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22 juin 2018 5 22 /06 /juin /2018 16:14
De Toi le manque absolu

Dornröschen

Belle au Bois Dormant

Œuvre : Barbara Kroll

 

***

 

 

De Toi le manque absolu

 

C’était toujours de cette manière

Là au plein de la nuit

L’heure de ta visitation

Je ne dormais que par intermittences

Peut-être par procuration

N’être présent au rendez-vous

Eût mutilé mon âme

Au plus profond

De son illisible matière

J’étais ici j’étais ailleurs

Ne savais plus le lieu de mon être

Divaguais pareil à l’esquif

Balloté au gré des flots

 

*

 

De Toi ne savais rien

Si ce n’est ce curieux nom de

Belle Dormante

Dont je ne puisais jamais

Que l’onirique forme

Cette faille dans l’ombre

Qui s’ouvre et palpite

Il me plaisait de t’imaginer

Sous les traits étranges

D’une anémone de mer

Présence pulsatile

Dont je ceignais

La douve étroite

De mon front

 

*

 

Te scrutant j’entendais

Au creux de l’intime

La belle légende

D’un charme mortel

A toi destiné

Ce fuseau qui piqua ton doigt

Te rendit éternelle

Jamais on n’oublie la grâce

D’un conte

Jamais de la félicité du rêve

On ne fait son deuil

Présente tu l’étais plus

Qu’étincelle sur la crête des vagues

Qu’oiseau dans sa dérive céleste

Que libellule sur le miroir de l’eau

 

*

 

Il fallait à mon contentement

Cette fuite à jamais

Cette feuillure

Dans la perte du jour

Cette lumière qui s’éteignait

Dans le ressac du crépuscule

L’inverse d’un bourgeonnement

Le pli d’un recueil

 

*

 

De Toi le manque absolu

 

Ce qui se dessinait

A l’horizon de mes désirs

Etait toujours en fuite de soi

Des jambes d’ébène

Que la couleur épuisait

La chute d’une robe

Tel un blanc calice

Telle une écume

A la bordée du jour

Et tes bras ces lianes

Qui n’étaient effusives

Qu’à l’aune d’un impossible

Saisissement

Mais de quoi donc

D’une vérité verticale

D’un bonheur passager

D’une joie faisant son feu

Là au rivage de tes nuits

 

*

 

Quelle était donc la flèche

De ton destin

Quelle la poésie dont tu tressais

Ton énigmatique visage

Nulle épiphanie qui eût pu proférer

La goutte oblongue de tes yeux

La braise douce de tes pommettes

Tes lèvres que je projetais purpurines

Cette fossette au menton

Qui t’eût identifiée entre mille

 

*

 

De Toi le manque absolu

 

C’était bien ceci

Cette pièce anonyme

Où tu te dressais

La matité silencieuse des murs

Un plafond de verre

Qui te retenait captive

Et ce tourbillon rubescent

Ce volubilis de sang

Qui perlait ses gouttes amnésiques

Sans doute étais-tu sans mémoire

Perdue dans le corridor

De desseins inachevés

Ce flottement te rendait irréelle

Ces lignes baroques

Dont tu vêtais ton mystère

Emplissaient mon manque de toi

De la dague délicieuse du vertige

Puisses-tu demeurer sans demeure

Puisses-tu ne jamais prendre visage

Puisses-tu encore une fois

Piquer ton doigt au fuseau ténébreux

Alors je ne sais

Ce qui adviendra de toi

Ce que sera le cours

De mon existence

Flux et reflux sont si forts

Qui nous éloignent de nous

 

*

 

Où les chimériques rivages

Où nous pourrions habiter

Dans l’union passagère des cœurs

Il est si facile de s’égarer

En ces temps de confusion

Mais l’insu est un délice

Auquel toujours nous voulons

Nous abreuver

Nos lèvres sont sèches

Notre gorge en feu

Rebelles

Indociles

Nous voulons

L’Absolu

Nous voulons

Le Rien

Sans doute

Ne le savons-nous pas

 

*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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