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17 décembre 2017 7 17 /12 /décembre /2017 10:51
Au plein de la stupeur

 

STUPORE

Œuvre : Livia Alessandrini

 

 

***

 

 

Ils sont là les Masques Antiques

 

Ceux  dont la Présence irradie

Qui viennent à nous

Dans la plus haute surrection

Ils nous disent la gloire d’être

La tâche sublime du Héros

L’agora où souffle

La puissance de l’Être

Le Temple où habite le Dieu

La Parole du Poème

En sa Vérité première

 

*

 

Ils sont là les Masques Antiques

 

Ils viennent à nous

Ils nous interrogent

Du fond de leur destin

Ils veulent nous forcer à connaître

Ce qu’exister veut dire

Sous la lame vibrante du Ciel

Sur la Terre que le feu des Enfers

Ronge de son implacable acide

 

*

Ils veulent de nos yeux

Déciller la coupable courbure

Ils veulent forer profond

Dans le tissu vacant de l’âme

Faire surgir la force

De faire face

De se dresser

Dans sa condition d’Homme

 

*

Mais regardez donc au centre

Dans la convergence haute du sens

Regardez ce Masque sidéré

Yeux grand ouverts

Sur le vide originel

Il demeure SEUL

 Parmi la multitude

Dont la stupeur différée

Ne l’ait encore plongé

Dans un étrange sommeil

 

*

Demeure là en pleine ouverture

Sous le regard d’airain de Zeus

Le provoque-t-il

Le craint-il

Est-il l’UNIQUE qui ose

Toiser l’Olympe

En attirer les foudres

En allumer l’Eclair

En subir le mortel assaut

 

*

On ne regarde nullement un Dieu

Comme un simple Mortel

Une diversion parmi

Les confluences mondaines

On le regarde et on s’expose

Au sort tragique d’Œdipe

Celui à qui le Prophète

Dit le réel en sa cruauté

« Tu es le meurtrier

Que tu recherches »

Et alors on enfonce

Au profond  de ses yeux

Les épingles d’or

De Jocaste l’Aimée

En son innocence pure

 

*

On tâche de s’absoudre

Du parricide

De l’incestueux

Tout ceci qu’on n’a

Nullement voulu

Que seul le Destin a fomenté

A l’encontre avec la même minutie

Que mettait Pénélope

À tisser et détisser les fils invisibles

Qui la privaient d’Ulysse

 

*

Et on erre longuement

Sur des chemins sans autre issue

Que la Mort

On a franchi les portes du possible

On est en déshérence de soi

En perte que seul un sacrifice

Pourra laver

D’une conduite certes involontaire

Mais offense aux Dieux

Qui veillent à l’étrange parcours

De l’Homme

A ses sauts de Charybde en Scylla

 

*

Ils sont là les Masques Antiques

 

Ceux qui signent l’Absence

Disent la mortelle amplitude

Le silence enclos dans les lèvres de pierre

Le rictus aboli dans sa gangue d’argile

En son naufrage de carton éteint

 

*

Mais voyez tout autour

Pareil à un maelstrom

Ces Faces défigurées

Ces visages de cendre

Ils viennent de l’Enfer de Dante

Les Cercles se referment

Sur les Semeurs de scandales

Et ceux qui ourdissent des schismes

Sur les inglorieux et ceux qui outrepassent

Les imprescriptibles lois humaines

Sur tous ceux qui sortent de l’Ordre

Du Cosmos bien agencé

 

*

Leurs yeux sont clos

Leurs bouches muettes

Leurs corps dispersés

Au vent cruel

Qui souffle depuis l’Achéron

Où Charron le Nocher

Fils des Ténèbres et de Nuit

Sur sa barque funéraire transporte

Les âmes des défunts

À l’ultime séjour

Là où être n’est plus

Qu’une brume illisible

Dans le Temps qui agonise

 

*

Du masque ouvert

Aux masques fermés

Se joue toute l’amplitude

De la tragédie

Naissance en attente de la Mort

Mort qui réclame son dû

Jamais nous ne naissons

Gratuitement

L’obole est toujours à verser

Qui attend dans l’Ombre

Dans l’Ombre

Qui éteint la Lumière

Vive étincelle

Promise à sa fin

Plus rien que cela

A l’aube des temps

Que cela

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