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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 15:02

 

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  Vous remarquerez que j'ai pris soin de mettre le terme de "dettes" entre guillemets et ceci afin d'en atténuer le caractère de "faute" et l'idée  de "culpabilité" qui lui est attachée. Que des peintres s'inspirent de grands maîtres n'a, en soi, rien de répréhensible et des influences ont existé de tous temps. De grands noms tels ceux de Delacroix, Van Gogh, Monet, Cézanne, Vélasquez ont pratiqué avec bonheur l'art délicat de la copie. L'intention était, semble-t-il, dictée par deux motivations essentielles : rendre un hommage appuyé à tel ou tel artiste et acquérir, par une discipline ne tolérant pas la moindre faiblesse, une technique infaillible les amenant à égaler ceux auxquels ils vouaient une admiration sans faille.

  Mais si, au départ, l'intention était louable, apparaissant de prime abord comme la reconnaissance d'une œuvre qui leur était extérieure, chacun de ces peintres n'en visait pas moins un accomplissement de leur œuvre propre et un rayonnement dont ils espéraient tirer quelque gloire. Autrement formulé : chercher chez l'autre ce qui peut servir pour soi. Faire l'expérience d'une pluralité de vues et d'approches, de regards différents, de manières de considérer le monde, celui du paysage aussi bien que du portrait ou de l'abstraction. Et si tout art n'était qu'une habile synthèse de choses éprouvées, vécues, observées, enfin restituées selon sa propre implication, sa singulière perception de l'univers ?

  Seulement le nécessaire métabolisme qui préside à une telle "restitution" ne donne pas toujours les mêmes résultats. Soit l'œuvre sera la copie fidèle du modèle, une manière de fac-similé n'augmentant en rien l'objet qu'elle était censé magnifier. Ou bien, au contraire, la peinture inspiratrice sera-t-elle transfigurée, métamorphosée, requise afin d'assurer une nouvelle transcendance, donc un art véritable. Picasso réinterprétant le "Déjeuner sur l'herbe" de Manet, en délivre une vision toute personnelle, originale, inconnue jusqu'alors, autorisant toutes les audaces, l'amenant à être un nouveau tremplin à partir duquel seront tentées et conduites de nouvelles perspectives esthétiques possédant une potentialité sémantique inouïe.  Là s'inventeront quelques unes des formes les plus abouties de l'art moderne. 

  Or, nous ne comprendrons jamais mieux Picasso que de l'intérieur de son œuvre propre, chaque période jouant en mode complémentaire avec la précédente ou la suivante. C'est une même démarche qui traverse l'ensemble des figurations depuis la "période rose" jusqu'au "Vieux sauvage", en passant par le "cubisme", le "classicisme", le "Jongleur de la forme" , le travail autour des "Ménines" [nous empruntons ces classifications à Carsten-Peter Warncke  (Taschen) ], démarche qui, dans une recherche haletante, cherche à extirper aux formes leur infini contenu latent dont Manet aussi bien que Picasso possédaient quelques clés; clés qu'ils ont, chacun à leur manière, légué à la postérité des créateurs afin que se poursuive l'inlassable travail de mise à jour de ce qui était de tout temps dissimulé et qui ne demandait qu'à être révélé.

  Ce détour par l'œuvre foisonnante de l'inventeur du cubisme était convoqué  afin de pointer une seule et unique chose : jamais on ne comprendra mieux l'œuvre d'un peintre, d'un romancier, d'un poète qu'en partant du dedans de leur œuvre. Ensuite rien ne nous empêchera, par cercles concentriques, de nous porter vers ce qui, consciemment ou inconsciemment  a alimenté les différentes productions picturales, écrites, versifiées. Et ce qui est vrai d'un artiste majeur peut aussi bien s'appliquer à un créateur plus modeste. Peut-être en saurons-nous plus et mieux sur les créations de Louis Anquetin, sur ce qu'il a essayé de nous dire en nous abreuvant à la source même de ses peintures, dessins et autres pastels. Car il s'agira avant tout de lui, de ses propositions,  de sa façon de s'y prendre avec le monde en le transposant selon une manière qui lui est propre.

  Que toute œuvre soit sous influence, nul ne saurait le nier sauf à postuler l'existence d'un créateur totalement autiste, abstrait aussi bien de son temps que de son espace. Quoi qu'il en soit de nos états d'âme par rapport à l'initiateur du "cloisonnisme", nous reconnaîtrons là l'expression d'une authentique beauté picturale sans doute bien étrangère aux décrets que les uns et les autres pourrions bien formuler à l'endroit de ce qui vient à notre rencontre avec un tel bonheur !

 

 

 

 

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