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30 mars 2024 6 30 /03 /mars /2024 08:39
Don et contre-don

Source : Image du Net

 

***

 

Ce texte est dédié à Nathalie Gauvin

 en remerciement de qui elle est

 

*

 

   Ce texte, intitulé « Don et contre-don » reprend, dans ses grandes lignes, le concept initié par l’Anthropologue Marcel Maus, concept selon lequel ces deux notions s’articulent « autour de la triple obligation de « donner-recevoir-rendre », forme de contrat social basé sur la réciprocité et créant un état de dépendance qui autorise la recréation permanente du lien social », d’après la définition qu’en donne Wikipédia. Oui, ceci est une nécessité à la fois morale et logique dont, aujourd’hui, il semble qu’on ait oublié les prémisses au motif qu’une existence pressée, polychrome, polymorphe, dissout l’idée même de remerciement ou d’accusé de réception des faveurs que vous adressent l’Ami, le Frère, mais aussi bien « l’Inconnu » croisé au hasard des rencontres sur les Réseaux dits « sociaux » qui, en réalité, ont bien plus l’allure du réseau opaque que de l’obligation relationnelle, ouverte, que suppose tout échange avec quelque Existant ou Existante que ce soit.

  

   Certes, Facebook et autres « salons » contemporains sont des espaces où l’on picore, où l’on butine, sans autre conséquence que ce vol de surface qui a la consistance d’une fumée vite dissipée dans le ciel des affairements et diverses occupations. Dit d’une manière kundérienne, « l’insoutenable légèreté de l’être ». Cependant, lorsque des affinités se nouent, que des amitiés naissent, que des centres d’intérêts communs se manifestent, il arrive parfois, mais de manière très rare, qu’un vrai contact s’établisse tout comme il se donne dans la « vie ordinaire », autrement dit, il s’agit du passage du virtuel au réel avec tout ce que comporte, comme profonde signification, la rencontre de deux individualités dont rien ne disait le possible lien.

   Il y a quelques années de cela, j’ai eu l’occasion d’accueillir chez moi, ce grand Artiste suisse M.D. (ma naturelle pudeur taira ici les noms de ceux ou de celles qui seront cités, ils ou elles se reconnaîtront), au cours d’un séjour inoubliable, riche de spéculations convergentes.

 

Don : j’avais écrit de très nombreux articles sur l’œuvre de M.D.

Contre-Don : M.D. m’offrait un bronze qu’il avait réalisé quelques années auparavant.

 

   Voilà, je crois qu’il n’est guère utile d’insister plus avant sur la richesse d’un tel événement. Et ce que j’écris là, concernant le don s’est réalisé à de nombreuses reprises avec différents Artistes que je remercie ici en pensée. Il va de soi que les actuelles remarques ne sont nullement la quête de « cadeaux » en échange de ma prose. Seulement un souci de précision.

   Mais, avant d’en venir au sujet précis de ce texte (à savoir le beau retour de Nathalie Gauvin sur l’un de mes écrits), je souhaite encore apporter quelques témoignages des belles rencontres que j’ai faites sur le Réseau Social, dans la perspective du don et du contre-don. Beaucoup se plaignent, selon la couleur de leur tempérament, parfois avec vigueur, parfois se retirant dans un long silence, de l’absence de contre-don, d’une nullité de retour à la suite de leurs publications, toutes les tentatives de figurer autrement que dans un lourd anonymat se soldant par une sorte de versement dans un tonneau des Danaïdes, dont chacun sait que, n’ayant nul fond, il ne saurait retenir le breuvage qu’on lui destine, fût-il un cru rare.

  

   J’avais également écrit de nombreux articles sur les photographies d’un Artiste professionnel de grand talent, G.M., lequel nous livrait avec enthousiasme, sur le thème de l’Arbre, des clichés d’une grande beauté réalisés avec du matériel d’exception. Selon le concept spinoziste, il a cherché courageusement à « persister dans son être », mais devant la triste réalité (de vulgaires selfies, témoignages s’il en est, le plus souvent, d’une démesure impudique de l’ego) obtenaient bien plus de « J’aime » (mais quelle est leur valeur réelle ?) que ses travaux réalisés avec un souci extrême. Il a fini par « jeter l’éponge », seule cette formule contingente convient. Plusieurs fois il s’était ouvert, par message privé, de cette immense déception qui était la sienne. Å dire vrai, le réel nous livre bien plus de Cigales rêveuses que de Fourmis affairées, ceci semble inscrit dans le derme même de la condition humaine. « Tristes tropiques » eût dit en son temps le très avisé Claude Lévi-Strauss.

  

   Et, ici, comment ne pas citer le merveilleux travail de M.P.F, sur ses auteurs élus, dans des ouvrages d’une fort belle tenue ? Mais je laisse la parole à ses commentateurs :

   « M.P.F.  parachève une trilogie intime sous le titre amusé et tendre de Rousseau, un ours dans le salon des Lumières. Rousseau, en écrivain moderne, met en musique ses émotions : confessions, jugement, rêveries... Pas de perruque ni de poudre pour masquer un philosophe engagé dans l'aventure humaine. »  (Source : L’Harmattan)

   Et encore :

   « Mais qu’en est-il de la relation que Sade entretenait réellement avec les femmes ? C’est ce qu’a voulu savoir M.P.F, en travaillant sur sa biographie et surtout son journal et sa correspondance. Elle nous révèle un homme inattendu. Sade se montre le plus souvent affectueux et tendre envers sa propre femme Renée-Pélagie, mais aussi envers ses différentes amies, dont Millie Rousset, une spirituelle jeune provençale. »  (Source : Le Divan)

   J’ai lu ces deux livres d’une grande profondeur, spirituels, au style inimitable. J’en suis ressorti pourvu d’une nouvelle vision sur ces deux écrivains. Cependant, plus d’un, sur Facebook, s’est alarmé de telles publications au motif de « l’immoralité » de Rousseau, père de famille indigne abandonnant ses propres enfants à « l’assistance publique », « « Oui, Madame, j'ai mis mes enfants aux Enfants-Trouvés » ; d’autres se sont insurgés contre le fait d’écrire sur le « sulfureux » Sade. Ces remarques ne sont rien moins qu’insuffisantes, seulement dictées à l’aune d’une mauvaise foi ou en fonction d’un dogme préétabli. Ces polémistes eussent mieux été inspirés de lire ces deux ouvrages remarquables avant de les clouer au pilori et ceci s’inscrit dans l’ordre des idées toutes faites, et ceci suit à la trace le canevas du prêt à penser, lorsqu’il ne s’agit, seulement, de diffuser de fausses informations. Malheureusement ce régime délétère d’une « pensée » qui n’en est pas une, loin s’en faut, essaime ses noires nuées sur l’ensemble de la sphère médiatique. Certes, les Cigales s’en amuseront, les Fourmis s’en offusqueront. Je ne précise plus avant de quel côté penchent mes naturelles inclinations.

  

   Ensuite, comment ne pas adhérer aux soudains « coups de sang », aux indignations légitimes d’un P.G.Y, lequel remet vigoureusement en question la pente de la société actuelle en direction de sa chute, ne s’ouvrant plus qu’au bellicisme, se ruant dans des guerres sans fin, cédant aux incantations du terrorisme, privilégiant la consommation au détriment de la poésie, de la littérature, de la musique. Cet infatigable créateur (qui fait écho aux étonnantes chorégraphies de sa Compagne L.C), tantôt Musicien, Poète, Peintre, ce bel Humaniste ouvre sans cesse son cœur aux vertus les plus nobles de l’Amour, de l’Amitié, de l’Entente entre les peuples. Mais, parfois, il semblerait que les cris qu’il pousse n’aient pour seul avenir que la perte dans quelque sable ou mirage du Désert. Et cet Ami véritable sait combien je suis en accord avec ses idées profondes, avec ses saltos et ses sauts de carpe (pour consonner avec L.C), avec son espoir de voir un jour se réaliser les conditions d’une vie heureuse et simple, seulement dictée par l’exercice d’une Vérité.

  

   Et encore il me faut citer les très beaux textes autobiographiques publiés, chaque jour qui passe, par N.L, cette admirable diariste versée dans le décryptage de Soi (l’exercice le plus difficile, le plus exigeant qui se puisse imaginer !), sans fausse pudeur, sans compromission, avec cet accent d’authenticité qui, de nos jours, ne résonne plus que du lointain de quelque réminiscence usée, devenue incompréhensible. C’est comme une fleur s’ouvrant au cœur de l’hiver, comme u rayon de soleil illuminant la grisaille des jours.

 

   Et comment omettre de parler de J.M, ce « Candide » lettré qui, volontiers, nous ferait « prendre des vessies pour des lanternes », qui pérorerait avec facilité sur Baudelaire, Rimbaud, Aragon et quelques autres, feignant de n’y rien comprendre, nous prenant à témoin de son désarroi, sans doute « riant sous cape » de notre docilité à nous laisser entraîner dans une manière de vindicte auto-sacrificielle dont il joue à merveille pour sa joie intime, pour notre étonnement quant à ses aveux de « faiblesse ». Mais il faut être rudement fort pour se flageller à longueur de journée, pour rejoindre le coin de la salle de classe et y arborer le bonnet d’âne, il faut être assuré de son être pour le « rabaisser », le « rouler dans la farine », le travestir en Pierrot, lui donner le plus mauvais des rôles dans la quotidienne commedia dell’arte que l’on se plaît à jouer devant des Spectateurs médusés.

   Vous n’aurez pas été sans remarquer l’usage de lieux communs déguisés en proverbes facétieux, ils n’ont d’utilité qu’à mettre en perspective un dénuement supposé et une rare élégance car c’est bien de ceci dont il s’agit dans ce déshabillage total qui menacerait d’être vulgaire s’il ne faisait constamment         appel au second degré, une façon habile de dire « je me flagelle donc j’existe », inventant pour l’occasion un cogito singulier auquel même le bon Descartes n’aurait nullement pensé du haut de son génie. Il est réjouissant, au milieu de cette faune médiatique, seulement occupée de faire briller son ego, de rencontrer ce Personnage si sympathique, haut en couleurs, qui n’a de cesse de déconstruire ce que les Autres, fébrilement, mettent des siècles à construire.

   Spécialiste de la poudre à gratter, du fluide glacial, du sucre qui saute au visage, force m’est de penser qu’il « rit sous cape » du bon tour qu’il nous joue, qu’il se joue pareillement car l’on n’est jamais mieux au centre de Soi qu’à s’en éloigner, à se placer sous la lentille du microscope et à s’examiner comme le ferait d’une diatomée quelque Professeur Tournesol s’ingéniant à trouver dans ce corps translucide, peut-être une image de son être, peut-être un miroir où s’apercevoir tel le ciron de Pascal face aux « deux infinis ». Je ne serais nullement étonné que notre Homme, repus après un repas nourricier, la tête face aux étoiles, se mette à méditer, l’air gravement réjoui, ces belles paroles de l’Auteur des « Provinciales » :

 

   « Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est ; qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature ; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? »

  

   Oui, je le crois capable d’un tel « forfait », cœur grand ouvert à la contemplation du Monde, effeuillant ses souvenirs comme on le fait d’une marguerite, évoquant ici un dessin à la cire, là de mystérieux signes sur une planche de bois, là encore quelque ancienne Maîtresse dont il doute qu’elle n’ait jamais existé (car il lui faut bien manier l’humour dans cet Univers rempli de tristesse !) et encore bien d’autres essais de se prendre au sérieux en détricotant ce réel manifestement têtu, parfois hostile. Oui, de ceci et de bien d’autres choses, je le crois capable ! Il est ce que l’on nomme communément, avec respect : « un Personnage ». Oui, assurément, c’est ceci qu’il faut être pour tenir « contre vents et marées » ! Oui, ceci !

   Un commentaire de dernière heure du très attentif et poète ES me rappelle à l’ordre comme pour réparer une étourderie et, certes, c’est pour le moins une étourderie au motif que ce presque Voisin (nous projetons de nous rencontrer dans la « vraie vie » avant même que le réchauffement climatique n’ait produit des forfaits inévitables). Au fil des jours, figurent, dans mon Groupe Écriture & Cie, ce que j’ai habitude de nommer « petites gemmes », « minces pépites », nullement au sens réducteur mais pour la simple raison que cet Artiste des mots, jour après jour, infatigablement, distille ses dentelles langagières sous forme elliptique mais non moins superbement réjouissantes. Plusieurs fois, il m’est arrivé de décrire la tonalité de ses vers selon la mesure acoustique-esthétique d’une « petite musique », fugue ou parfois adagio ou parfois encore cavatine, simple bruissement cristallin qui fait vibrer la corde de l’âme en laquelle elle s’instille telle la petite et entêtante ritournelle qui, de la journée, ne vous lâchera nullement, même aux heures les plus fortes de l’Amour, cette divine dimension de la rencontre humaine. Mais bien plutôt que de pérorer longuement et pour inscrire une manière de halte dans cette prosopopée, je vous livre un de ses bijoux, dont je ne sais s’il est « indiscret » et vous incite à rêver longuement au rythme de ses heureux mots :

« Poème des pluies incessantes

Dont l’écho se noie

Par trop d’averses ne répond plus

Le soleil serait-il né d’inadvertance

Ô combien me brûle l’eau silencieuse

De mes incantations

Nihil-Nihil

E. Szwed

29-III-24

Silencieuse »

 

   Familier de l’anaphore, un mot enjambant son nom, comme une incantation qui voudrait retentir silencieusement dans l’âme du Lecteur, de la Lectrice, il plante en notre inconscient un jalon pareil à une braise, une façon d’être au-delà des mots. Et, certes, il est !

   Enfin, après ce long préambule, il est temps d’aborder le cœur du sujet, laissant la parole à Nathalie Gauvin, tout ému de prendre en compte avec exactitude le contenu de son commentaire sur un fragment de mon écriture :

 

« Perspective Existentielle sur une Photographie d’Hervé Baïs »

  

   « Quelle analyse magistrale mon ami ! C'est à couper le souffle ! Tant d'érudition et les mots pour le dire ! Tu as cette vision si juste, si pertinemment intelligente du sens profond des choses, de l'acte de dire qui se ramifie de tant de facettes bigarrées au gré de la plume de ces orfèvres du verbe que sont les grands poètes de l'histoire et qui prend en vos mots mon ami, toutes les nuances subtiles de la sublime lumière dont vous les éclairez...toujours un bonheur suave que celui de vous lire ! »

  

   Bien entendu je n’aurai l’impudence de faire à mon tour un commentaire sur celui-ci. Infinis remerciements pour une telle réception. Alors ici vient à propos une méditation sur le geste du don, sur la logique du contre-don qui lui est coextensif, nul ne saurait en nier la valeur de confirmation de qui-l’on-est en direction de qui-l’on-devient. Parvenus à ce point de notre réflexion commune, comment pourrions nous faire l’économie de la pensée hégélienne du Soi et de l’Altérité qui trouve de nombreux et abyssaux développements dans « La phénoménologie de l’esprit », dont Jean Hyppolite nous restitue ici toute la pleine teneur :

   

    « …car chacune des consciences de soi est aussi une chose vivante pour l’autre et une certitude absolue de soi pour soi-même ; et chacune ne peut trouver sa vérité qu'en se faisant reconnaître par l'autre comme elle est pour soi, en se manifestant au dehors comme elle est au dedans. Mais dans cette manifestation de soi, elle doit découvrir une égale manifestation chez l'autre. « Le mouvement est donc uniquement le mouvement de deux consciences de soi. »

  

   Les choses sont énoncées avec suffisamment de clarté pour qu’elles ne nécessitent que de brèves remarques d’ordre logique, résumées de cette manière :

 

Je ne suis moi que par l’Autre

(versant de la parentalité et de son devenir) ;

je ne suis moi que pour l’Autre

(versant de la conjugalité, de l’amitié, de la rencontre).

Hors ceci, nulle réalité.

Donc, nulle existence.

 

   Å ces quelques remarques, je crois nécessaire d’ajouter la belle réflexion de Philippe Lacoue-Labarthe extrait de « Tradition et vérité, à partir de la philosophie », mettant en lumière l’essence réelle de tout don :

  

   « La question, dans sa plus grande généralité, est donc la suivante : peut-il y avoir un rapport quelconque – impliquant un objet, une chose, mais aussi bien le « corps propre », ou la parole, ou l’âme, etc -, une absence pure de sollicitation de réciprocité, une pure dépense sans espoir de bénéfice secondaire, d’épargne à terme ou de retour, un pur désintéressement ? En général, y a-t-il une fracture possible de l’économique ? Peut-il être (dé)livré quelque chose en pure perte ? Peut-il y avoir dépropriation sans conscience de dépropriation, c’est-à-dire, d’une manière ou d’une autre, sans calcul, ou espoir de réappropriation ? Ou si l’on préfère encore : un geste quel qu’il soit, envers autrui, peut-il être sans finalité, radicalement a-téléologique ? »

  

   Le problème est excellement thématisé et expliqué par le Philosophe. A ceci, l’explication me paraît simple, limpide. Ou bien nous nous situons au niveau de la théorie, « « science qui traite de la contemplation »et le rapport à l’Autre est an-économique, a-téléologique, aucune fin n’étant envisagée de telle ou de telle manière.

   Ou bien le rapport à l’Autre est réel, concret, incarné et alors surgit la dimension de l’économique, du téléologique. Nul ne souhaite être « payé en monnaie de singe ». Ce que le conscient montre comme pur geste de gratuité, l’inconscient le reprend en seconde main, réclamant son dû, son obole, sa juste rétribution.

  

   Certes « l’art pour l’art » et son naturel pendant « l’écriture pour l’écriture » (je me réclame le plus souvent de cette seconde option), l’inestimable valeur du geste d’écriture, « tout le reste étant de surcroît », publication, édition (certains s’y reconnaîtront), retours de commentaires gratifiants, bien évidemment cette charge positive ne saurait être évacuée sans dommages collatéraux. Nul ne saurait faire abstraction de ces gratifications qui, lorsqu’elles s’affirment avec une telle générosité, Nathalie vous l’aurez compris, sont loin de laisser les choses en repos. Ici le contre-don a rejoint le don, le circuit économique, sinon logique s’est refermé, toutes choses prenant sens dans cette dimension d’altérité reconnaissante. Comment mieux dire la gratitude lorsqu’elle rencontre une beauté de l’âme pleine et entière ?

  

   Mais, heureux de l’occasion que vous me donnez de diffuser une once de mes sentiments, qu’il me soit encore accordé, de préciser quelques éléments qui, pour n’être essentiels, constituent cependant la toile de fond d’une rumeur qui court à bas bruit sous la ligne de flottaison de la conscience. D’abord, je citerai l’expérience que j’ai de mon Blog, jean-paul-vialard.fr, sur lequel je publie, depuis une quinzaine d’années, la plupart de mes articles. Très multiples dons au cours de quelques 2720 articles publiés, lesquels n’ont reçu, en matière de contre-dons, que quelques notations strictement numériques dont la valeur est d’un vide abyssal. Å titre d’exemple, aujourd’hui même, voici le visage quantitatif du Blog :

 

Mois : 3 articles – 356 visites – 453 pages vues

 

   Les données sont si étiques qu’il n’y a strictement rien à tirer de telles informations.  Quant aux commentaires, ils sont de nature homéopathique et, parfois, sont le fait d’esprits dont je ne pourrai qualifier le contenu, surréalistes en tout cas, assurément hermétiques, frisant le délire. Sans doute vaut-il mieux s’en amuser ! Å titre de simple ironie, je publie ci-dessous, le fragment d’un commentaire portant sur un texte intitulé « Les Ombres et le Néant », texte dans lequel je tâchais d’analyser, par peuple Mongol interposé, la dialectique de la Tradition et de la Modernité. Voici donc cette « petite perle » au sujet de laquelle je ne ferai nul commentaire, l’évidence éclate d’elle-même, tout au bord du sublime canular :

  

   « 24h…il me faudra 24h pour tout refuser, 24h pour tout accepter…cette Terre ou le Soleil m’exhorte de m’effeuiller - de porter jupons et sandales de cuir - de m’invectiver contre les séquences Fruit du Dragon & Mangue du Jardin…une Mère presque hystérique, transformée par le chagrin qui déifie une enfant de 18 mois…

   Petit Oh petite étincelle - toi le Coeur de ma Vie, je n’existe que par la projection et l’Ego…quel gâchis…lorsqu’on pleure dans la chaumières, funeste « vie personnelle » versus «  solaire professionnel »…sortes « les napkin’s » ça va pleurer dans les chaumières…de ce grand et large espace Khmère très peu d’objets sont vraiment visible…autrement dit ces « grandes acrobaties » ces « clowns élégants » sont presque muet dans l’Absence, le néant…oui, ou est & qui est l’Absent? Maître Bandol, dont les cendres reposent juste de l’autre côté du Muret…ou bien est-ce le manque de Sens dans l’Existence…je répète souvent cette réforme, ou bien ce refrain…je ne sais plus quel est l’idiot-M exactement…oui je me répète que l’absence des uns fait place au Vide de l’Autre - du Soi Intérieur qui n’est ni un enfant ni un décorateur amateur des Moulins à Vent… »

 

   Je laisserai les « Moulins à Vent » broyer leurs subtiles graines et semer leurs farines à tous vents, poursuivrai mon chemin sans en être réellement affecté, amusé seulement.

  

   Autre expérience : Il y a de cela quelques années, j’avais publié de très nombreux articles sur un Site Littéraire « Exigence : Littérature ». Pratiquement nul retour. Le seul consistant provenait d’une Administratrice du Site qui critiquait vertement le contenu d’un texte publié à propos de « Soumission » de Michel Houellebecq. Autant vous dire que notre collaboration s’est arrêtée là, devant tant d’intolérance manifeste. Ce Site semble avoir disparu de la sphère Internet.

  

   Dernière expérience, qui nous est commune : la participation au Réseau Social Facebook. Deux volets : celui de mon Profil jean-paul vialard sur lequel je publie tous mes nouveaux textes avec images jointes et des « souvenirs », simples extraits de textes antérieurs. Autre volet : mon Groupe d’Écriture « Écriture & Cie » qui compte à ce jour 1300 Membres. Sur ce Groupe, publications diverses d’Auteurs édités, de photographies d’art, de fragments de mon écriture. Ces fragments sans images sont voulus afin de faire droit au texte et au texte uniquement afin que les éventuels « J’Aime » soient clairement délimités. Bien trop de Participants cliquant plus volontiers sur une Image que sur un Texte, lequel nécessite un investissement minimum. Dans ce Groupe qui menace de devenir pléthorique, une vingtaine d’Amis (dont les Auteurs dont j’ai cité précédemment les initiales en lieu et place de leur patronyme réel) qui sont devenus fidèles, avec lesquels d’intéressants échanges sont entretenus. Autrement dit 1280 Membres constituent une majorité silencieuse qui, peut-être, n’en pense pas moins mais le silence est toujours difficile à interpréter et sujet à erreurs multiples. Voici la réalité telle qu’elle se dévoile, qui n’est guère différente de celle que nous connaissons dans notre environnement familier :

 

la qualité est rare,

la quantité foisonne

comme l’eût énoncé ce

bon Monsieur de La Palice.

 

   Il n’y a pas lieu de s’en plaindre même si ce que j’exprime ne se dispense guère d’une critique, peut-être même, parfois, se teinte d’une juste frustration. J’aimerais tant, parfois, que la « monnaie de singe » soit troquée en « espèces trébuchantes et sonnantes » (n’entendez pas une rétribution économique), seulement cette reconnaissance si bien mise en évidence par le génie de Hegel dans la construction de la conscience de Soi.

  

   Ici, après ce long bavardage qui présente le visage de quelque épanchement affectif, vous remerciant encore mille fois pour votre gentillesse et comme contre-don qui clôturera ma parole, je cite ci-après l’un de vos Poèmes qui brille de mille feux et témoigne d’une conscience attentive à une marche éclairée du Monde :

  

   « Et si, pour survivre au-delà de tout, je risquais l’égarement ? Que j’appareillais vers l’inaccessible et mettais voiles au plein sens ? Que trouverais-je au-delà de l’horizon visible ?

Ramènerais-je en mes cales

Quelques trésors si fabuleux

Qu’ils n’attendaient que cette escale

Au périple de mon esquif

Pour me laisser les découvrir ?

Ou sombrerais-je dans les abysses

Tristes et solitaires du rêve

Comme tant de ces barques de lunes

En quête d’aurore boréales

Comme tant de ces bateaux de brume

Survivants de l’imaginaire

Que l’on enfante dans l’éther

Entre l’espoir et l’amertume

Hantant les lueurs vespérales

Des feux Saint-Elme qui se consument

À se dissoudre dans leurs voiles

Évanescentes comme l’écume ?

Comme tant de ces vaisseaux précieux

Aux bois de rose ou de santal

Ceux qu’on incruste d’or massif

Qui cherchent des routes aux étoiles

Qui bravent corsaires et mistral

Pour des louis d’or et des épices

Ou voguent en des eaux d’infortunes

Qu’azurent des soleils excessifs

Sans autres haleines qui les essoufflent

Que vents qui tiennent dans un souffle

Mais qui se condamnent au naufrage

Pour n’avoir su se prémunir

Contre les dangers du voyage

Ni mouiller l’ancre en quelques terres

En quelques havres, quelques rivages

Et qui reposent leurs épaves

Au linceul de toutes les mers

Aux lits desquelles elles s’enclavent

Pour ne laisser de leurs sillages

Que ces lambeaux d’écumes brèves

Aux tombeaux de chaque récif ?

 

   Comment un texte d’une telle tenue pourrait-il se passer, logiquement, rationnellement, mais aussi affectivement d’un évident contre-don ? Et, pourtant, dès que le niveau d’écriture s’élève, que la pensée brille par son ample déploiement, les sentiers se font rares en Marcheurs et Marcheuses prêts à confronter l’abîme toujours ouvert du sens. Que dire après ces mots aux belles facettes de cristal qui n’en obombrerait la subtile luminescence ? Cependant qu’il me soit permis de placer à l’épilogue de mes méditations, cette réflexion qui est vôtre, qui résume excellement ce que j’ai essayé de dire avec tant de laborieuse incertitude et, peut-être, d’amertume et de désillusion face à un Monde bien trop préoccupé de soi, qui n’a de cesse, tel Narcisse, de se mirer dans l’eau qui en reflète le mirage. Mais, énonçant ceci, après une longue considération de mes écrits, ne suis-je, moi-même, ce Narcisse que je récuse ? Mais que la proche altérité de votre parole vienne ici me rejoindre et me porter vers cette entière beauté que vos mots distillent à la façon d’une belle et troublante ambroisie :

 

« Ramènerais-je en mes cales

Quelques trésors si fabuleux »

 

En attente de l’Autre, ne sommes-nous,

faute de nous l’avouer clairement,

uniquement en attente de Nous ?

Don et contre-don

Des deux mains qui s’étreignent ici,

laquelle reçoit l’Autre,

laquelle est reçue ?

Y a-t-il homologie des intentions,

 des émotions, des ressentis ?

L’étreinte partage-t-elle avec équité

le souci de la pure Amitié ?

 

   Ici, nous ne pouvons que questionner et nous poster à l’orée de cette interrogation tant l’exister ne nous assure de rien, nous visite seulement comme l’oiseau fend l’air qui se referme sur lui et ne laisse, dans le trajet du Ciel, qu’une place vide !

 

Oui, le vide est à combler incessamment,

la solitude est immense qui replie autour de nous

 ses ailes de carton et de suie.

Vous voulons de la LUMIÈRE,

rien que de la LUMIÈRE !

 

Merci, Nathalie, de nous en offrir

Ces subtils éclats

Ils vont droit au cœur

 

CORDIALEMENT

 

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