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11 décembre 2017 1 11 /12 /décembre /2017 09:56

 

***

 

 

Ce matin j’ai ouvert la porte du Temps

Celle qui donne accès au corridor

de l’Être

 

***

 

Il y avait une faible lumière

Une lueur cendrée

Une broderie d’or

Un point tout là-bas à la limite de l’être

Des ombres aussi

Des clés pour de bien étranges serrures

Des notes dans le lointain du jour

Des couleurs d’absence

Des absinthes dans des verres verts

Des fleurs d’opium sécrétant leur doux venin

Des effleurements

Des caresses

L’envol d’un oiseau dans le ciel de jade

Des violons d’acajou

Une blanche colombe

Des rumeurs posées sur les choses

Une main gantée de pluie

Un sourire dans des boucles châtain

Un pommier dressé sur une verte prairie

Des airs d’accordéon

Un tabouret à trois pieds

La Lune

Les odeurs fruitées de fleurs pourpres

 

***

 

Ce matin j’ai ouvert la porte du Temps

Celle qui donne accès au corridor

de l’Être

 

***

 

Le boyau du futur

N’était nullement visible

Ne débouchait sur rien

Etait celé sur son mystère

Dissimulé dans l’encoignure

Illisible du Monde

*

Cela chantait cependant

Cela venait à la pensée depuis

Le cristal étincelant du songe

Je me voyais en Cavalier Bleu

A la fière monture

En Hussard casqué botté

Dolman noir à brandebourgs

Pelisse rouge

Shako à plume de casoar

*

Ce casoar de mon enfance

Cette vignette du souvenir

Cette image d’Epinal

Que venait-elle faire

Dans le loin qui encore

N’apparaissait pas

S’annonçait seulement

Comme possible

*

Peut-être n’en verrais-je jamais

Que la tremblante silhouette

Sur le drap blanc du cinéma

 Des années dissoutes

Avec ses mouches noires

Ses zébrures

Ses sauts ses bondissements

Et ce Hussard

Ce soldat de plomb qui meublait

Mes aventures guerrières

Que faisait-il dans cette heure

Qui sans doute

N’aurait jamais lieu

 

***

 

Ce matin j’ai ouvert la porte du Temps

Celle qui donne accès au corridor

de l’Être

 

***

 

Existe-il une porte

Qui fait communiquer

Le temps aboli

 Le temps en germe

Le temps encore non venu à soi

Et Soi dans l’ici indicible

Dans le maintenant

D’illisible présence

*

Et le Présent où était-il

Sinon dans la Présence fuyante

Inaccessible

On tend ses mains vers lui

Et l’on se retrouve dans la nasse d’oubli

Avec les lianes d’eau qui s’invaginent

Jusqu’au point incandescent

De l’Être

 

***

 

Ce matin j’ai ouvert la porte du Temps

Celle qui donne accès au corridor

de l’Être

 

***

 

Et voici ce qui s’y trouvait

Rien d’autre que l’Immobile

Que le Muet dans sa pliure absolue

La Mémoire s’était solidifiée

Le Passé ne proférait plus

Que des paroles de plomb

La Voix pourtant était audible

Mais dans l’affliction

Venue d’on ne sait quelle crypte

Le Ciel était d’émeraude sombre

Couché au-dessus de collines usées

La vue était antiquaire

Étrangement absentée

D’une valeur de paysage

*

Est-ce cela le souffle glacé

D’Outre-Tombe

Ces alignements à l’infini

Ces glaives de pierre

Ce rythme anonyme des arcades

Et ces piliers qui hurlent le blanc

Jusqu’à  pousser au meurtre

De toute couleur

*

Le Vide serait alors ceci

Des falaises d’onyx

Dans leur noire splendeur

Elles courent au loin

Se jeter dans l’abîme

*

Une Déesse est couchée

Dans ses plis de marbre

Elle médite le Temps

En son irrésistible fuite

*

Le sol est de latérite brûlée

Les ombres de fumée dense

Une haute cheminée de brique

Toise l’Absolu

De son dard indécent

*

Deux silhouettes d’hommes

Sont-ils des hommes

Sont-ils vivants

Deux silhouettes témoignent

Des gestes de ce qui fut

Qui n’est plus

Dans l’heure poncée

Jusqu’à l’os

*

Une locomotive noire

Fume à l’horizon

Traverse immobile

L’épaisseur verticale de l’air

*

Il est temps d’affronter

Cet Inconnu qui nous habite

Depuis notre naissance

Là juste derrière l’ombilic

Cette graine originaire

Qui contient dans le germe

De sa modestie

Le Seul Temps

Que nous n’ayons jamais

À connaître

Celui d’un retour à Soi

Dans la plénitude perdue

Mais qui attend

Et ne veut rien dire de soi

Alors que le Temps

N’est encore venu

Qui interroge

Du fond

De son

Énigme

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