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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 11:28

 

EPILOGUE

 

 

    C’est cette même nuit, dit-on, qu’au sommet de l’Olympe où il vit retiré, Apollon, bandant son arc d’argent, décocha une flèche qui atteignit Dionysos en plein cœur. Le jeune Dieu succomba à ses blessures mais ressuscita en regagnant l’Olympe. L’union d’Apollon et de Dionysos, le Dieu androgyne, fut célébrée sous les auspices de Vénus, Déesse de l’Amour. De cette rencontre sacrée naquit un fils ailé et joufflu, qu’on désigne du nom d’Eros.

 

  Bien sûr, vous l’aurez compris, cette union « contre nature » n’est qu’une fable, une fantaisie mythologique qui cherche à brouiller les pistes, à stimuler l’imaginaire, à poser des interrogations. Peut-être n’est-elle que le prétexte à l’unique question : Qui suis-je ?

 

  Qui sommes-nous, en effet : une infime partie de la nature, de la glaise modelée par Dieu, un fragment de la poussière universelle, une combinaison d’atomes, un écho du big-bang, un sujet, un objet, une monade, un ça, un surmoi, une conscience, une liberté, une idée, un singe évolué, un primate rétrograde, un avatar de l’australopithèque, de l’homo-habilis-erectus, de Neandertal, de l’homo sapiens, un mythe inventé par les habitants de l’Olympe, un désir, un simple désir tendu entre deux pôles, une âme incarnée, une incarnation dépourvue d’âme, une émanation du souffle divin, la simple rencontre de deux chromosomes antagonistes mais finalement complémentaires, un compromis entre les deux, une seule question posée à elle-même dans le vide sidéral ?

 

  Face à ce choix infini, faisons le pari de la sagesse grecque. Eros y tenait une place importante sur le plan religieux, dans la vie sociale, l’art et la littérature. Attentif aux cosmogonies orphiques, considérons cette divinité comme une puissance primordiale, fondatrice du monde, sans père, ni mère:

Eros = Un =l’Origine.

  Faisons de cette question un problème nous concernant. Vous ne le savez pas, mais Eros, cet enfant de l’Amour, tourne autour de vous, comme le papillon autour de la fleur, sans jamais y faire halte. Parlant à votre oreille, dans le plus grand secret, il est le Présent, l’inapparent. Ni vos mains, ni vos yeux, ne peuvent le saisir. Il fuit au devant du jour, au devant de la nuit. Les flèches qu’il décoche n’ont jamais de repos. Elles portent en elles les jours de votre enfance, traversent votre vie à la vitesse de l’éclair, s’enfuient vers votre avenir. Elles sont les traces de votre passé, du manque, de l’absence; elles portent, au travers de votre présence, vos désirs, votre tension vers le futur. Du rien à la finitude, elles dessinent l’origine de toutes choses, la course rapide du destin, unissent le masculin et le féminin, les principes opposés, l’un et le multiple, Apollon et Dionysos.

 

 Vous ne le savez pas, mais peut-être ne s’agit-il que du temps qui passe, du souffle du vent, d’une idée, d’un battement d’aile, d’une musique, d’une plaie, d’un souvenir du corps, d’une blessure de votre peau ?

 

 Vous ne le savez pas, mais peut-être ne s’agit-il que de VOUS ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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