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20 février 2018 2 20 /02 /février /2018 09:47
Abyssalement destinée

               "Luciférine"

       ou une lueur des abysses

        Œuvre : André Maynet

 

 

***

 

Qui est-Elle Elle

 Cette tresse grise

Dans sa chrysalide figée

Qui est-Elle

Nous questionnons

À savoir

Son nom

À percer

Son mystère

À ne demeurer dans l’inquiétude

Qui cercle ses anneaux

Autour de notre angoisse

 

*

 

Car voyez-vous ne rien connaître

D’Une qui se fait lumière

Et alors nous tombons

Dans le sombre

Et alors nous sommes

 Un simple pli

De l’abîme

Un délaissement dressant

Son ulcérante flèche

Depuis le Rien

Où tout végète

 

*

 

Nul ne pourrait demeurer

Cloué à la falaise

Où seraient inscrits

À la cimaise du jour

Ces simples mots

ELLE

UNE

Mais sont-ils seulement

Des mots

A savoir un sens

Qui s’emparerait de nous

Et nous ferait avancer

 Sur le chemin

De notre contrée

 

*

 

Non

Seraient seulement

Une émanation du Néant

La fermeture de l’être

La vie en sa cruelle dépossession

Sans ceci

Sans Elle qui se dirait

Avec la certitude du réel

Chemin de croix

Crucifixion

Mains clouées

Larmes de sang

Couronne d’épines

Hanche percée

Femme éplorée

Marie de Magdala

En émoi

Et nous devenu

Figure christique

Disant

« Noli me tangere »

 

*

 

Et pourtant combien

Touché de cet intouché

Combien éloigné

De cet écart

Combien

Dépossédé

De cette impossession

Marie de Magdala

Est-ce toi qui figure ici

Epiphanie de l’imploration

Toi délivrée des Sept Démons

Toi la Prostituée anonyme

La Pécheresse qui dicte

Aux autres Pécheresses

La voie étroite de la damnation

Sauf à être reconnue en le Christ

Attentif

 

*

 

Nous sauverons-nous du naufrage

Marie de Magdala

Car maintenant tu nous appartiens

En cette seule esquisse

De la Pècheresse réconciliée

Avec le fils de son Dieu

Avec Dieu

 

*

 

Te voyant

Te nommant

Nous ne sommes plus livrés

Au feu de la consumation ordinaire

Cette plaie de l’âme

Qui fait ses bourgeonnantes entailles

Dans la livrée humaine

Peut-être irons-nous en enfer

De conserve Marie-la-Luciférienne

Avec toi nous serons Belzébuth

Ou bien Méphisto

Ou bien Ham Shatan

Les flammes lècheront

La corne de nos talons

Nos perruques sentiront le roussi

Notre chair la provende

Des affamés

Et des licencieux

Car il y a péché Marie le sais-tu

À offenser la chair de la femme

À déchirer aussi la venaison animale

Pour en faire son profit

 

*

 

Toute manducation de ce qui est

À notre image

Est pareille à une autophagie

Comment pourrions-nous consentir

À cette posture sauvage

Autrement qu’au sacrifice

De notre esprit

 

*

 

Marie

Madeleine

Nous séparons ton nom

 Nous réalisons ton écartèlement

Nous te dédoublons

Afin que tes fautes présumées

Soient moins lourdes

Présumées car les hommes

Le plus souvent

Sont des falsificateurs

 

*

 

Nous ne savions nullement

La vertu de ton corps

Cette mince silhouette

Cette si belle posture hiératique

Est-ce ta croix que tu portes

A la façon d’un scapulaire

Cette feuille en sa virginale présence

Ces fils qui ligaturent ta belle anatomie

Seraient-ce les flagelles des Mal-Disant

Qui te veulent confondre

Dans la lueur des abysses

 

*

 

Est-ce ceci l’endurance

De ton double nom

Marie

Madeleine

Le Bien d’un côté

Le Mal de l’autre

Marie, Mère des Larmes la Repentante

Madeleine Fille du Péché, la Fautive

« Point de milieu :

La débauche ou le repentir »

Tel est le lot commun

De qui chemine sur Terre

Oui sur Terre

 

*

 

Toujours nous sommes êtres des abysses

Jusqu’à l’instant où étant nommés

Nous échappons aux flammes

Là nous répudions l’étrange Lucifer

Car nous sommes reconnus

Ce que nous avons à être

Des Uniques qui créons notre monde

Nulle autre parole de réconfort

Hors ceci

Nulle autre

 

*

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