournés
Nous errons ici et là
Pareils à des oiseaux fous
Et sommes las
D’être si peu en nous
De quoi la trace
Est-elle la parole
Elle qui s’efface
A même notre obole
Certes nous aurions voulu
Sur ce désert de l’être
Graver comme sur un écu
Notre vie géomètre
Las nous n’avons vécu
Que des secondes d’argile
Las nous n’avons voulu
Que des lignes fragiles
Telles des girouettes
En mal de zéphyr
Nous semons nos têtes
Au démon du jouir
Rien cependant
Ne s’y imprime
Que le néant
De vides rimes
Esseulés nous sommes
En notre contrée
Telles des bêtes de somme
A leur errance livrées
Jamais nul chiffre du sol
Ne nous dira
L’instant de notre envol
Voile que l’air affalera
Si jamais un signe
Devait hâter nos certitudes
Qu’il en soit la figure insigne
Courant au-devant de notre finitude
Êtres aux abois
Nous n’avançons courbés
Qu’à plonger
An cœur plein de l’effroi
Ainsi est notre cruel destin
Cette tache dans le sable
Cet inatteignable festin
Il est vide immuable
Que pourrions-nous attendre
Les yeux rivés au ciel
Qu’un fatum de cendre
Un avenir sacrificiel
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