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19 février 2018 1 19 /02 /février /2018 09:49
Funambule en sa cage

"PADO 7", en bronze, cm 28,5 x59x46

Lugano - Pietrasanta 2011

Œuvre : Marcel Dupertuis

 

***

 

Sais-tu cette pliure

Dans la luminescence du jour

Sais-tu la complexité des choses

Leur chemin bordé d’entailles

Leur gloire d’être

Qui parfois s’enlace

Use le temps

Le distille selon le rythme

Du Non-Sens

Oui, Majuscule

Car tout Nihilisme

Cette levée du Rien

S’adoube au Néant

Epouse les sinueux contours

De la déréliction

 

*

Vois-tu l’on croit tenir

Dans les serres

De ses mains

Un inusable bonheur

Le soleil en son éclat

La Lune en sa laitance

Et ne demeurent

Dans la grille confuse

Des doigts

Que ce sable usé

Ces grains de mica

Qui disent le Temps

En son irrémédiable passée

 

*

 

Alors comment devenir

Autrement qu’à la mesure

D’un destinal espoir

Qui ne promet rien

Se livre au Hasard

S’élance en avant

Avec la foi des innocents

La sincérité naïve des amants

La fougue native des enfants

 

*

 

Me croiras-tu

J’ai rencontré une sculpture

J’ai vu la pliure d’un bronze

Emu jusqu’aux larmes

Il s’agissait de MOI

Oui pardonne ce haussement de l’EGO

Mais il ne pouvait en être autrement

As-tu déjà fait l’expérience

De ta propre rencontre

Je veux dire du TOI

TE regardant

Comme si posé à l’angle

De tes yeux demeurait

Cette insaisissable image

Cette esquisse approchée

Toujours fuyante

Jamais l’on ne s’appartient

A l’Autre peut-être

En son indicible présence

 

*

Mais se voir n’est jamais un luxe

Pure comète traçant

Son sillage de feu

Dans l’espace attentif

Se voir est conflit

Se voir est polémique

Quoi de plus insoutenable

Que d’avoir affaire

Au Non-Distant

Au rassemblé

En un même lieu

À Celui qui jamais

Ne t’apprendra

Ne t’aimera

Ne s’affligera de ta peine

Puisque LUI et TOI

Dans le même creuset réunis

Êtes les visages sans visages

D’une épiphanie sans lieu

Nul ne peut différer de soi

Qu’au prix exorbitant

De la FOLIE

 

*

 

Que je te dise la feuillée troublante

De mon exister sur Terre

Imagine donc la touffeur

D’une mangrove

Son air de catacombes

Un emmêlement de racines

Une confluence de ramures

Des tapis de rhizomes

La sombre luxuriance

D’un clair-obscur

A contre-jour duquel

Rien ne ferait parole

Qu’un confondant silence

 

*

 

 Sais-tu la plissure de l’âme

Le tourneboulis de l’esprit

La geôle complexe du corps

Lorsque tout se donne

Dans la confusion

Tu avances

Sur le chemin de vie

Mains en avant

Pareil au funambule

Tu évites pièges

Et chausse-trappes

Tu tâches de tenir

L’équilibre

Tes poignes de fil-de-fériste

Serrent le vide

La perche tremble et hennit

Tes pieds se cabrent

Tu as peur que le câble

Ne s’enroule

Ne te métamorphose

 En momie

Qu’une résille de bronze

Ne t’enlace

Avant même

Que ne te soit donné

Le baiser muriatique

De la Mort

Mais qui es-tu donc

Toi-Le-Mortel

Le destiné à t’absenter

Pour ainsi regimber

De quel droit

Mais de quel droit

T’exonèrerais-tu

De la broussaille

De l’emmêlement des fils

De la cage de fer

Qui t’embastillera

Qui es-tu pour affirmer

Pareille arrogance

La messe sera bien vite dite

Qui passera autour

De ton cou de rapace

Le scapulaire de la

Dernière strangulation

Oui de la dernière

 Et baisse donc les yeux

S’il te plaît

Engeance

Oui engeance et retourne

À tes jeux puérils

Tu n’es qu’une mince corde

d’ADN

Qui se prend pour Dieu

Non mais

 

 

 

 

 

 

 

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