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13 décembre 2017 3 13 /12 /décembre /2017 09:47
Endeuillement de soi

      « Rien n'est plus beau que notre propre agonie »

 

                         Œuvre : Dongni Hou.

 

***

 

 

 

On dit soi

On dit l’être

On dit l’être n’est pas

On dit le soi n’est pas

On dit le soi n’est pas sans l’être

On dit l’être n’est pas sans le soi

On dit tout ceci dans le Rien

On dit tout ceci et l’on est

Dans l’intervalle

Du jour

Dans le couloir

De la Nuit

Dans la dérive

Du Temps

On dit

Puis l’on se tait

 

***

 

Noire est la nuit

Sombre le rêve

Qui dérivent au-delà du corps

On en sent l’ineffable présence

La fuite à jamais

L’écume de suie

Qui colle à la peau

Cerne l’esprit

Englue l’âme

Le silence est là

Et la langue est crucifiée

La parole

Sise en son antre

La chair clouée

A son étroit destin

 

***

 

Comment sortir

De Soi

S’emplir d’être

Goûter l’ouverture du jour

Rencontrer l’Autre

On ne sait même pas s’il existe

Si sa silhouette n’est pure illusion

Si le Néant n’en est le contour

Le Silence la retenue de son dire

Cousu à jamais

Dans la toile froissée

Du corps

 

***

 

Comment être et demeurer

Là en ce lieu de visions subalternes

De discours mondains

D’irrémédiables fuites

Le long des caniveaux de l’envie

Des moirures droites du désir

Oh le vent est mauvais

Qui glisse entre les triangles aigus

Des épaules

Fore les os jusqu’en

Leur ultime demeure

Une pliure sans avenir

 

***

 

Dans le poème de la chair

Foulé aux pieds

Dans la prose hantée

De bien étranges compromissions

Dans la lame damoclétienne

Qui déjà entaille

Les grises scissures

De la pensée

Nous le sentons l’acide

Nous le soupesons le trébuchet

Qui décidera de nous

Etre soi

Ne pas être

 

***

 

Sur la peau entaillée de noir

Sur le cercle d’argent des cheveux

Sur l’épaule qu’avive une clarté d’étain

Sur l’anguleux visage que visite

La froide lucidité

Voici que se dit la Vérité

En sa chute la plus tragique

Trois mots résonnent

Dans le livide

Et l’inaccompli

Nos mains sont vides

Notre cœur glacé

Trois mots pareils

A des coups de gong

Dans le silence

D’une forêt pluviale

Trois mots

Qui disent et ne disent pas

Trois mots

Qui parlent

Et demeurent

En retrait

 

Négritude

Finitude

Solitude

 

***

 

Ils sont l’hymne

De la Vie

La résonance

De la Mort

Seule certitude

D’une profération

Verticale

O combien

Verticale

 

***

 

Ils sont le refrain

Logé au sein même

De l’acte d’amour

Cette lame plongée

Au plein du réel

Cette douleur

Ce cri par lequel

L’Homme

La Femme

Se disent

En leur cruelle

Absence

 

***

 

L’Être est là qui clignote

Le Soi est là qui demande

Sur les plaines que la Lune glace

L’Immobile s’est levé

Qui

Jamais

Ne s’arrêtera

Là est son refuge

Là est sa raison

D’être Soi

Et de nullement

Etre

Ainsi vit l’Enigme

De son propre souffle

Le vent est tombé

Qui balaie la plaine

Pour toujours

Oui

Pour

Toujours

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