L’été
Son ardeur
Sa violence
Pareille à une écharde
Plantée dans la chair
Rien ne sauve de cela
Pas même
La volonté
Bandée tel un arc
Pas même
L’amour consommé
A la limite
De la Mort
Dans les chambres incendiées
De chaleur
Vivre est une angoisse
Mourir ne serait pire
Croire au bonheur
Serait une insulte proférée
Avec inconscience
A la face du ciel
Dans les cubes de ciment
Cloués de lumière
Blanche
On se dispose au meurtre
Du Temps
Autrement dit
On fume
De longues cigarettes
En forme de dagues
On boit de longs traits
d’alcool
Qui incendient
la poitrine
On fait l’amour
Sur le bord d’un
Evanouissement
On chante à tue-tête
Des blues noirs
On lacère son corps
Des traits de l’aliénation
On dessine sur sa poitrine
Les Fleurs du Mal
Ces vénéneux tatouages
Ces tresses ophidiennes
Qui ligotent les bras
Les jambes
Font du sexe
Une simple flaque
Humide
Sa peau on la traverse
Des clous de cuivre
Des piercings
On l’étire
On en fait un tam-tam
Sur lequel ricochent
Tous les bruits du monde
On danse
Saint Guy
On
Marche sur
Un fil
De funambule
On prend une douche
Froide
On sort de soi
Comme la chrysalide
Sortirait de son cocon.
On est quelque part
Dans le monde
On ne sait
Où
La rue
Le vide
L’air comme
La percussion d’un
Absolu
Vertige des Vertiges
Peur de la Peur
Avancer
Pour ne pas
Reculer
Dans le port flottent
D’inutiles esquifs
Des coquilles de noix
En partance pour le
Rien
Les voiles sont affalées
Les cordages enroulés
Les étais vibrent
Dans le Vide
Les bômes
Oscillent
Les safrans
Godillent au-dessus
D’une eau grise
Plombée
Fermée
L’air est serré
Enroulé sur lui-même
Nœuds brûlants
Volutes qui étreignent
Goulets par lesquels
Se dit l’impossibilité
D’être
Autrement que dans
La douleur
La souffrance
La perte de soi
Dans les corridors
Etroits
De la
Contingence
Le milieu de l’anatomie est
Etique
Dans les tuyaux sanglés
Le sang est à la peine
Les nerfs en pelote
Les aponévroses
De simples linges blancs
Des drapeaux d’inutiles prières
Les os claquent
Dans le gris
La moelle glue
Les cartilages fondent
Les astragales
Hurlent
Les osselets
Claquent
Vides les agoras
Désertées les rues
Mornes les quais
Où flottaient
Les étendards de
La gloire humaine
Boutiques esseulées
Bancs sans occupants
Arrêts de bus
Sans passagers
Alors
On prend sa lampe
On y fait briller une étincelle
On y allume la flamme
D’une possible
Joie
On parcourt les avenues
On sillonne la moindre venelle
On fouille les recoins
On entre dans les tavernes
On se hisse tout en haut
Des volées d’escaliers
On gonfle l’étrave de sa poitrine
On distend ses veines jugulaires
On dilate ses joues
La voix s’élève
Hésitante d’abord
Puis plus claire
Plus insistante
Pareille à une incantation
A une supplication
Je cherche
L’homme
Je cherche
L’homme
On est Diogène lui-même
On est sorti de son tonneau
On divague
Dans les rayons de clarté
On s’égare dans les meutes
De son propre esprit
Mais la lanterne ne révèle que
SOI
L’homme n’existe pas
Pas même un Bipède
Sans cornes
Sans plumes
Alors
On renonce à ses
Illusions
On mouche la flamme
On cache la lanterne
Dans une encoignure
Du monde
On revient à
SOI
Comme à sa propre
Condition
De possibilité
On est si bien
Dans le tonneau
Qu’écrase la chaleur
Demain il sera encore
Temps de sortir
Quel voyage
T’absente donc de
Toi
L’Homme
Qui prétends dominer
Les choses
Alors que ce sont elles
Qui te dominent
Puisque tu n’es même pas
Assuré de
Ta propre présence
Ceci tu le rumines
En silence depuis ce langage
Qui te fait tenir debout
Peut-être n’y a-t-il que cela
LE LANGAGE
Et rien d’autre autour
Rien d’autre