Roadtrip Iberico…
Duna fosil de Los Escullos…
Cabo de Gata…
Photographie : Hervé Baïs
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Que sont les Hommes devenus
Ont-ils à jamais disparu ?
Le ciel est lisse, blanc tel un calice
Les nuages, infiniment, glissent
Fines écharpes à peine perceptibles
Ils vont, viennent, légères cibles
Que le Destin a désignées
Sous la figure de fumées
Ils n’ont de cesse de fuir
N’ont de cesse de pâlir
Au-devant d’eux vers les lointains
Là où plus rien ne demeure certain
Là où plus rien n’est à portée de main
Que sont les Hommes devenus
Ont-ils à jamais disparu ?
Le ciel est noir
Vaste éteignoir
Où s’abîme le fol espoir
Bientôt le Ciel descend
Dans des lames d’argent
Bientôt le Ciel fait silence
Immanente et pure indigence
Sa vaste parole s’éteint
Dans des touches de satin
Que sont les Hommes devenus
Ont-ils à jamais disparu ?
Ce qui d’abord paraît
Ce qui d’abord effraie
Le torturé, l’inadmissible
L’innommé, l’irrémissible
Cette gueule de Rochers
Cet ouvert à nous destiné
Abolition de notre vanité
Révocation de notre éternité
Ce qui d’abord, tragique
Nour rend aphasiques
Ce tumulte du sol
Ce surgissement
En plein vol
De ce qui, touchant
Au pur Néant
Nous réduira
Au lourd trépas
Ossuaires promis
Au plus grand mépris
Que sont les Hommes devenus
Ont-ils à jamais disparu ?
Les collines
Les dolines
Sous le vaste horizon
Plient sous le vent aquilon
Ne sont que mots usés
Sous le jour érodés
Figures d’absence
Sous la lumière dense
Et l’eau, que devient-elle
Elle la sempiternelle
Elle aux multiples lustrations
Elle aux infinies effusions
Elle est un désert
Elle est le nul offert
Une étole de ciment lisse
Une étoffe de basse-lisse
Une bure que le jour plisse
Elle la devenue muette
Elle la devenue fluette
Ont-ils à jamais disparu ?
Alors que menacés
De ne plus rien compter
Au nombre des Vivants
Alors que troublés
De ne plus rien trouver
Qui soit réjouissant
Affûtant le noir de la pupille
Pareil au feu d’une escarbille
Voici que l’ombrée
Soudain effacée
De nos yeux
Se met à proférer
Des mots merveilleux
Des mots plein de grâce
Que plus rien n’efface
Que sont les Hommes devenus
Ont-ils à jamais disparu ?
Là, lové dans l’anse belle
Tel un essaim d’airelles
Un blanc Village nous sourit
Qui, au plus haut, nous réjouit
Une guirlande de maisons
Nichée en son exacte saison
Nous y devinons
Des corps pleins d’ardeur
Tissés de mille saveurs
Nous y voyons
Des esprits vifs
Tels des canifs
Nous y pressentons
Des âmes à foison
Des projets
Entremêlés
Å l’unisson
Voici les Hommes revenus
Nous les pensions
Å jamais perdus
Sous leurs multiples
Et belles onctions
Au bout du long périple
Nous voici enfin dévolus
Å notre Condition
Être en Raison