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7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 07:55
La trace ouvrante  du jour.

Les traces, oui les traces. Pareilles aux stigmates sur le corps du Christ. Mains et pieds cloués, flanc portant le trait du javelot. Traces qui disent une histoire à l’aune de leur simple présence dans l’effacement. Mais ceci qui s’offre à notre regard, témoigne-t-il qu’une douleur les ait fixées sur la dalle de ciment gris ? Ou bien est-ce uniquement un excès de notre imaginaire qui les habillerait du suaire de la tragédie ? Sans doute est-ce nous qui esthétisons cette photographie el lui conférons les couleurs d’une sémantique particulière. Le paysage possède-t-il un état d’âme, est-il triste ou bien est-ce nous qui le sommes parce que l’hiver, parce que la solitude, le manque d’horizon ?

D’où viennent ces empreintes, quelle est leur destination ? Ceci nous ne le saurons jamais. Ne nous reste plus que le recours à l’imaginaire, lequel, souvent, emprunte les bottes de sept lieues du romanesque. Alors nous disons la voiture partie après avoir déposé l’amante sur l’aire de neige blanche, ses pas rapides afin de regagner le logis où l’attend, dans la stupeur …

Ici s’arrête le film et ne reste que cette image tressautant comme dans les salles obscures d’antan, sur les fauteuils de moleskine rouge où il était si bon, si doux, de dissimuler aux yeux des autres d’abord, aux siens propres, ensuite, les lignes de son désarroi. Peut-être une brusque séparation. Peut-être une mauvaise nouvelle. Peut-être, enfin, une douleur comme celle du Christ. Mais étions-nous sur Terre pour un quelconque acte de rédemption ? Qu’avons-nous à racheter qui constituerait la condition de notre liberté ? Ces traces que nous apercevons sous les auspices de stigmates, n’est-ce pas nous qui les avons imprimées à même notre conscience afin de donner un sens à notre aventure existentielle ? Quoi que nous fassions, nous sommes toujours au pied du Golgotha. Le ciel est infiniment bas avec des cernes bleu-marine, la procession des affligés est pareille aux lumières du Néant. Les visages sont cireux comme ceux des passagers d’outre-tombe. Seul le corps du Christ illumine la scène à la hauteur de son sacrifice : celui du sang versé afin qu’un rachat ait lieu. Mais ceci est une imposture. La finitude en est la mise en croix.

Les traces, oui, les traces ! La trace ouvrante du jour est la faille même par laquelle il se referme, le jour, et met un terme au jeu. Aimant, souffrant, écrivant, créant, ce sont des traces que nous versons dans le recueil de l’Histoire afin de porter au jour celui, celle que nous aurons été l’espace d’une parole. La mutité en est la fermeture dernière.

La trace ouvrante  du jour.
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