"Ernest on the front".
Œuvre : André Maynet.
Les compréhensions les plus justes sont affaire de dialectique. A savoir d’oppositions. Le blanc jouant avec le noir, la nuit avec le jour, la raison avec le sentiment. Ici, devant nous, s’installe une vivante dialectique : de la jeunesse et de la vieillesse ; du regard effronté, inquisiteur et de celui, détourné, plongé dans une vague mélancolie ; du passé et du présent ; de la verticalité conquérante et d’une posture qui dit l’usure de la vie, l’épuisement de l’expérience, peut-être la lassitude d’être avec, en sourdine, le bruit lointain d’un saxo, la plainte longue du jazz. L’instrument est posé entre les jambes, comme au bout d’une longue nuit, alors que les spectateurs sont partis, la salle plongée dans le demi-jour de l’aube. Au loin, sur la ligne grise de l’horizon, cette promesse d’avenir, la fuite d’oiseaux de mer, sans doute des mouettes que fouettent les embruns de la connaissance. Avancer dans le futur est savoir. Toujours. Au centre de l’image, telle une cariatide taillée dans une pierre d’opale, cintrée dans un justaucorps blanc, virginal, pareil à une origine, Sémaphore veille, défend ce qui ne saurait être transgressé, cette Existence accroupie à la grande sagesse, cette résolution d’avoir épuisé toutes les joies mais aussi toutes les turpitudes du monde. Immémoriale dialectique du bien et du mal comme si ces deux bornes marquaient, d’une manière irréfragable, le destin de tout homme, de toute femme sur Terre. Le choc des deux silhouettes est patent, deux mondes s’affrontent comme si, entre leurs singulières configurations, rien ne pouvait trouver à s’actualiser, à faire sens, à installer les fibres secrètes des affinités. Et pourtant rien n’est si simple. Sémaphore est là à la manière d’une gardienne qui voudrait farouchement préserver un patrimoine, mettre à l’abri ce qu’une vie entière a cherché à élaborer. Traversée d’infinies vicissitudes au travers desquelles rencontrer l’art et le porter à l’incandescence.
"Ernest on the front". Le titre est énigmatique qui veut sauvegarder jusqu’au bout l’anonymat de Celui dont le regard fuit, dont le couvre-chef dissimule la tête, dont le blizzand enveloppe le corps comme pour le rendre illisible. Ernest. Alors nous pensons à Hemingway. Mais nous voyons bien que ceci ne colle pas, que la réalité est ailleurs. Dans ce feutre sombre, ces lunettes, cet imperméable ample, ce saxo, cette allure que nous saisissons sans bien savoir qui en est le dépositaire. Puis, tout à coup cela s’éclaire, cela surgit, cela fuse comme mille feux de Bengale. Mais, bien sûr, Henry Miller, ce personnage hors du commun, ce type cosmopolite, ce caméléon capable de toutes les métamorphoses. Ce touche-à-tout de génie. Ce « Roc heureux » tel qu’il se définissait lui-même. Cet alpiniste des hautes cimes existentielles, mais aussi ce sondeur de bas-fonds, ce scrutateur d’étranges catacombes, cet explorateur des âmes, ce toréador qui tutoie le désespoir, ce saint que visite l’extase. Le dilettante qui enchaîne les petits boulots, puis l’écrivain à succès de la célèbre trilogie Sexus, Plexus, Nexus, du roman sulfureux Tropique du Cancer qui fit scandale en son temps. Enfin un être inclassable oscillant entre autobiographie, tentations solipsistes, auteur maudit, pape de la Beat Generation entraînant dans son sillage Jack Kerouac et William S. Burroughs, ces anticonformistes, ces auteurs postmodernes voulant mettre à mal les rouages d’une société corrompue, embrigadée dans les errances du matérialisme consumériste. C’est dans cette veine contestataire, ce jaillissement verbal parfois obscène, cette verdeur d’un langage direct qui n’est pas sans faire penser à celui de Céline qu’il distille une littérature inflationniste, vibrante, violemment critique, parfois apocalyptique. Comme si seul un cataclysme pouvait sauver l’humanité du sombre destin qu’elle s’était tracé. Combat désespéré de manière à ce que le tragique ne devînt définitivement la seule voie qui demeurait ouverte, une voie de perdition. Henry Miller n’est bien perçu qu’à être compris comme l’enfant de Brooklyn qu’il est : "Le reste des Etats-Unis n'existe pas pour moi, sauf comme idée, ou comme histoire, ou comme littérature", écrivait-il dans Printemps noir. Sans doute cette appartenance fortuite ou bien volontaire, plus tard dans l’écriture, cette immersion dans le New-York des immigrés allemands imprégnera toute son œuvre et le quartier de Williamsburg demeurera la trame récurrente de son travail d’écrivain.
Henry Miller. Source : jesperdeleuran.dk
Sans la musique …
“Sans la musique, la vie serait une erreur.”
Friedrich Nietzsche / Le Crépuscule des idoles.
Sans doute Miller eût volontiers partagé le sentiment de Nietzsche concernant la musique. Cependant celle-ci, si elle était l’un des événements auquel il prêtait attention, ne figurait qu’à titre d’unité dans une étonnante constellation de centres d’intérêts. La vie, pour ce boulimique, était constituée de tellement de facettes, d’éclats si fascinants qu’il s’agissait de n’en exclure aucun mais d’en goûter la « substantifique moelle » jusqu’à s’y abîmer corps et bien. Pour cet amoureux de l’existence, la musique constituait une sorte de « repos du guerrier », de subtil divertissement. Sans doute son écoute possédait-elle des vertus cathartiques, peut-être même constituait-elle un tremplin pour l’inspiration littéraire. Etonnant éclectisme de l’écrivain dans ses choix aussi affirmés que contrastés, parfois contradictoires, toujours subversifs. Confidence, un jour, à un ami : « Je suis un écrivain, mais à l’origine, je voulais être un musicien ». Il faut dire que l’enfance d’Henry fut constamment imprégnée de mélodies, bercée par des chansons de son grand-père ou de son père, ces tailleurs de vêtements qui accompagnaient leur travail du rythme de quelques refrains. Puis sa mère qui décida de le faire initier au piano. Il était un pianiste honorable mais n’exploita nullement ce filon, suivant en cela une humeur fantasque qui l’évinçait d’une activité pour mieux le précipiter dans une autre et ceci avec passion. On ne renie pas si facilement son « ton fondamental » pour paraphraser Philippe Sollers.
Eclipse de la musique pendant son séjour parisien où la fureur d’écrire s’empare de lui, reléguant au second plan tout ce qui n’est pas témoignage fiévreux, tellurique, confession intime au rythme des phrases, courant impétueux dans lequel Miller excelle. « Ecrire, d’abord et toujours… peinture, musique, amis, cinéma viennent après. » Telle est la confidence de cet homme qui ne vit que par et pour les mots qu’il déverse à foison dans une littérature qui, dès sa parution, sera qualifiée « d’obscène », de « pornographique » alors qu’elle est une vigoureuse tentative d’arracher l’humanité à son puritanisme, singulièrement cette Amérique qui en est le rigide bastion. Il sera le fer de lance d’une expression underground (ses livres se lisent sous le manteau). Mais nul n’endiguera la puissance d’un verbe exponentiel qui vit de lui-même, une prose polyphonique, polychrome, chatoyante, surréelle, qui cherchera à saper les fondements d’une société fondée sur l’hypocrisie, le lucre, la poursuite de fausses valeurs.
Puis ce sera le retour en force de la musique après qu’aura été écrit «Tropique du Cancer », lequel aura agi comme un exutoire, mobilisant alors d’anciennes sources d’énergie qui avaient été mises en repos, qui dormaient dans une douce léthargie, n’attendant que le moment propice de leur résurgence. Alors, avec quel enthousiasme teinté d’une touchante naïveté il déclare, en 1937 : « La musique est l’art suprême. J’aimerais être compositeur. Je suis de plus en plus musicien ». Autre déclaration à Lawrence Durrel : « La musique écrase la littérature ». On aura compris que chez ce natif de Brooklyn on ne fait pas les choses à moitié, qu’une passion chasse l’autre tant que dure le flux qui la propulse et n’attend que de retomber avec le reflux qui en est le nécessaire corollaire. Alors que dire des coups de foudre successifs, entiers, sincères de l’homme de Big Sur qui surfe sur des vagues aussi opposées que souvent incompatibles. Mais un tempérament fougueux, parfois de brouillonnes inclinations mêlent les genres, soumettent les œuvres à la plus pure des subversions, prennent un morceau mineur pour la pierre philosophale résultant du génie. Miller ne s’embarrassait nullement de préjugés, d’idées préconçues, de thèses bourgeoises ou de délibérations de quelque élite intellectuelle. Se nommer Miller, c’était mordre à belles dents dans le fruit qui se présentait dans l’instant sans présumer de sa valeur foncière, sans préjuger de l’avenir qui lui échoirait. Ainsi, il déclarait ne pas aimer Mozart, pas plus que Bach et tant pis pour les grincheux ou les tenants d’une orthodoxie dans l’ordre des arts, de ses altières productions. Etrangement, ce créateur qui taillait ses livres à coups de pioche, qui les soumettait à des feux plus vifs que tous les autodafés imaginables, qui déchiquetait le style à coups rageurs d’incisives, ce dionysiaque échevelé se prenait d’un vif intérêt pour les romantiques, Schuman, Chopin, Scriabine. Etonnante exagération de cet écorché vif : « Pour une note de Chopin, je donne tout Brahms ! Voilà de la musique ! (…) Je suis un romantique incurable… Brahms est trop intellectuel pour moi. » Et, ici, il faut entendre la sensibilité, la révolte de celui qui voudrait changer le monde pour un monde meilleur et qui offre au regard pressé qu’une carapace en forme d’étrave, une écriture hérissée des piquants d’une intelligence à vif. A Manhattan il découvre Scriabine. Passion, extase immédiate dont Michel Dautricourt évoque la flamme dans la revue littéraire Europe : « Miller aimait Scriabine pour son romantisme exagéré - mais aussi pour des raisons extrinsèques, extra-musicales. Sa passion pour lui n’était pas étrangère à l’aspect visionnaire, illuminé du personnage. Ce qu’il aimait, c’était sa philosophie, autant que sa musique : son nietzschéisme, son mysticisme, ses conceptions ésotériques, son rêve d’un art total ».
« Son rêve d’un art total ». Ici les mots essentiels sont prononcés. Envisager Miller sous le seul aspect de la musique, de la peinture ou bien de la littérature constituerait un contresens. En effet l’auteur de « La Crucifixion en rose », veut clouer au pilori tout ce qui concourt à l’émiettement de l’homme, à son aliénation, à sa perte en quelque façon. La société est le rouleau compresseur sous lequel il disparaît et brade son humanité à coups de consommation aveugle, de comportements aberrants, de soumission à des idoles de carton-pâte qui ne font que l’ensevelir dans la tombe que, chaque jour, il contribue à creuser. Alors il faut convoquer aussi bien la femme et son envoûtement, la sexualité crue, convoquer le verbe surréaliste à l’incroyable force incantatoire. Alors il faut peindre - autre passion de Miller -, projeter sur la toile les scories qui brûlent de l’intérieur et qu’il faut porter au grand jour. D’abord en guise de témoignage de ce qui sourd du corps, ravage l’esprit, torture l’âme. Ensuite pour éveiller ce qui, en l’homme, peut encore l’être, cette conscience, cet « instinct divin » par lequel se rendre lucide et créer les nouveaux fondements d’un art de vivre, d’aimer, de philosopher. Rien d’autre à faire que cela, porter l’art sur des fonts baptismaux renouvelés et en faire la condition d’un humanisme qui libère et transcende les habituelles apories dont l’existence est tissée en sa singulière structure.
Alors, qu’Henry ait éprouvé de l’intérêt pour les rengaines de chez lui, Old Black Joe, My Old Kentucky Home, Swanee River, qu’il ait vibré à l’écoute des rythmes tziganes, que le jazz lui ait apporté de multiples satisfactions, Louis Armstrong et Count Basie par exemple, que la musique, d’une façon générale lui ait souri sous les espèces de troublantes musiciennes, Cora Seward sa première conquête, Pauline Chouteau sa maîtresse, la rencontre avec Anaïs Nin passionnée de musique, ceci est de peu d’importance, ceci est en réalité périphérique. C’est la littérature qui fut la seule et centrale occupation de sa vie, sa passion dévorante, ce feu qu’il alimenta avec, parfois, quelques rémissions au cours desquelles il logeait aussi bien la musique, la peinture. Mais ces dernières, eussent-elles été conduites avec habileté par Henry, n’auraient jamais abouti à faire vibrer ce message, à marquer de quantité d’empreintes, à semer signes et traces le long de milliers de pages qui étaient comme sa chair vive, ce tellurisme inquiet, cette vibration par laquelle il voulait mettre le monde en musique tout en l’amenant à changer de partition, à ériger l’art en « vie mode d’emploi ». Miller n’est jamais dissociable de ces mots qu’il profère tout comme Edvard Munch projetait son effroyable Cri en direction d’un ciel sourd et muet. Comprendre Miller, c’est avant tout ceci, pénétrer dans les arcanes de son urgence à vivre, s’immiscer dans son territoire que dévastent, continûment, les hérésies existentielles d’hommes trop occupés d’eux-mêmes, pas assez de littérature, pas assez d’art.
Toute chose est contenue…
Mais rien de mieux pour saisir la belle complexité de ce grand écrivain que de citer un extrait de Tropique du Cancer par lequel les mots le définissent bien mieux que ne le ferait une description, fût-elle pointilliste, habile à débusquer l’irreprésentable. Cette prose est tout aussi inimitable que son auteur demeure indéchiffrable, ceci est le signe des grands destins :
« Toute chose est contenue dans une seconde qui est consommée ou non consommée. La terre n’est pas un plateau aride de santé et de confort, mais une grande femelle aux membres étendus avec un torse de velours qui s’enfle et se soulève avec les vagues de l’océan ; elle frémit sous un diadème de sueur et d’angoisse. Nue et forte de son sexe, elle roule parmi les nuages dans la lumière violette des astres. Tout en elle, depuis ses seins généreux jusqu’à ses cuisses étincelantes, flamboie d’une ardeur furieuse. Elle se meut parmi les saisons et les années avec un grand « Allez hop ! » qui saisit le torse d’un paroxysme de rage qui fait tomber les toiles d’araignée du ciel ; elle retombe sur son orbite pivotale avec des frémissements volcaniques. Elle est pareille à une biche parfois, une biche qui serait prise au piège et qui attend, le cœur battant, que les cymbales retentissent et que les chiens donnent de la voix. Amour et haine, désespoir, rage, pitié, dégoût - que sont ces choses parmi la fornication des planètes ? Que sont la guerre, la maladie, la terreur, quand la nuit offre l’extase de myriades de soleils flamboyants ? Qu’est-ce donc que cette paille remâchée dans votre sommeil si elle n’est pas le souvenir des meurtrissures des crocs du serpent et des amas des constellations ? »
Cette écriture aux confins du surréalisme, féconde le réel tout en le dépassant. A mesure qu’elle se déploie nous comprenons de mieux en mieux que nous sommes, nous les hommes, dans l’œil du cyclone et que nous n’en sortirons pas. Sauf à devenir peintres, à devenir musiciens, à devenir artistes. Le salut dans l’art et par l’art. Car cette Terre sublimée, quintessenciée, cette Déesse portée aux hauteurs de l’Olympe, c’est d’elle que nous dépendons, c’est elle qui nous attire et nous repousse cependant. Eternel problème de la transcendance qui aimante l’immanence tout en la rejetant. Car cette étrange mère nourricière, cette grande femelle aux membres étendus n’est autre que cette immense matrice cosmique qui appelle, fascine et demande à être rejointe afin que nous, ses rejetons, éclairés par la lumière violente des astres retombions de l’orbite pivotale, que les cymbales retentissent, cette mise en musique du monde qui en est le bruit de fond permanent et qu’il ne dépend que de nous qu’il ne se métamorphose en symphonie, non en une longue lamentation, une confondante mélopée qui signerait notre fin en même temps qu’elle révélerait notre incomplétude à être, à saisir ce sens qui s’auréole de myriades de soleils flamboyants. Ayant écrit ceci, Henry Miller disait le tout du monde, le tout de l’homme, les liens indéfectibles qui les attachent l’un à l’autre, qu’en termes communs nous nommons « vie », qui est notre bien le plus précieux, alors que souvent, nous cherchons ailleurs, les moyens de sa réalisation.
En direction du néant.
En manière d’épilogue, cette préface d’Henri Fluchère pour Tropique du Cancer. A propos d’Henry Miller :
« Il a renoncé à tout, sauf à être lui-même. L’essentiel. Donnez au mot son sens authentique. Chargé de servitudes, l’homme s’en invente toujours de nouvelles, met sa fabuleuse ingéniosité, son infatigable imagination, au service d’ennemis toujours plus nombreux, toujours plus divers. Contraintes politiques, sociales, économiques, militaires, religieuses, métaphysiques. On n’en finirait pas d’énumérer. A chaque tour de vis, c’est un peu de la cervelle qui suinte, un peu de sang qui se dessèche, un peu de spiritualité qui s’évanouit. Voici les civilisations de masse, idéologies dévorantes, qui transforment l’homme en automate, qui lui dictent ses réactions, qui lui mentent sur ses goûts, qui lui escroquent son bonheur. Immense marée qui monte de tous les coins de la terre, qui entraîne les hommes comme le flot balaie la fourmilière vers on ne sait quel néant. »
Il en est ainsi de la fourmilière humaine qu’elle ne se rend compte du désastre qu’à mesure de son délitement final alors qu’il est trop tard pour obtenir une quelconque rémission, bénéficier d’une « remise de peine ». Est-ce là la manière dont meurent les civilisations ? Nul doute qu’Henry Miller eût obtempéré à cette parole oraculaire, eût souscrit à ce pamphlet social vigoureusement asséné. En matière d’expertise, rien ne sert d’euphémiser, surtout dès l’instant où il s’agit du destin de l’homme. On confond souvent l’exercice de ce bel humanisme avec quelque ressentiment à l’égard de ses semblables. On prend le constat d’une dégradation pour un jugement sans appel, si ce n’est une condamnation trouvant sa finalité à même son énoncé, à savoir que la fin de l’homme est proche et que ce n’est que justice. Mais c’est bien de l’exact contraire dont il s’agit. On ne désespère jamais mieux de l’homme, on ne l’amène jamais mieux au pied du mur qu’à la hauteur de l’estime qu’on lui adresse, de l’amour dont il est redevable, fût-il guidé par une manière d’instinct sauvage qui le conduirait, en permanence, à sa perte. Miller aimait les hommes, tout comme il aimait les femmes, la peinture, la musique, la littérature, cette parole de l’être portée à son acmé qui est, tout à la fois fable, poème, philosophie, déclaration d’amour. Certes c’est tout ceci que Miller nous a offert et qui court encore, pareil à une marée d’équinoxe, sous la ligne de flottaison de notre conscience. Toujours à ce niveau flottent les œuvres décisives. Lire Miller et la maladie se propage à bas bruit. Pour notre plus grand bonheur !