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30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 10:05
Materia prima

 

Photographie : Blanc-Seing

 

***

 

« Et le secret absolu de la pensée est sans doute ce désir jamais oublié

de se replonger dans la plus extatique fusion avec la matière,

dans le concret tellement concret qu’il en devient abstrait. »

 

J.M.G. Le Clézio - « L’extase matérielle »

 

*

 

   La photographie placée à l’incipit de cet article nous plonge au cœur même de la réflexion relative à la matière, à ses rapports avec l’esprit. D’une manière évidente, ce tronc est matière à l’écorce rugueuse, ce lierre est matière aux feuilles lisses, nous sommes nous-même matière qui regardons le réel dans sa texture concrète, hautement préhensible, le plus souvent destinée à un usage particulier, dimension utilitaire des choses avec lesquelles nous avons un destin commun. Nous, hommes de chair de fragile constitution, cependant nous avons pouvoir sur cette matière, nous la façonnons à notre guise, la métamorphosons. La bille de chêne devient madrier, puis meuble à usage domestique, peut-être fauteuil sur lequel nous trouverons repos sans savoir même l’arbre qui s’y est trouvé à l’origine comme l’être à nous adressé dans une générosité naturelle, magnifique geste de donation d’une forme sourde, inconsciente, à une autre forme, ouverte elle, consciente, mais le plus souvent oublieuse des événements, des enchaînements de causes et de conséquences qui se perdent dans le bruit général et souvent confus du monde.

   La matière, en sa foncière concrétude, nous est si habituellement coalescente que nous finissons par n’avoir plus guère d’égard quant à son existence. Nous longeons les replis de terre, l’eau brillante du lac, le doux moutonnement des forêts, sans même nous apercevoir que, sans leur présence, nous ne serions plus hommes, puisque notre condition d’existants, non seulement nous met en relation, mais nous fait dépendre d’eux, ces éléments du réel qui devraient nous interroger bien plus fort qu’ils ne le font. Sans doute leur essence les verse-t-elle à une modestie, à un silence, à un retrait, à une constante dissimulation.

   Bien sûr, parfois, nous entendons un cri, celui par exemple d’un arbre qu’on abat, qui se couche au milieu de ses congénères dans un fatras de branches, une pluie de feuilles, un spasme des racines, elles sont blanches et nous disent leur douleur d’être tirées sans ménagement du lourd sommeil qui était le leur, longue patience afin que l’être-arbre en son entier puisse se déployer, lancer ses ramures dans l’espace, abriter le Passant, accueillir l’oiseau, recevoir la source bienfaisante de l’eau de pluie, canaliser les ruisseaux de vent qui se perdent au loin, dans la confusion du jour, parmi les grains dilatés de la lumière.

   La terre porte les semences, l’eau nous abreuve, nous nous chauffons aux flammes des bûches. Tout ceci est si évident que cela existe de la même façon que nous respirons, sans effort, sans processus d’une force à mettre en œuvre, sans quelque énergie à déployer, sans une quelconque prière adressée aux dieux dont nous attendrions qu’ils accèdent à nos vœux les plus chers : vivre dans le bonheur et l’insouciance et trouver un naturel Paradis mis à notre disposition de toute éternité.

   Qui dit Matière, dit en même temps Nature, et c’est bien elle, la Prodigieuse, qui nous appelle et demande notre plus attentive disposition. Quand nous la négligeons, elle se rappelle à nous sur le mode du déchaînement, de la tornade, de l’abîme parfois et, alors, nous faisons amende honorable et prenons la ferme résolution de la servir, de la choyer, sans doute pour des raisons intimement personnelles, des motifs brodés d’égoïsme. Mais peu importe la motivation et, ici, au moins provisoirement, nous pouvons faire l’économie d’une morale immédiate, nous passer d’une absolution, éviter une pénitence, cependant nous ne pouvons nullement ignorer l’éthique, cette façon d’habiter la Terre en toute conscience, en raison, en sensibilité aussi puisque notre tonalité fondamentale, la climatique de nos humeurs déterminent nos conduites et guident nos actes.

   Certes la matière est utile, certes la matière nous puisons en elle les ressources dont nous avons besoin pour assurer notre subsistance et ceci n’est nullement répréhensible, ceci doit seulement être guidé selon les motifs éclairés de notre libre arbitre : prélever à bon escient ce qu’il faut, juste ce qu’il faut pour avancer sur le chemin, ne nullement ployer sous le fardeau de nos envies qui, à y bien regarder, ne sont que caprices d’enfants ne supportant pas le spectacle de leurs mains vides.

   Mais la plénitude de la main ne doit nullement se confondre avec une satiété qui ne serait comblée qu’à l’aune d’un continuel et toujours renouvelé emplissement. Que nous ayons faim et soif est, bien évidemment, dans l’ordre des choses. Ce qui pose problème n’est pas la nature de nos besoins fondamentaux, seulement la manière dont nous y répondons, souvent quantitativement, alors que la qualité devrait être notre plus exacte perspective. Le goût d’un fruit ne saurait être lié à sa forme extérieure, au chatoiement de sa peau, bien plutôt à son caractère singulier qui en détermine la saveur, peut-être une modestie qui indique sa vérité, cette offrande qu’il nous adresse comme son geste essentiel.

   A trop considérer la matière en tant que matière, nous perdons le sens même de ceci qui y est inscrit, qui ne relève simplement d’une association complexe d’atomes, d’un enchaînement de molécules, d’entités inertes livrées au seul hasard d’un destin tracé à l’avance. C’est à nous, rien qu’à nous les hommes de donner sens à la matière et de la considérer selon les lignes ineffaçables de ses virtualités qui sont grandes si l’on sait viser correctement les signes qu’elle nous prodigue à l’envi. La matière, toute matière par définition est au service de l’Homme. Mais, par un souci de juste retour, il est nécessaire que l’Homme soit au service de la matière, qu’il ne la considère seulement comme un fonds dans lequel puiser indéfiniment les nutriments de sa félicité. Tout s’épuise qui est Matière aussi bien qu’Esprit.

   Tout s’épuise et ne saurait se renouveler puisque la flèche du temps est orientée vers l’avenir, dont nul démiurge ne détournera le trajet. Il y a une incoercible volonté de l’exister de toujours se continuer au-delà de son propre présent, de connaître cet avenir qui flamboie au-delà de la courbe des jours, sans doute plein de promesses, que notre foncière naïveté habille de la vêture de l’infini. Mais, chacun le sait, le propre de notre infini est celui d’être fini, bordé par une lisière temporelle, circonscrit dans un espace clos qui ne saurait se dilater au-delà du cercle qui, de tous temps, lui a été attribué comme sa signification ultime.

   La belle expression de Le Clézio : « se replonger dans la plus extatique fusion avec la matière » ne doit pas être considérée comme une manière de néant où plus rien ne serait visible, où plus rien ne ferait sens qu’une matière compacte, bornée, avec laquelle l’Homme finirait par se confondre, formé réifiée se confondant avec une autre forme de nature identique. Ici, il faut accentuer deux mots dont la présence est essentielle pour saisir la pensée de l’Auteur. Il s’agit de « extatique » puis de « fusion », dont il est urgent de comprendre combien ces termes engagent d’une manière essentielle la formulation totale de la phrase. « Extatique », d’abord, il faut le viser comme l’état de conscience extrêmement dilaté de Celui qui, appelé par un événement hors du commun, rencontre avec le Sublime de la Nature, de Dieu, de l’Art, de l’Histoire s’augmente soudain d’une conscience qui paraît illimitée, sentiment de fusion avec la totalité de l’univers, « sentiment océanique » selon la belle expression de Romain Rolland, déport de son être en direction d’un Être qui le transcende dans les Universaux précédemment cités, Nature, Art, etc…

   Ensuite « fusion ». Fusion, par exemple, comme dans un genre de convertisseur Bessemer qui débarrasse la grossière fonte, la transforme en un acier bien plus utilisable, bien plus pur. Action, pourrions-nous dire, sur la « materia prima », afin que d’un procédé de nature chimique, peut être alchimique, naisse un corps nouveau, essentiellement volatile, essentialisé en quelque sorte, émanation d’une substance qui, petit à petit, cède ses attaches terrestres pour en gagner de plus aériennes, de plus célestes. Ainsi, en image symbolique convoquant une étrange machine, pouvons-nous, sinon saisir le processus de la métamorphose de l’intérieur, du moins en voir le phénomène accompli, cette neuve réalité allégée de son poids, cette figure qui ne s’adresse plus directement à nos corps de chair mais sollicite notre esprit, ce nuage, cette buée qui s’exhalent de nous sans que nous puissions en toucher, de manière concrète, la subtile transition, le passage d’un état à un autre.

   Car, s’il y a bien une rupture, une césure, même un véritable hiatus installés entre le lieu sensible de notre corps et celui, intelligible, de notre esprit, si nous ne pouvons nullement les expliquer de façon logique, il ne nous est nullement interdit d’utiliser la médiation de la métaphore (le convertisseur Bessemer en l’occurrence) cette facilitation imagée qui nous fait passer immédiatement du signifiant-matière au signifié-esprit sans qu’il nous soit nécessaire, en aucune façon, d’en démonter le mécanisme, d’en justifier le fonctionnement. C’est bien plutôt une connaissance sans intermédiaire, une connaissance de l’ordre de l’intuition qui nous conduit au plein d’un mystère dont, par nature, nous n’épuiserons jamais l’être.

   Mais il nous faut revenir à la photographie et tâcher d’y trouver ce subtil passage qui, issu de la matière, se donne maintenant comme esprit. Et nous ne tirerons guère notre épingle du jeu qu’en ayant recours, une fois de plus, à la dimension symbolique dont tout réel est affecté pour la simple raison que, nous les Hommes, êtres éminemment symboliques puisque pourvus de langage, sommes invités inévitablement, de façon analogique, à reporter notre propre essence (langagière) sur ce qui vient à notre rencontre (cet arbre par exemple), cherchant en lui les motifs d’un possible langage, fût-il caché et sujet à toutes les interprétations. Car le réel, sa signification, ne nous sont pas donnés d’emblée dans le cadre d’une certitude, le réel est polyphonique et fait entendre de multiples voix selon les dispositions et les inclinations que nous déployons à son égard.

   A l’évidence, cet arbre, ce tronc, ne sont pas anonymes, muets, couchés dans une manière d’éternel silence. Cet arbre « parle » ou bien « il a été parlé » pour lui. Sur la surface libre du tronc, en caractères bien visibles, se déploie un cœur à la parfaite symétrie, contenant en son sein les deux initiales A - B. Certes nous pourrions en rester à cette constatation idéographique et passer notre chemin sans qu’une vive inquiète ne s’attache à cette inattention. Cependant, que l’on poursuive sa progression ou que l’on demeure, nous aurons été, dans l’instant, touchés au plus vif de nos sentiments, peut-être aussi de notre légitime curiosité. Pourquoi ces initiales ? Pourquoi cette inscription qui restera pour toujours, croîtra avec le développement de l’arbre, dépérira et mourra avec lui ? Nulle chose n’est gratuite dans le geste des humains, sauf à être la gesticulation incontrôlée d’un inconscient. Rien n’est gratuit et cette inscription porte en elle sa puissance de diction qui est aussi, corrélativement, puissance d’accomplissement, de signifiance.

   Sans doute, à observer cette « œuvre » (au sens de ce qui a été « œuvré »), nous nous lancerons dans une pure fiction dont, sans doute le coefficient de réel, la force de vérité, ne seront que des tentatives de compréhension, des hypothèses émises au cas où elles rencontreraient un possible ayant eu lieu pour des humains, sur cette Terre, en un temps bien déterminé. Nous pourrions dire, par exemple : Que signifient A et B, dans cet ordre énoncés, un début d’alphabet qui serait le début d’une histoire ? A, serait-il l’abréviation d’Adam, et alors nous interrogerions le site de toute origine ? B serait-il l’initiale de Béatrice, la Béatrice de Dante, A son Aimé, le Florentin auteur de « La Divine Comédie » et alors à quelle partie du poème devrions-nous référer, à l’Enfer, au Purgatoire, au Paradis ?

   Gageons, que pour les supposés Amants qui ont gravé d’une main tremblante, dans l’écorce disponible, les graphies de l’Amour, seul le Paradis pouvait s’ouvrir à eux et les combler d’une félicité, au moins provisoire, dont le témoignage sylvestre rendait compte selon une esthétique aussi simple qu’émouvante. Or, y aurait-il manifestation plus spirituelle que celle octroyée par le mythique Paradis, patrie des saints et des hommes sans péchés, des entités séraphiques et chérubiniques, tous esprits célestes, simples manifestations intangibles, corps astraux, auras, halos, nimbes qui ne disent plus rien de la Matière (à moins d’une possible réminiscence qui se manifesterait dans l’esprit), mais qui attestent seulement d’un mystérieux alpha et oméga concentrant en son incroyable amplitude le Tout de l’Univers, l’UN assemblé de toutes choses.

   Certes, nous avons convoqué l’imaginaire, bâti de toutes pièces une possible architecture, à vrai dire une Babel, cette « Tour des Miracles » grosse de mille langues donc d’une infinie pluralité de significations, l’une appelant l’autre, l’une se réverbérant en l’autre, et ainsi à l’infini du temps, l’illimité de l’espace. Que nos projections soient justes, vraisemblables, tissées de possible ou bien totalement hors sujet, peu importe ici la manière dont l’esprit a été convoqué, conduit à révéler son être. Ici n’est nullement le lieu des sciences exactes, ici est le lieu de la libre disposition du Soi vis-à-vis de ce qui le questionne et le met au défi de répondre, de trouver, à l’intérieur de ses propres limites, les matériaux d’un possible entendement.

   Tout ce qui appartint au domaine nébuleux des essences ne se donne jamais avec la même facilité que nous réserve le concret dans son infinie variété, dans son caractère de naturelle évidence, dans le confort qu’il offre à notre vision, le préhensible qu’il destine à nos mains. Ce qui est difficile dans la perception de la notion d’esprit, c’est bien sa nature fondamentalement différente de ce à quoi nous sommes quotidiennement habitués, cet environnement familier, cette table-ci, cette chaise-là, toutes présences affectées d’objectalité, soutenant l’épreuve du réel sous les effets d’une résistance, d’une tension, de quantités observables, consignables dans le grand registre de l’exister, pouvant trouver leur singulière justification à l’aune d’un étalon quelque part déposé qui joue en tant qu’accusé de réception de nos certitudes. Car l’Homme, en son angoisse native, en son esquisse trouée de constante déréliction veut une confirmation permanente de son être propre que ces choses ici et là lui procurent au titre de leur immédiate présence. Exister c’est tenir, tenir c’est être rassuré, être rassuré, la condition de l’ouverture d’une clairière dans le sombre et le ténébreux de la forêt existentielle.

   « Se replonger (…) dans le concret tellement concret qu’il en devient abstrait. » Oui, la formule est aussi saisissante qu’incompréhensible en un premier geste de la pensée. Comment le concret, comment cette masse têtue qui se dresse devant mon horizon humain, pourrait soudain, devenir abstraite, s’alléger de soi, par quel miracle, par quelle mystérieuse alchimie ? Réponse : le processus n’est nullement physique, matériel, comme si un fragment de Nature ici convoqué, sommé dans l’instant de paraître, délesté de ses habituels prédicats, pouvait obtempérer, obéir à notre volonté et alors, devant nos yeux étonnés, cet arbre-ci, se dépouillerait de son tronc, de ses racines, de ses branches et de ses feuilles pour ne plus laisser « paraître » que l’invisible de sa forme, ce esprit que nous lui supposons, dont le déficit le plus important est de ne jamais se montrer, de se dissimuler, de n’agiter devant nos yeux que des spectres que nous nommons « réalité ». Jamais l’être-d’une-chose ne fait phénomène, seulement son étant, ce qui se présente à nous sur le théâtre de l’exister.

   Alors comment ce concret devient-il abstrait ? Sans doute suffit-il, pour en comprendre les enjeux, d’avoir recours à un genre de fable. Imaginons les deux mystérieux personnages identifiés par A et B, devant cet arbre-ci, certes avec son gracieux, sa beauté, la complexité chatoyante qu’il présente aux yeux et aux autres sens mobilisés par l’entièreté de sa présence. Imaginons-les parfaitement immobiles, fascinés par l’étrangeté et l’énigme de ce réel-ci (pourquoi existe-t-il ? Quelle est la raison de sa présence ? Est-il plus présent que nous le sommes, nous les humains ? Pourquoi, face à son visage, éprouvons-nous des sentiments de joie, de tristesse ou bien de mélancolie ? Pourquoi sa beauté vient-elle à notre rencontre ?), immobiles donc mais nullement passifs, questionnant seulement son être-arbre tout comme ils questionnent leur propre être-présents car toute situation au monde est bâtie sur cette interrogation même qui, si elle disparaissait, entraînerait les hommes à leur chute. L’Homme n’est ni l’animal, ni la pierre. L’Homme est l’être-pensant par excellence, par sa pensée il s’explique, se justifie et, par un identique mouvement, donne l’être à tout ce qui l’environne, dont il rencontre les multiples figures dans son trajet existentiel.

   Donc A et B sont devant cet arbre-ci, dans une manière d’état contemplatif qui, s’il est en quelque sorte admirable, aura son propre temps, sa durée, connaîtra ses contours et la lisière ultime de sa finitude. Car tout s’épuise et parvient à son naturel étiage. A et B, leur amour les tînt-il éveillés, ne pourront indéfiniment demeurer dans cette posture silencieuse qui ne pourrait se prolonger qu’au risque d’un néantissement de leur propre destin. Observons-donc le concret en sa plus grande « concrétude ». Imaginons deux matières se confrontant : la matière-humaine faisant face à la matière-chose. Peut-être rien ne se passera, au début de la rencontre, qu’un regard orienté sur un « objet ». Mais il ne pourra guère se prolonger. A se mettra à parler, B lui répondra. Face à la matière, ce sera du langage qui se sera levé, donc de l’esprit. A se réfugiera dans une activité imaginaire et B dans les arcanes complexes d’un rêve éveillé, imaginaire, rêve, manifestations d’un esprit agissant. A se projettera dans l’avenir, B se réfugiera dans le corridor du passé, encore l’esprit à l’œuvre dans ces gestes purement intellectifs.

   Peut-être, fatigués, dans une commune attitude, A et B tomberont-ils dans un sommeil traversé des éclairs du songe, animé des volutes étranges de l’inconscient, songe, inconscient uniquement tressés des liens invisibles de l’âme. Où l’on s’aperçoit bien ici que la matière, l’arbre pour ce qui nous concerne, implique toujours l’accès de Celui, Celle qui s’y confient à une réserve d’invisibilité afin d’en cerner le merveilleux phénomène, autrement dit sa vérité qui ne peut consister en son caractère partiel mais en sa totalité. C’est bien l’arbre qui demande à l’homme que soit épuisé son être. C’est bien l’homme qui, se confrontant à l’arbre, mobilise son esprit de façon à ce que la matière correctement abordée, envisagée, puisse répondre à cette silencieuse voix humaine qui toujours s’agite sous le dôme de chair er demande que des comptes lui soient rendus. Exister est à ce prix qui fait de la matière le correspondant de l’esprit, de l’esprit le correspondant de la matière. 

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