"PADO 7", en bronze, cm 28,5 x59x46
Lugano - Pietrasanta 2011
Œuvre : Marcel Dupertuis
***
Sais-tu cette pliure
Dans la luminescence du jour
Sais-tu la complexité des choses
Leur chemin bordé d’entailles
Leur gloire d’être
Qui parfois s’enlace
Use le temps
Le distille selon le rythme
Du Non-Sens
Oui, Majuscule
Car tout Nihilisme
Cette levée du Rien
S’adoube au Néant
Epouse les sinueux contours
De la déréliction
*
Vois-tu l’on croit tenir
Dans les serres
De ses mains
Un inusable bonheur
Le soleil en son éclat
La Lune en sa laitance
Et ne demeurent
Dans la grille confuse
Des doigts
Que ce sable usé
Ces grains de mica
Qui disent le Temps
En son irrémédiable passée
*
Alors comment devenir
Autrement qu’à la mesure
D’un destinal espoir
Qui ne promet rien
Se livre au Hasard
S’élance en avant
Avec la foi des innocents
La sincérité naïve des amants
La fougue native des enfants
*
Me croiras-tu
J’ai rencontré une sculpture
J’ai vu la pliure d’un bronze
Emu jusqu’aux larmes
Il s’agissait de MOI
Oui pardonne ce haussement de l’EGO
Mais il ne pouvait en être autrement
As-tu déjà fait l’expérience
De ta propre rencontre
Je veux dire du TOI
TE regardant
Comme si posé à l’angle
De tes yeux demeurait
Cette insaisissable image
Cette esquisse approchée
Toujours fuyante
Jamais l’on ne s’appartient
A l’Autre peut-être
En son indicible présence
*
Mais se voir n’est jamais un luxe
Pure comète traçant
Son sillage de feu
Dans l’espace attentif
Se voir est conflit
Se voir est polémique
Quoi de plus insoutenable
Que d’avoir affaire
Au Non-Distant
Au rassemblé
En un même lieu
À Celui qui jamais
Ne t’apprendra
Ne t’aimera
Ne s’affligera de ta peine
Puisque LUI et TOI
Dans le même creuset réunis
Êtes les visages sans visages
D’une épiphanie sans lieu
Nul ne peut différer de soi
Qu’au prix exorbitant
De la FOLIE
*
Que je te dise la feuillée troublante
De mon exister sur Terre
Imagine donc la touffeur
D’une mangrove
Son air de catacombes
Un emmêlement de racines
Une confluence de ramures
Des tapis de rhizomes
La sombre luxuriance
D’un clair-obscur
A contre-jour duquel
Rien ne ferait parole
Qu’un confondant silence
*
Sais-tu la plissure de l’âme
Le tourneboulis de l’esprit
La geôle complexe du corps
Lorsque tout se donne
Dans la confusion
Tu avances
Sur le chemin de vie
Mains en avant
Pareil au funambule
Tu évites pièges
Et chausse-trappes
Tu tâches de tenir
L’équilibre
Tes poignes de fil-de-fériste
Serrent le vide
La perche tremble et hennit
Tes pieds se cabrent
Tu as peur que le câble
Ne s’enroule
Ne te métamorphose
En momie
Qu’une résille de bronze
Ne t’enlace
Avant même
Que ne te soit donné
Le baiser muriatique
De la Mort
Mais qui es-tu donc
Toi-Le-Mortel
Le destiné à t’absenter
Pour ainsi regimber
De quel droit
Mais de quel droit
T’exonèrerais-tu
De la broussaille
De l’emmêlement des fils
De la cage de fer
Qui t’embastillera
Qui es-tu pour affirmer
Pareille arrogance
La messe sera bien vite dite
Qui passera autour
De ton cou de rapace
Le scapulaire de la
Dernière strangulation
Oui de la dernière
Et baisse donc les yeux
S’il te plaît
Engeance
Oui engeance et retourne
À tes jeux puérils
Tu n’es qu’une mince corde
d’ADN
Qui se prend pour Dieu
Non mais