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16 septembre 2023 6 16 /09 /septembre /2023 09:09
ÉLOGE du SIMPLE

Toujours il faut partir

du Complexe,

de lEmbrouillé,

de lIllisible

 

Et faire immédiatement

retour vers l’Unique

 

Vers la Source

Vers l’Origine

 

Voir ce Beau Livre

 tel qu’en lui-même

 

LE LIVRE

 

Certes, il est multiple

Dans ses pages

Multiple dans ses mots

Mais combien son aspect évident

Nous rassure

Nous place au cœur même

 de qui-nous-sommes

Nous sommes une Fiction

Inclinant vers une autre Fiction

Nous sommes une Histoire

Inscrite en une autre Histoire

Et nous cherchons, toujours,

sans doute de manière inconsciente

Le lieu même de notre Être

 

Cette Figure si étrange

Si évanescente

 

Mais qui est le Pivot

Selon lequel notre Existence

Prend sens et se déploie

 

Sous la multiple bannière des Horizons

Du Monde, le nôtre avant d’être

Celui de tous les Hommes

Peut-être, l’Horizon, dans un souci

De radicalité, d’Essentialité

Faudrait-il le reconduire

 

Au souci d’une Ligne Simple

 

Telle cette Belle Œuvre

De Martin Barré

Ce Chercheur d’Absolu

La Ligne est Belle

La ligne est Simple

Qui biffe à peine la toile

Selon sa diagonale

 

Ligne telle un Mot

Par exemple

Chose

Soleil

Avoir

 

Mais ici, il y a encore TROP

Car Chose, Soleil, Avoir

Sont multiples

Ils orientent

Vers une Polysémie

Dans laquelle il pourrait

Nous arriver de ne

Nullement nous reconnaître

 

Et notre égarement serait grand

Et notre éparpillement serait infini

 

Il faut réduire

Il faut condenser

Il faut cristalliser

 

Ce qui signifie en venir

A la pureté du Cristal

A son unique vibration

Un fil ténu

Parmi la complexité du Monde

Oui, c’est ceci que nous avons

A faire, continûment, sans repos

 

Chercher le Lieu Géométrique

Autour duquel nous oscillons

 

Å la manière d’un métronome fou

 

Notre Vérité intime

La coïncidence que nous

Pouvons avoir

Avec Nous-Mêmes

ce n’est nullement

le mouvement de balancier

cette sorte de course

de Charybde en Scylla

c’est bien plutôt

ce Point Fixe

cette Immobilité

qui cernent notre être

en délimitent

la Subtile Forme

en disent

l’imprescriptible Nature

Telle l’aiguille de la Boussole

Qui a trouvé son Nord Magnétique

 

Nous sommes en quête de cette

Immuable direction

Laquelle, nous extrayant

De nos habituelles incertitudes

Nous confère la sagesse

du Sédentaire

Opposée à l’agitation

du Nomade

 

L’Homme Bleu est sans repère

Il est l’éternel Fuyant

Quittant ce lieu

Pour un autre

Comme si l’Espace

Était le danger même

Le Mirage au gré duquel

L’Homme, jamais, ne parviendrait

A trouver ni son centre

Ni sa périphérie

 

Une manière de

danse de saint Guy

Une chorégraphie

Tout autour de Soi

Une rotation de Derviche

Immolée à son propre geste

Sans origine ni fin,

Immolée dans le mouvement même

Qui prétendait le rendre libre

Et ne fait que l’aliéner

L’inclure au sein

de sa propre geôle

 

Le Simple toujours

Il nous faut le chercher

certes en un ailleurs

 

dans la majesté unique

de l’Arbre

 

Dans l’inouï rayonnement

Du Soleil

Cet œil unique qui nous regarde

Il est le centre même

de notre propre rayonnement

mais le Simple

il faut le chercher

en Soi, dans le pli le plus

intime de notre chair

 

C’est là dans le plein du mystère

Que le Simple prend sens

Qu’il nous assemble

En un lieu sûr

A l’abri du Monde

A l’abri des regards inquisiteurs,

à l’abri des maléfices de tous ordres

 

Le Simple il faut l’aller chercher

Dans les plis uniques

De la Merveilleuse Nature

Humer, par exemple

La fragrance serrée

Du Bouton de Rose

Ce recueil en soi

De tout ce qui se dit

Selon l’esquisse de la pureté

Le Bouton est supérieur

Aux pétales épanouis

Il est le concentré

Le point ultime

Où se rassemble

L’essence d’une chose

En son coefficient

D’irréductibilité

 

En ceci le

Bouton de Rose

Est semblable

A la modestie

De la Graine

 

Selon le processus

 de réduction

De condensation

La Graine est

 le point ultime

Celui que jamais l’on

ne peut outrepasser

En-deçà est le pur mystère

Le pur mystère

De la Venue au Monde

Des Choses

 

C’est un peu comme la

déroutante simplicité

d’une Goutte de pluie

Elle est la libre

 condensation

Du nuage

Elle est la parfaite

quintessence

 du Ciel

Elle est Tout Esprit

Venu dans la transparente matière

Elle est matière sans matière

Elle est elle et elle seule

Mais le Monde en son entier

S’y peut refléter

Miracle du Vivant

Lorsqu’il se fait Menu

Inapparent tel le sentiment

A contre-jour de la clarté

 

La magnifique Goutte de Pluie

Que le Sillon d’Argile

Appelle telle sa complétude

Le Sillon est beau qui vit en Soi

Au creux intime de Soi

Le sillon est unique

Qui glisse parmi

La souple ondulation

De ses Frères

Le Sillon

est creuset

De la Vie

En lui fermentent

Les Trésors dont l’Homme

Parfois, n’aperçoit guère

L’insondable secret

 

L’Homme n’est

que par

Le Sillon

La Graine

La Goutte

 

Il a été parlé de l’Arbre

Ce Roi qui essaime sa puissance

Sur tous les orients de la Terre

Mais rien encore n’a été dit

De l’Écorce qui le vêt

Qui est sa parure

Souple et lisse

Ou bien rugueuse

Ocellée ou

bien flexueuse

Parcourue

De l’incessant trajet

Du Peuple des Insectes

 

Sa croûte lézardée

Ses profonds sillons

Ses barres rocheuses

Ses vertigineux ravins

Ses lignes de faille

Ses diaclases

Tout ceci se donne

Comme un Microcosme

De la Terre

Une sublime

correspondance

Une osmose

 

Rien jamais

Ne se peut séparer

 

L’Arbre est l’Arbre

Parce que la Terre

La Terre est Terre

Parce que le Sillon

Le Sillon est Sillon

Parce que la Graine

La Graine est Graine

Parce que la Vie

 

El les merveilleux Insectes

Et la mince tige

De la Fourmi

Cette brindille noire

Si laborieuse

Cette discrétion

De la terre

Ces colonnes si entêtées

Cet acharnement

A être Soi

Å seulement

Thésauriser

Afin que Vivre

Ne soit nul hasard

Qu’une logique s’installe

Depuis la cueillette

Jusqu’à la manducation

Depuis la manducation

Jusqu’à la Mort

Le dernier acte

teinté de suie

 

Paradoxe terrible

des ressemblances

Meurtre sans fin

des analogies

 

Le Simple des choses,

oui

Le Simple des Mots,

oui encore

Ces Mots qui nous

Font Homme

 parmi les Hommes

 

Alliance

Fenaison

Ouate

Lumière

Dune

Diaphane

Diatomée

Diamant

 

Grande beauté du DIA

 « ce qui Traverse »

préfixe de l’Exister

en sa fluence

le DIA est la marge d’Espoir

le DIA est combat

contre la dure factualité

 

un mot encore

dans la plénitude de son Être

 

Métaphysique

 

Avec son esthétique

Graphie grecque

μετά 

 

L’Après

L’au-delà de

 

Préfixe de l’Imaginaire

S’il en est

 

Préfixe de la Liberté

S’il en est

 

Alors comment représenter

Ce qui n’a nul contour

Nul contenu

Sauf celui de nos Songes ?

Et le songe souvent

Si embrouillé

Si confus

Comment lui donner

Une assise simple

Un Lit flotte en l’air

Un Nuage flotte

au-dessus du Lit

 

Le Rêveur

est absent

 

Le Songe est

absence de Soi

 

Faire du Songe

Une simple

 racine blanche

dépouillée

Qui s’enfonce dans

notre propre humus

 

Homme = Humus

Retour différé à la Terre

Racine qui court

Dans le silence

De la glaise

Sans doute la métaphore

du Simple

En sa plus haute venue

 

Le Simple est

Dépouillement

Dénuement, solitude

Retour à Soi

 

En son ultime contrée

Avant il n’y a Rien

Après il n’y a Rien

Le Simple est

Notre seul Viatique

Tout ajout

N’est que fioriture

Toute addition

Que perversion

De notre Essence

 

Et, au titre du Simple

En son ultime effectuation

Nous allions oublier

Dans notre hâte

De citer le

Merveilleux

GALET

l’Ovale en sa perfection,

La Couleur

En sa douce griserie

Le Toucher

En sa guise de soie

 

Le Galet

Est un

Monde-en-Soi

Sans nulle césure

Qui viendrait en

Atténuer l’Essence

 

Le Simple

En tant que

Le Simple

 

Toujours

Le Simple

Revient

Au Simple

 

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