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23 août 2023 3 23 /08 /août /2023 17:21
Neige et encre

  Monotype, novembre 2016

 

   Œuvre : Sophie Rousseau

 

 

***

 

C’était à ceci qu’il fallait arriver

Neige et encre

Dans la plus grande blancheur

Dans la plus haute densité

Sur la pointe des pieds

Se hisser jusqu’au jasmin du doute

Se cambrer dans la plus juste poésie

Ne pas céder tant que le jour serait là

Que la lumière brûlerait la cime des arbres

Que le cœur serait à l’œuvre

 

***

 

Prise du-dedans l’œuvre

Pareille à une Déflorée

En sa plus intime litanie

En son érectile présence

En son ultime mort

De ceci il s’agissait

De mort vive

De crucifixion

De Thanatos clouant Eros

A la plus haute branche du savoir

 

***

 

Car connaître était mourir

Car créer était connaître

Car vivre s’historiait

A la neige

A l’encre

A leurs plus hautes saisons

A leurs plus grandes dérives

Pouvait-il y avoir geste

Plus exact

Que celui de tremper

La plume dans son sang

Noir

En maculer la peau de  neige

Cette virginité qui résistait

Ne voulait se donner

Qu’à la faveur de suppliantes caresses

D’attouchements subtils

 

***

 

Une empreinte ici

Sur la nacre d’écume de la peau

Là dans la résille arborescente

Qui s’étoilait au creux des reins

Là encore dans le puits profond du désir

On prenait une plume

On la jetait au vent de l’imaginaire

Elle retombait ici et là

Flocon virevoltant

Dans le luxe immatériel de l’instant

Elle se disait en murmure

Elle se disait en beauté

Elle se disait dans le rare

Et le soudain

 

***

 

Dans l’enfin accompli

Dont l’image était marquée

Sceau d’une urgence

Rien ne pouvait attendre

Rien ne pouvait demeurer

Sur le seuil d’une vision

De la Nuit il fallait partir

De l’obscur faire naître

Ceci qui ne pouvait être

Que cette trace ténue

Ce brouillard noir

Cette esquisse

Cette buée

Ce Rien

 

***

 

Voilà

C’était là

Dans le tremblement du jour

Simple ballet de signes

Alphabet du devenir

Palimpseste laissant voir

Dans le filigrane de l’heure

Le fragile et le fugace

Le discret et le requis

A témoigner

La lumière était là

Qui veillait

A la permanence

Des choses

Il était grand temps

De venir au sommeil

De rêver aux épousailles

De Neige et d’Encre

Dans le luxe

Immémorial

De la Nuit

 

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commentaires

R
Combien faut-il encore de cristaux<br /> pour que la parole se transforme<br /> en touches légères,?<br /> celles qui portent leur poids d'encre.<br /> <br /> La plupart d'entre elles s'envolent,<br /> sans consistance,<br /> échappant à la pensée.<br /> <br /> Il y en a qui retombent sous forme de mots<br /> qui, petit à petit se déposent<br /> sur la page de neige.<br /> <br /> On n'y fait guère attention,<br /> on remarque ainsi l'empreinte ténue<br /> d'un oiseau formant quelques pas<br /> avant de s'envoler.<br /> <br /> Mais ce léger creux<br /> est par lui-même<br /> l'empreinte d'une pensée vagabonde,<br /> où le cœur est à l’œuvre<br /> <br /> dans un désir de plume<br /> qui donne sens à la page<br /> plus qu'elle ne la salit d'encre.<br /> <br /> Négatif de la parole,<br /> ses cristaux se voient<br /> déposés par une main parfois hésitante,<br /> <br /> mais libérant la voix,<br /> muette certes, <br /> mais qui se rélèvèle à la lecture,<br /> <br /> esquisse d'obscur<br /> elle porte dans le noir d'encre<br /> sa puissance de lumière...
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B
Merci beaucoup René Chabrière pour cette subtile poésie en guise de commentaire. JP.

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