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16 janvier 2020 4 16 /01 /janvier /2020 10:05

On ne reste nullement

à sa fenêtre

aussi longtemps,

pensive,

absorbée,

hors de soi

sans quelque motif

d’inquiétude.

Je regardais

tes longs cils bleus

lissés de khôl,

je les croyais enduits

du givre d’un hiver proche.

Mais l’hiver

n’était-il simplement

en toi,

avec son gel,

sa froidure,

sans même que ta conscience

pût s’enquérir

du ténébreux motif

qui l’installait

en cette basse saison ?

 

Etais-tu parvenue

à une sorte d’étiage

qui t’abandonnait là,

au seuil d’un illisible futur ?

Ainsi sont les frêles esquifs

qui flottent indéfiniment

sur les eaux grises

 des lagunes,

que personne ne voit,

ils sont trop seuls

et leur solitude

ne projette nulle ombre

 sur le monde,

 juste un balancement

pareil au souci logé

au cœur de l’indicible.

 

Tes lèvres,

le beau motif

de tes lèvres,

j’en devinais le dessin,

 ces deux éminences souples

que fardait,

dans la discrétion,

un rouge assagi,

une teinte rose-thé

qui semblait si bien convenir

à ta venue en présence,

le vol à peine marqué

d’un argus

dans l’indécision de l’aube.

 

Et ce cou, si long,

 il me paraissait infini

comme le sont les voluptés

longuement attendues.

Il jouait avec les ombres,

se teintait tantôt de corail,

tantôt de bleuet

ou de pervenche.

 Indiquait-il la variation

de ton humeur,

un rai de plaisir

que voilait, aussitôt,

l’ombre portée

d’un chagrin ?

 Et ce collier de perles

du plus vif éclat,

un rubis illuminant

son écrin,

était-il le signe

d’une élégance réservée,

 d’un désir couvant

sous la cendre ?

 

Combien,

 depuis mon refuge,

ces arbres,

ces touffes de tamaris,

ces lotus qui dépliaient

leurs corolles blanches,

combien je savourais

 la délicieuse vision

 que tu m’offrais,

certes à ton insu,

mais ma gratitude

n’en était nullement réduite.

 

Attentive

 à la douceur

des choses,

 

voici le modeste poème

que j’ai écrit

 au titre de ce qui fut,

qui, jamais,

ne s’est reproduit.

Tous les jours

 je visite ta rue,

 interroge tes volets

sagement repliés,

 le voile de tes rideaux

qui, parfois,

flottent au vent

dans l’air semé

d’effluves printaniers.

 

Jamais je n’ai eu le loisir

de contempler à nouveau

ton si beau profil.

Il se perd aujourd’hui

parmi les caprices

de ma mémoire.

Je te sais là, cependant,

dans cette maison

au crépi jaune,

à la haute façade,

au simple balcon de bois.

Tu es la scansion

de mon temps,

 l’intervalle

qui n’en cesse

de finir,

suspendu entre

chaque seconde,

 ourlant les heures

de mystérieuses arabesques.

 

De réalité,

 tu n’auras plus

que celle

de ces quelques mots

griffonnés à la hâte

sur mes feuilles blanches.

Tu seras mot toi-même,

tu sais ce mot

indéfinissable,

unique,

dont rêve tout poète,

ce mot qui, à lui seul,

résumerait

le tout du monde

et il n’y aurait

plus rien à dire.

 Non,

plus

rien

à

dire !

 

 

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