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16 avril 2020 4 16 /04 /avril /2020 07:44
In-présence du temps

 

                 Photographie : Blanc-Seing

 

***

 

Le seuil est immobile

Vois-tu

Qui ne profère plus rien

De TOI

Il énonce son langage

De pierre

Une longue mémoire

Qui s’use aux carrefours

Des vents

 

L’horizon est libre

Il file là-bas

Vers les brumes bleues

Du causse

Où es-tu que je puisse

Deviner ton corps 

Où ton esprit

Que je l’emplisse

De joie 

Où ton âme 

Vibre-t-elle tel le diapason 

A-t-elle des ailes

Et part-elle pour des cieux

Que jamais je ne connaîtrai 

 

Le seuil est immobile

Je l’ai habillé

Du souvenir de TOI

J’y ai posé quelques larmes

En guise d’obole

J’y ai deviné l’empreinte

De tes pas

Une onde si fragile

Elle tremble

De ne plus être

 

Le seuil est immobile

Pareil à un temps

Sans racine

Le jour s’y englue

Tel l’insecte

Dans la toile

 

Dis-moi l’éclatante nécessité

De vivre

Dis-moi la feuillure de l’heure

Son indéfectible attente

Dis-moi encore et toujours

Les contours de ton être

 

Le seuil est immobile

En deuil de TOI

Comment pourrait-il

En être autrement 

Le grain serré de la pierre

Se désespère

De ne plus être frôlé

Tes sandales si légères 

S’y posaient

Dans la méditation du jour

 

La chambre est vide

Qui fait son curieux gonflement

Qui appelle et puis se tait

Tout s’y dissout

Et plus rien n’y paraît

Que le vide

 

Partout où tu as posé

Tes doigts

Je les ai posés

Partout où tu as imprimé

Tes lèvres

J’ai imprimé les miennes

Partout où ton regard

S’est porté

J’ai laissé errer le mien

Il était un lieu sans amarre

Un lieu de pure perdition

 

Sur la route

Qui glissait au loin

Je t’ai accompagnée

L’ajointement soudain

De nos mains

Était-il le scellement

De nos âmes 

Ou bien un étrange rituel

Que nous savions

Le dernier 

Où bien était-il

L’antépénultième

 

Ta voiture blanche

Au long capot

L’éclat de ses chromes

Les points rouges de ses feux

Ont longtemps vibré en moi

Ils ont creusé un puits

D’innombrable attente

Aussi le fil des heures

S’égrène-t-il lentement

Il fait son bruit

De gouttes claires

Dans la nuit d’une crypte

 

Partout où tu viendras

 Je viendrai

Sur la courbe bleue

Des planètes

Dans les yeux révulsés

Des étoiles

An sein même

De mes rêves lapidaires

Dans la gemme

De mon cœur

Où se fige la braise éteinte

De mon sang

 

Vois-tu n’aies nul regret

Ma souffrance est

Un plus grand don

Que ne l’était ma joie

Car à trop m’inonder

Elle te rendait invisible

Du sein de ma douleur  

Tu bourgeonnes et éclos

Semblable au bouton de rose

Qui se dépliant

Apporte l’être au monde

Qu’il visite

 

 

Partout où tu seras

Je serai

Aurais-je d’autre raison

De vivre

Que celle-ci 

 

Toujours les gouttes

S’assemblent

Qui font les ruisseaux

Ils coulent sous des berceaux d’ombre

Rejoignent d’autres tresses d’eau

Se jettent dans l’estuaire

 

Quel est donc celui

Qui t’accueille

Seras-tu au gré des jours

Qui viennent et vacillent

Différente de cette buée

Pliée aux choses

Et qui leur donnent

La gloire de vivre

Autre chose

 

Ne réponds pas surtout

Seul le silence sera

Le reposoir

Des amours qui furent

Et qui désespèrent de visiter

Le lieu de leur native rencontre

 

Le seuil est immobile vois-tu

Il est la parole retenue

Qui n’attend

Que de parler

Oui de parler

De TOI

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commentaires

J
https://www.youtube.com/watch?v=fpU4-EUErfY
Répondre
B
Merci J. "Je reste sans voix". Belle journée. JPBS.

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