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26 janvier 2024 5 26 /01 /janvier /2024 09:05
Où sont les Hommes ?

Roadtrip Iberico…

Duna fosil de Los Escullos…

Cabo de Gata…

 

Photographie : Hervé Baïs

 

***

 

Que sont les Hommes devenus

Ont-ils à jamais disparu ?

 

Le ciel est lisse, blanc tel un calice

Les nuages, infiniment, glissent

Fines écharpes à peine perceptibles

Ils vont, viennent, légères cibles

Que le Destin a désignées

Sous la figure de fumées

Ils n’ont de cesse de fuir

N’ont de cesse de pâlir

Au-devant d’eux vers les lointains

Là où plus rien ne demeure certain

Là où plus rien n’est à portée de main

 

Que sont les Hommes devenus

Ont-ils à jamais disparu ?

 

Le ciel est noir

Vaste éteignoir

Où s’abîme le fol espoir

Bientôt le Ciel descend

Dans des lames d’argent

Bientôt le Ciel fait silence

Immanente et pure indigence

Sa vaste parole s’éteint

Dans des touches de satin

 

Que sont les Hommes devenus

Ont-ils à jamais disparu ?

 

Ce qui d’abord paraît

Ce qui d’abord effraie

Le torturé, l’inadmissible

L’innommé, l’irrémissible

Cette gueule de Rochers

Cet ouvert à nous destiné

Abolition de notre vanité

Révocation de notre éternité

 

Ce qui d’abord, tragique

Nour rend aphasiques

Ce tumulte du sol

Ce surgissement

En plein vol

De ce qui, touchant

Au pur Néant

Nous réduira

Au lourd trépas

Ossuaires promis

Au plus grand mépris

 

Que sont les Hommes devenus

Ont-ils à jamais disparu ?

 

Les collines

Les dolines

Sous le vaste horizon

Plient sous le vent aquilon

Ne sont que mots usés

Sous le jour érodés

Figures d’absence

Sous la lumière dense

 

Et l’eau, que devient-elle

Elle la sempiternelle

Elle aux multiples lustrations

Elle aux infinies effusions

Elle est un désert

Elle est le nul offert

Une étole de ciment lisse

Une étoffe de basse-lisse

Une bure que le jour plisse

Elle la devenue muette

Elle la devenue fluette

 

Que sont les Hommes devenus

Ont-ils à jamais disparu ?

 

Alors que menacés

De ne plus rien compter

Au nombre des Vivants

Alors que troublés

De ne plus rien trouver

Qui soit réjouissant

Affûtant le noir de la pupille

Pareil au feu d’une escarbille

Voici que l’ombrée

Soudain effacée

De nos yeux

Se met à proférer

Des mots merveilleux

Des mots plein de grâce

Que plus rien n’efface

 

Que sont les Hommes devenus

Ont-ils à jamais disparu ?

 

Là, lové dans l’anse belle

Tel un essaim d’airelles

Un blanc Village nous sourit

Qui, au plus haut, nous réjouit

Une guirlande de maisons

Nichée en son exacte saison

Nous y devinons

Des corps pleins d’ardeur

Tissés de mille saveurs

Nous y voyons

Des esprits vifs

Tels des canifs

Nous y pressentons

Des âmes à foison

Des projets

Entremêlés

Å l’unisson

 

Voici les Hommes revenus

Nous les pensions

Å jamais perdus

Sous leurs multiples

Et belles onctions

Au bout du long périple

Nous voici enfin dévolus

Å notre Condition

Être en Raison

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