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20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 14:11
Fragile en sa demeure

                    Photographie : Blanc-Seing

 

***

 

 

Fragile en sa demeure

 

Les choses sont là devant

Dans l’énigmatique pliure

De leur être

Comment en saisir

La troublante nature

Tout est en fuite

De soi

Tout en chute vers l’abîme

Tout si éphémère

Qui ne dit son nom

 

***

 

Comment être à soi

Comment s’accorder

À sa propre vision

Il y a tellement d’incertitudes

D’approximations

Dans notre hésitante

Marche vers l’avant

Toujours nous titubons

Toujours nous hésitons

À coïncider

Avec ce que nous sommes

En propre

Une illusion parmi

Le fin brouillard du monde

 

Plus d’un m’avait dit

 

Mais regardez donc

Le fil de la Vierge

Sa ténuité sa résonance

Dans l’air empli des remugles du jour

La brise sentait la touffe ébrieuse du thym

La délicieuse harmonie d’autrefois

L’insistance têtue du présent

La texture invisible de l’avenir

 

***

 

Plus d’un m’avait dit

 

Vous n’existez pas vraiment

Vous n’êtes qu’une image

Puisée à la source du songe

Qu’une flamme agitée par le vent

Un gribouillis d’enfant

Sur les pages d’un cahier

 

***

 

Fragile en sa demeure

 

Voici ce que je pensais du monde

Une fleur me visitait

Qui l’instant d’après

Avait perdu ses pétales

Elle jonchait d’écume

Dans un simple désarroi

La croûte grise du sol

 

Mignonne allons voir si la rose

Disais-je souvent aux Inconnues

Qui croisaient ma route

Certaines venaient

Certaines partaient

Toutes étaient en fuite

D’elles-mêmes

Et nulle ne voulait voir la rose

En son dénuement dernier

 

Déjà la flétrissure les atteignait

Elles les passantes distraites

Déjà la soie de leur peau peluchait

Déjà le parchemin signait

Les premières traces

D’une affliction

 

***

 

Fragile en sa demeure

 

Qui donc

Vous qui passez

Moi qui demeure

Tout dans la perte de l’être

Jour aux encoignures bleues

Nuit aux angles d’ombre

Midi criblé d’étincelles

Voici la complainte du temps

Voilà la mesure de l’homme

De la colline sous le ciel

De la Terre usée

De tourner sur son axe

Des Tropiques

Que la chaleur éteint

Des Pôles

Que la glace ennuie

 

***

 

Et un matin dans le frais de l’heure

J’avais rapporté de ma promenade

Une errance plutôt

Une distraction

De ma propre figure

Cette mince toile

Ornée de mille soleils

Que je pensais être l’orbe de la joie

On me persuada bien vite de m’écarter

Du vertige de ma vision

Ces globes de lumière n’étaient nullement

L’assurance d’une félicité

Plutôt les signes avant-coureurs

D’une étrange combustion de l’âme

 

Même la Prestigieuse entre toutes

Possédait en son sein

Les motifs de sa destruction

Un flacon de ciguë

Au plein de la grâce

Et tel l’infortuné Socrate

D’avoir cru à l’imparable Vérité

Elle aurait payé le lourd tribut

 

***

 

Les Sophistes plus nombreux

Une foule dense et vipérine veillait

À ce que rien ne fasse sens

Dans l’horizon des êtres

Pas plus ces risibles fils de la Vierge

Que tout Vivant sur cette Terre

Il fallait des hommes bien fats

Pour un instant

Croire en leur immortalité

Le Temps était là

Avec ses mors de diamant

Ses trépans de platine

Mort devait s’ensuivre

Jusqu’à la fin des temps

 

***

 

Avaient-ils jamais commencé

Vraiment les hommes

Le tissage était si lâche

La navette si usée

La toile si mince

Un rien

Sur l’envers d’une peau

Oui

Un Rien

 

*

 

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