Publication d'un "micro texte"
sur le thème
PAROLES D'ENFANCE - 2008 -
Préface de Jean-Pierre Guéno
Directeur des Publications de Radio-France.
Le Texte publié.
Le jour n’est pas encore levé. Juste une très légère blancheur qui précède l’aube. L’enfant se réveille, ouvre les yeux. Il reste un moment immobile, regarde le liseré plus clair qui commence à imprimer le contour des volets. Il se lève, pose ses pieds nus sur le plancher. Il aime sentir ce contact du bois un peu froid, les rainures qui séparent les lames. Il ouvre la fenêtre, pousse doucement les volets sur la fin de la nuit, évitant de faire grincer les gonds. Il se recouche, se tourne sur le côté gauche, face au rectangle plus clair ouvert dans le mur couleur de schiste. Au début, ses yeux ne perçoivent rien que cette légère variation de l’ombre, son lent glissement vers la lumière. Puis ses pupilles s’habituent, commencent à déchiffrer l’espace, à y repérer les premiers signes du jour. Il devine d’abord, dans le jardin, les branches du marronnier, comme de grands bras tendus vers le ciel, les feuilles ouvertes à la façon de doigts de géants. Puis le rythme régulier de la clôture de bois, la plage sombre de l’avant toit. L’enfant aime bien ce moment un peu mystérieux où le jour s’annonce à la façon d’un secret. Les grains de lumière sont encore peu visibles, gris-bleu, à peine plus clairs que la cendre des volcans. C’est cette heure couleur de cendre, couleur de lave qu’il préfère. Cette heure où les choses se confondent, cette heure arrêtée.
Edition originale
Les Arènes.
Edition en poche
Librio - Radio-France.