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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 09:48

 

Du chemin vers le Poème

ou

la ressource selon Soi.

 

dcvlp.JPG 

A la découverte de nouveaux mondes.

Gravure datant de 1888.

Source : Wikipédia.

 

 

  Petite incise pour autant non superfétatoire concernant l'ensemble de mes articles.  Les poèmes ou textes que je décide de commenter, je ne les choisis pour nulle autre raison que LITTÉRAIRE, cherchant à en décrypter la beauté et le sens. Ma visée est toujours celle du LANGAGE, cette essence par laquelle l'homme fait figure dans le monde. Jamais d'arrière-pensée, "religieuse" par exemple. Ma "métaphysique" fait toujours signe vers l'homme et vers cet invisible que constitue toujours ce qui nous porte au-delà de nous-mêmes, le SUBLIME auquel, cependant, je ne saurais donner la valeur d'un quelconque Absolu. Jamais d'inclination au fait religieux, puisque m'en absentant par nature. Toujours la recherche d'une signification langagière et nulle autre perspective qui ferait signe vers un hypothétique arrière-monde.

  C'est du-dedans du langage, ce "mystère" - car comment pourrions-nous le nommer autrement ? -, que tout rayonne vers l'exister. S'il y a "être", c'est bien grâce à la langue qui s'affirme comme liberté et donc comme transcendance. Citant "l'être", je ne fais référence qu'à sa forme verbale : ce qu'être veut dire et non à sa forme substantivée, "L'Être" Majuscule qui indiquerait la présence d'une Divinité. Nous avons assez à chercher du côté du Dasein (cette inépuisable "condition humaine") et à sa profondeur en abîme sans nous égarer dans des actes de "foi" qui, pour être infiniment respectables, peuvent trouver d'autres moyens d'expression que la langue pour s'accomplir, dans le recueillement et la prière, par exemple. Si, parfois, je fais allusion au "Sacré", c'est pour dire en termes simples cette élévation de l'intellect, des affects, des percepts lorsque la "grâce" d'une belle métaphore s'empare de nous.

  C'est toujours de l'exister dont il s'agit sans que l'empreinte d'une croyance se projette en une quelconque manière dans  l'image accueillante,  fondatrice, révélatrice d'un cosmos-pour-nous. C'est cet entrelacement de l'immanent et du transcendant (comprenons : la transgression de l'étant en direction de l'être) qui toujours se déploie dans l'œuvre d'art. Et c'est bien cet ART qui m'intéresse en premier lieu, comme le site à partir duquel se saisir du sens de ce qui paraît et nous transporte dans le déploiement, le ravissement. Nous sommes ravis au monde, aussi bien qu'à nous-mêmes. Paradoxalement, nous sommes dépossédés en même temps que nous atteignons un état de plénitude. Bien évidemment, il ne saurait s'agir ici de "béatitude", ceci n'appartenant qu'au Saint ou bien au Mystique. Cependant les frontières sont floues qui marquent la limite entre le ressenti simplement païen et le début d'une spiritualité.

  Le beau paysage est un exemple parfait de cet enlèvement de soi hors des contingences communes. Le Croyant l'attribuera à l'infinie prodigalité de Dieul'Incroyant à la réserve sans fin de la Nature dans un élan panthéiste. Et c'est bien cela qui est passionnant : cette irrésolution du monde à apparaître selon telle ou telle vérité. "Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà", disait le génial Pascal dont, pourtant, on ne saurait remettre en question l'inclination à une foi véritable, exigeante. Notre liberté, celle de l'Autre, notre athéisme, la religiosité de celui qui l'a choisie, tout ceci doit vivre en bonne harmonie et sans doute dans les inclinations humaines à la tolérance (dont Voltaire écrivait la Lettre). La tolérance, l'une des vertus les plus rares qui soit.

  Le Poème, convenablement interprété, est ce chant par lequel "le monde se fait monde", c'est-à-dire entre en résonance avec ce que nous sommes en tant qu'hommes, ceci en dépit des différences et peut-être même grâce à ces différences qui sont le socle des fondements de l'humain. Le Poème est un "passage", une forme de subtile relation entre ce que nous sommes et ce que nous aspirons à être, à savoir une essentialité, une œuvre aboutie. Quant au fait de savoir si nous sommes créés ou bien incréés, libres ou sous la présence d'un Destin, ceci est bien évidemment insoluble. Ceci constitue d'ailleurs le naturel étonnement philosophique, lequel nous fait nous poser la question fondamentale de Leibniz : "Pourquoi y a-t-il de l'étant plutôt que rien ? " Question aporétique par excellence. Question nous renvoyant à notre propre finitude. D'elle, comme de notre naissance, nous sommes seulement assurés. Comme deux points fixes, indépassables au centre duquel nous tâchons de trouver notre quadrature existentielle.

   Mais avant de postuler quelque Idée Intelligible - clin d'œil au magnifique concept platonicien -,  ou bien de tracer les contours d'un lieu supra-céleste, nous existons d'abord à nous en remettre à quelques certitudes qui, toujours, nous font nous dresser en tant que concrétions humaines et qui reçoivent leur "prétention à être" depuis toute éternité. Nous sommes des êtres éminemment "incarnés", mais notre effigie ne tient debout qu'à recevoir "l'onction"  d'une trilogie hautement signifiante : celle d'une esthétique faisant appel à une éthique, laquelle n'est que la mise en œuvre de la Vérité. De cela nous sommes sûrs depuis les débuts pensants de l'humanité, jusqu'à épuisement du sens. "Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles", affirmait le Poète Paul Valéry. Laissons le dernier mot au Poète qui, avec le Penseur "vivent proches sur des monts éloignés" pour emprunter la belle métaphore heideggérienne. La cause de ces deux éminentes Figures étant de faire surgir ce que l'être a à nous dire du monde, lequel est toujours le nôtre, que toujours nous cherchons. C'est pourquoi nous sommes en chemin, de telle ou telle manière ! 

 

  

 

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