Toujours il faut partir
du Complexe,
de l’Embrouillé,
de l’Illisible
Et faire immédiatement
retour vers l’Unique
Vers la Source
Vers l’Origine
Voir ce Beau Livre
tel qu’en lui-même
LE LIVRE
Certes, il est multiple
Dans ses pages
Multiple dans ses mots
Mais combien son aspect évident
Nous rassure
Nous place au cœur même
de qui-nous-sommes
Nous sommes une Fiction
Inclinant vers une autre Fiction
Nous sommes une Histoire
Inscrite en une autre Histoire
Et nous cherchons, toujours,
sans doute de manière inconsciente
Le lieu même de notre Être
Cette Figure si étrange
Si évanescente
Mais qui est le Pivot
Selon lequel notre Existence
Prend sens et se déploie
Sous la multiple bannière des Horizons
Du Monde, le nôtre avant d’être
Celui de tous les Hommes
Peut-être, l’Horizon, dans un souci
De radicalité, d’Essentialité
Faudrait-il le reconduire
Au souci d’une Ligne Simple
Telle cette Belle Œuvre
De Martin Barré
Ce Chercheur d’Absolu
La Ligne est Belle
La ligne est Simple
Qui biffe à peine la toile
Selon sa diagonale
Ligne telle un Mot
Par exemple
Chose
Soleil
Avoir
Mais ici, il y a encore TROP
Car Chose, Soleil, Avoir
Sont multiples
Ils orientent
Vers une Polysémie
Dans laquelle il pourrait
Nous arriver de ne
Nullement nous reconnaître
Et notre égarement serait grand
Et notre éparpillement serait infini
Il faut réduire
Il faut condenser
Il faut cristalliser
Ce qui signifie en venir
A la pureté du Cristal
A son unique vibration
Un fil ténu
Parmi la complexité du Monde
Oui, c’est ceci que nous avons
A faire, continûment, sans repos
Chercher le Lieu Géométrique
Autour duquel nous oscillons
Å la manière d’un métronome fou
Notre Vérité intime
La coïncidence que nous
Pouvons avoir
Avec Nous-Mêmes
ce n’est nullement
le mouvement de balancier
cette sorte de course
de Charybde en Scylla
c’est bien plutôt
ce Point Fixe
cette Immobilité
qui cernent notre être
en délimitent
la Subtile Forme
en disent
l’imprescriptible Nature
Telle l’aiguille de la Boussole
Qui a trouvé son Nord Magnétique
Nous sommes en quête de cette
Immuable direction
Laquelle, nous extrayant
De nos habituelles incertitudes
Nous confère la sagesse
du Sédentaire
Opposée à l’agitation
du Nomade
L’Homme Bleu est sans repère
Il est l’éternel Fuyant
Quittant ce lieu
Pour un autre
Comme si l’Espace
Était le danger même
Le Mirage au gré duquel
L’Homme, jamais, ne parviendrait
A trouver ni son centre
Ni sa périphérie
Une manière de
danse de saint Guy
Une chorégraphie
Tout autour de Soi
Une rotation de Derviche
Immolée à son propre geste
Sans origine ni fin,
Immolée dans le mouvement même
Qui prétendait le rendre libre
Et ne fait que l’aliéner
L’inclure au sein
de sa propre geôle
Le Simple toujours
Il nous faut le chercher
certes en un ailleurs
dans la majesté unique
de l’Arbre
Dans l’inouï rayonnement
Du Soleil
Cet œil unique qui nous regarde
Il est le centre même
de notre propre rayonnement
mais le Simple
il faut le chercher
en Soi, dans le pli le plus
intime de notre chair
C’est là dans le plein du mystère
Que le Simple prend sens
Qu’il nous assemble
En un lieu sûr
A l’abri du Monde
A l’abri des regards inquisiteurs,
à l’abri des maléfices de tous ordres
Le Simple il faut l’aller chercher
Dans les plis uniques
De la Merveilleuse Nature
Humer, par exemple
La fragrance serrée
Du Bouton de Rose
Ce recueil en soi
De tout ce qui se dit
Selon l’esquisse de la pureté
Le Bouton est supérieur
Aux pétales épanouis
Il est le concentré
Le point ultime
Où se rassemble
L’essence d’une chose
En son coefficient
D’irréductibilité
En ceci le
Bouton de Rose
Est semblable
A la modestie
De la Graine
Selon le processus
de réduction
De condensation
La Graine est
le point ultime
Celui que jamais l’on
ne peut outrepasser
En-deçà est le pur mystère
Le pur mystère
De la Venue au Monde
Des Choses
C’est un peu comme la
déroutante simplicité
d’une Goutte de pluie
Elle est la libre
condensation
Du nuage
Elle est la parfaite
quintessence
du Ciel
Elle est Tout Esprit
Venu dans la transparente matière
Elle est matière sans matière
Elle est elle et elle seule
Mais le Monde en son entier
S’y peut refléter
Miracle du Vivant
Lorsqu’il se fait Menu
Inapparent tel le sentiment
A contre-jour de la clarté
La magnifique Goutte de Pluie
Que le Sillon d’Argile
Appelle telle sa complétude
Le Sillon est beau qui vit en Soi
Au creux intime de Soi
Le sillon est unique
Qui glisse parmi
La souple ondulation
De ses Frères
Le Sillon
est creuset
De la Vie
En lui fermentent
Les Trésors dont l’Homme
Parfois, n’aperçoit guère
L’insondable secret
L’Homme n’est
que par
Le Sillon
La Graine
La Goutte
Il a été parlé de l’Arbre
Ce Roi qui essaime sa puissance
Sur tous les orients de la Terre
Mais rien encore n’a été dit
De l’Écorce qui le vêt
Qui est sa parure
Souple et lisse
Ou bien rugueuse
Ocellée ou
bien flexueuse
Parcourue
De l’incessant trajet
Du Peuple des Insectes
Sa croûte lézardée
Ses profonds sillons
Ses barres rocheuses
Ses vertigineux ravins
Ses lignes de faille
Ses diaclases
Tout ceci se donne
Comme un Microcosme
De la Terre
Une sublime
correspondance
Une osmose
Rien jamais
Ne se peut séparer
L’Arbre est l’Arbre
Parce que la Terre
La Terre est Terre
Parce que le Sillon
Le Sillon est Sillon
Parce que la Graine
La Graine est Graine
Parce que la Vie
El les merveilleux Insectes
Et la mince tige
De la Fourmi
Cette brindille noire
Si laborieuse
Cette discrétion
De la terre
Ces colonnes si entêtées
Cet acharnement
A être Soi
Å seulement
Thésauriser
Afin que Vivre
Ne soit nul hasard
Qu’une logique s’installe
Depuis la cueillette
Jusqu’à la manducation
Depuis la manducation
Jusqu’à la Mort
Le dernier acte
teinté de suie
Paradoxe terrible
des ressemblances
Meurtre sans fin
des analogies
Le Simple des choses,
oui
Le Simple des Mots,
oui encore
Ces Mots qui nous
Font Homme
parmi les Hommes
Alliance
Fenaison
Ouate
Lumière
Dune
Diaphane
Diatomée
Diamant
Grande beauté du DIA
« ce qui Traverse »
préfixe de l’Exister
en sa fluence
le DIA est la marge d’Espoir
le DIA est combat
contre la dure factualité
un mot encore
dans la plénitude de son Être
Métaphysique
Avec son esthétique
Graphie grecque
μετά
L’Après
L’au-delà de
Préfixe de l’Imaginaire
S’il en est
Préfixe de la Liberté
S’il en est
Alors comment représenter
Ce qui n’a nul contour
Nul contenu
Sauf celui de nos Songes ?
Et le songe souvent
Si embrouillé
Si confus
Comment lui donner
Une assise simple
Un Lit flotte en l’air
Un Nuage flotte
au-dessus du Lit
Le Rêveur
est absent
Le Songe est
absence de Soi
Faire du Songe
Une simple
racine blanche
dépouillée
Qui s’enfonce dans
notre propre humus
Homme = Humus
Retour différé à la Terre
Racine qui court
Dans le silence
De la glaise
Sans doute la métaphore
du Simple
En sa plus haute venue
Le Simple est
Dépouillement
Dénuement, solitude
Retour à Soi
En son ultime contrée
Avant il n’y a Rien
Après il n’y a Rien
Le Simple est
Notre seul Viatique
Tout ajout
N’est que fioriture
Toute addition
Que perversion
De notre Essence
Et, au titre du Simple
En son ultime effectuation
Nous allions oublier
Dans notre hâte
De citer le
Merveilleux
GALET
l’Ovale en sa perfection,
La Couleur
En sa douce griserie
Le Toucher
En sa guise de soie
Le Galet
Est un
Monde-en-Soi
Sans nulle césure
Qui viendrait en
Atténuer l’Essence
Le Simple
En tant que
Le Simple
Toujours
Le Simple
Revient
Au Simple