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20 décembre 2017 3 20 /12 /décembre /2017 14:55
Tout est brume qui vient à nous

                 Photographie : Blanc-Seing

 

***

 

 

Tout est brume qui vient à nous

 

Si illisibles sont les contrées

D’où nous venons

Elles nous parlent

De si étrange manière

Elles nous hèlent depuis

Le fond douloureux du temps

Elles clignotent et s’effacent

Pareilles aux éphémères

Dans la brume solaire

Parfois une voix se laisse saisir

Qui vacille dans les lointains

Une voix amie

Nous y attachons une image

Nous y fixons un souvenir

Nous y cherchons

Une signification

Le pli d’une diction

Disant le rare et l’advenu

 

*

 

Ce qui un jour dressa notre effigie

En pleine lumière

Y inscrivit le chiffre de la joie

Mais qui donc était là

Dans sa simplicité

Qui nous faisait l’offrande

De sa présence

Aujourd’hui la brume

Est dense

Qui voile la mémoire

Eparpille aux mille vents

La feuillaison de ce qui fut

Pourtant nul évanouissement

N’a eu lieu

C’est là encore

Posé au centre du corps

C’est plus qu’une étincelle

Braise vive qui brasille

Et nous met au supplice

Nous incline sans délai

À percer la source

De cet étrange remuement

La source vive

À défaut de laquelle

Nous ne serons jamais

Qu’un exilé

Un chemineau

Fouetté de vent

Un voyageur

Sans boussole

 

***

 

Tout est brume qui vient à nous

 

Parfois nous nous retournons

Nous fixons ce qui a été

Avec l’aiguille acérée

De la lucidité

Oui il y a bien

Une faible lueur

Là-bas

Au bout d’un long tunnel

Sombre

Oui une germination de clarté

Un bourgeon déjà éclos

Un bourgeon déjà fermé

Car tout s’esquisse à même

L’œuvre achevée

Car tout se donne

À la façon d’un fusain

Qu’estompe le geste du destin

Cette fulguration qui nous étreint

Plante sa dague au plein de l’esprit

Nous en mourons de ne rien connaître

L’arche de l’exister est si vaste

Nous n’en percevons que

L’immense cercle azuré

Le rapide arc-en-ciel

Tout est dissous

En si peu

Tout

 

***

 

Tout est brume qui vient à nous

 

Les mains vides

S’esseulent

Les yeux infertiles

S’épuisent

En vaines larmes

A quoi bon questionner

Ce qui jamais ne répondra

Le ciel est vide

De signes

Sauf ces congères

De freux noirs

Qui dérivent  dans la banquise

De l’air

On n’en voit que la perdition d’ébène

Dans le pli du rien

Qui trace ses cercles d’ennui

 

*

 

Deux arbres sont là

Plantés dans le ressentiment

Du jour

Deux formes qui nous disent

Le lieu de l’impossible rencontre

Les troncs sont séparés

Qui se divisent

Dans le creux immémorial

De l’espace

Au loin des oiseaux chantent

Mais leurs cris demeurent

Un mystère

Mais leur mystère

Est une vive inquiétude

Pourquoi n’apercevons-nous

Jamais ce à quoi nous rêvons

Ce que nous désirons

Qui rougeoie devant

Le continent dévasté

De notre visage

Pourquoi

La brume

Qui vient à nous

Est si dense

Si drue

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