Œuvre : Barbara Kroll
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Sous le signe du feu
C’était là je crois
La juste mesure
De ton être
Nous marchions
Sur la grève
Ne disions rien
Le silence était
Entre nous
Aigu tel un houx
Peut-on jamais changer
Le cours des événements
Faire renaître l’amour
Là où il n’a plus cours
Des oiseaux blancs
Traversaient le ciel
Que nous n’apercevions plus
Le vent de mer escaladait les rochers
Nous aurions pu nous y abriter
Préférions ce courant
Du Grand Large
Le chemin qu’il traçait en nous
Dont les volutes se perdaient
Quelque part
Dans la trame usée
De notre passé
Tu aimais ce granit
En feu
Que teintait le crépuscule
Tu en faisais la pierre
De ton désir
Tu le crucifiais au creux
De ta passion
Tu le voulais arrimé
A ta pure volonté
À ta toute puissance
Et pourtant quel était
Ce chiffre inquiétant
Gravé au plein de tes errances
Ce regard qui plongeait
En lui
Dans un nul aujourd’hui
Sous le signe du feu
Tel paraissait ton destin
Dont la route filait à l’horizon
Au défi de ta raison
Oui car tu aurais voulu
Que rien ne t’échappât
Que ta singularité
Marquât son sceau
Sur la proue blanche
Des bateaux
Au loin
Sur le front des hommes
Dont tu rêvais
Sur l’étrave des sexes
Qui toujours
Imprimaient en toi
L’étincelle
Du désarroi
Vois-tu le buisson noir
De tes cheveux
La liane rouge
De ton corps
Elle oscille
De pourpre à alizarine
Elle est simple trait
De sanguine
Elle s’enroule tel le lierre
A l’hélice érodée
De mes prières
Et mes mains jointives
N’y pourront rien
Tu seras toujours
Cette manière
De courant marin
Cette empreinte au loin
Qui brasille
Cette vrille
Ce FEU