Chemin de poussière
Œuvre : Dongni Hou
*
Ce dos dans la cendre du jour
Cette fuite à rebours
T’appartenaient-ils au moins
Ou bien étaient-ils ce départ au loin
Cette inconnaissance de toi
Jamais on n’enclot sa loi
La tutoie seulement
Dans l’à-peine présent
Et les choses disparaissent
Dans la fondrière traîtresse
*
Tu avais beau implorer
Tu avais beau interroger
Tout fondait dans le gris
Des espaces meurtris
Rien ne se donnait vraiment
T’en coûtât-il d’en sonder
Le terrible dénuement
Le reflux là-bas émondé
Des souvenirs
Pareils à des soupirs
Exhalés du vide
Ils y sont apatrides
*
Ce dos dans la cendre du jour
Cette fuite à rebours
Dont tu ne voyais
Que reflets de miroir
Ils étaient ton passé
Celui qui se perdait
Dans ce fond si noir
Ce dos était un au-delà
Une terra incognita
Une partie au large de toi
Le clignotement d’une voix
Un archipel perdu
Au mitan des flux
Un isthme si étroit
Ton âme y poudroie
Dans le sombre réduit
D’un réel sans d’appui
*
Que territoires existassent
A ton corps défendant
Ceci était insigne menace
A l’horizon des ans
Tu en sentais la lame d’exil
Le vertical péril
Tu aurais voulu
Dans ta geôle exiguë
Te détourner de toi
Saisir un fin grésil
Il n’en demeurait qu’un fil
Une lanière de soie
Le ressac d’une joie
Bien mince était le ru
Qui égouttait tes yeux
Il disait la venue
D’un destin ténébreux
Ton affliction était visible
Esprit sensible
Ton émotion intacte
Vérité la plus exacte
*
Bien des vivants
Bien des errants
Ne savaient de toi la discrète
Qu’épiphanie soustraite
Vision distraite
Ce langage de sourd-muet
Ton corps en était le reflet
La blancheur de ta peau
L’insoutenable écho
Ô combien nous aurions voulu
Te retournant face à nous
Au-delà de ton gracile cou
Deviner ton noble statut
Surprendre ton visage d’ange
Chanter à l’infini tes louanges
Nous voguions dans l’étrange
Et voulions nous rassurer
Car il y avait danger
A plus longtemps t’ignorer
Inconscients nous étions
De ton bel abandon
*
Ce dos dans la cendre du jour
Cette fuite à rebours
Au croisement de la vêture
Comme pour dire la biffure
Et cette rouille des cheveux
Et ce rose passé des nœuds
Et cette chair
Au motif si clair
Et ce deuil du corps
Cet infini trésor
Jamais nous n’en serons
Les possibles diapasons
Puisqu’en chemin
Tu nous laisses orphelins
Nous n’avons pour destin
Que d’embrasser
La poussière
Nulle prière
N’en souhaitât jamais
L’invisible frontière
Jamais
*