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23 juin 2018 6 23 /06 /juin /2018 08:10
Le simple dans la venue du jour

Short story

100 x 70 Bristol

Barbara Kroll

 

 

***

 

 

 

Le simple dans la venue du jour

 

C’était le bleu de l’aube

Le bourgeon au printemps

La neige d’hiver

Les ors de l’automne

Une parole amie

Quelque part

Dans la gorge

D’un frais vallon

Une fête au village

La corde mauve

D’un ruisseau

Une pliure d’ombre

La cendre d’une rencontre

 

*

 

Souvent je me levais la nuit

Dans le froid lumineux

Avec les yeux des étoiles

Pour seuls témoins

Une luciole brillait au loin

Des amours se levaient

Des gestes se taisaient

Et rien ne paraissait

Que la langueur de l’heure

Et rien ne se disait

Que la beauté du monde

 

*

 

Souvent je t’ai surprise

A la margelle

De la fontaine

Seulement vêtue de nuit

Attentive à ne rien déranger

Qui aurait brisé

Cet infini cristal

Cet instant de métal

Cette nervure d’acier

Qui tenaient le ciel

Amplement ouvert

Qui tenaient le cœur

En son étrange suspens

 

*

 

A ma croisée

Accoudé dans l’attente de toi

Le temps n’avait plus cours

L’espace s’effilochait

Les rumeurs tarissaient

Le doute s’estompait

La vie souriait

De toutes ses dents blanches

Le muguet faisait

Son bruit de pervenche

Le cerf reposait

Au milieu de ses bois

Le paon éployait sa roue

Le lucane dormait

Dans sa cuirasse lustrée

Flamboyant renard

Enroulé sur sa pelisse

Feignait de somnoler

Mésanges fauvettes

Zinzinulaient

Les amants s’enlaçaient

Avant que le jour ne se lève

 

*

 

 Le simple dans la venue du jour

 

Je l’ai connu grâce à toi

Au buisson de tes cheveux

C’était un jais c’était une ardeur

Je l’ai connu à ton corps si blanc

Un nuage s’y est perdu

Je l’ai connu au feu de tes seins

Deux baies rouges à peine écloses

Et pourtant ils surveillaient l’ombre

De leur cruelle timidité

Le simple dans la venue du jour

Comment ne pas l’éprouver

Jusqu’à la graine de l’ombilic

Cette origine en attente

De son continuel ressourcement

Je l’ai connu à ta source vive

Cette nervure de ton sexe

Qui mordait ma chair

Dans la rubescente douleur

Connu encore dans l’albâtre de tes jambes

Sur l’éminence de tes chevilles

Sur les rubis de tes orteils

Connu en toi

Seulement en toi

Sagement assise

Sur la cerise rouge du désir

 

*

 

Le simple dans la venue du jour

 

Nulle part de plus belle volupté

Que cette sublime opalescence

Que ce corps de porcelaine

Ce regard de myosotis

Cette perle oubliée

Quelque part

Sur une feuille

De Bristol

De cela

De cette présence-absence

L’on peut mourir

Tel le héros

Au pied de sa déesse

Je meurs donc d’écrire

De te dire en mots

Le péché de chair est si doux

Dans le bleu de l’aube

Le bourgeon au printemps

La neige d’hiver

Les ors de l’automne

Il y a un violon

Loin là-bas

Qui joue en sourdine

Je crois bien qu’il s’agit

D’un adagio

Comment sortir de ceci

Autrement qu’à n’être plus

Qu’une larme

Sur le bord d’une paupière

Où ton regard

Où ta main

Où ton fruit

Qui me rendraient à moi

Où donc

 

*

 

 

 

 

 

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