"ma maitresse d'école..."
Image : André Maynet
***
cette éternelle absence ?
Ton corps était Poésie.
Ta chair était Ambroisie.
Ton esprit était Féerie.
Tout enfant déjà,
assis sagement sur
les bancs de l’École,
je te nommais en silence,
dans le recueil du jour,
Ma Déesse
Ma Maîtresse.
Tu ne le savais point,
le devinais seulement,
mes yeux étaient des braises
au seuil d’un temps natif.
Ta voix, je l’aimais tout
comme on aime
une berceuse.
Tes gestes, je les aimais
tout comme on aime
le chèvrefeuille,
ses odeurs intimes.
cette éternelle absence ?
Ton corps était Poésie.
Ta chair était Ambroisie.
Ton esprit était Féerie.
Tout adolescent, déjà,
installé dans le
derme de l’exister,
je te priais comme
on prie le Ciel de nous
prodiguer ses faveurs.
Je te nommais, dans
le trouble de mon âge,
Ma Prêtresse
Ma Diablesse.
Tu ne l’entendais pas,
l’imaginais seulement.
Mon cœur était une glaise
au seuil d’un temps festif.
Ta voix, je l’aimais,
tout comme on aime
un miel,
sa subtile douceur.
Tes gestes, je les aimais
tout comme on aime
le nuage au ciel,
trace si légère.
Que serais-je sans toi,
cette éternelle absence ?
Ton corps était Poésie.
Ta chair était Ambroisie.
Ton esprit était Féerie.
Tout adulte, déjà, hissé
au plus visible de l’âge,
je t’invoquais comme
on invoque la Terre
pour y trouver
quelque repos.
Je te nommais,
dans la haute lumière,
Ma Druidesse
Ma Prophétesse.
Tu ne l’entendais pas,
le supputais seulement,
mon âme était une cimaise
au seuil d’un temps fugitif.
Ta voix, je l’aimais,
tout comme on aime
une friandise,
sa délicate saveur.
Tes gestes, je les aimais,
tout comme on aime
le ruisseau dans l’ombre,
murmure discret.
Que serais-je sans toi,
cette éternelle absence ?
Ton corps était Poésie.
Ta chair était Ambroisie.
Ton esprit était Féerie.
Âgé, maintenant,
parvenu au
déclin de l’âge,
que me reste-t-il,
Ma Princesse
Mon Enchanteresse,
que ta voix se perdant
dans les coulisses du temps,
que tes gestes armoriant
un amour qui fut grand
de n’être pas connu de Toi,
qui fut brûlant d’être
connu de moi.
De moi avec
pour horizon,
seulement
L’errance,
Oui l’errance.