Vous êtes dans le pli de vos draps.
Seulement attentif à votre corps,
à la liane qui l’attache encore
au murmure de la nuit.
Au-dessus de votre tête,
c’est comme un ruissellement
de gouttes claires,
une sudation perlant des murs.
Pleurs sur la paroi de calcite
et la grotte s’illumine
de votre désir de paraître.
Long a été l’hiver,
froide la saison,
gourds vos doigts
dans la préhension du monde.
Soudée, votre langue,
dans les mailles du silence.
Cela remue en vous
dans le genre d’un lac
qui voudrait quitter ses rives
et s’écouler en plein ciel,
dans l’air tissé de cristal.
Vous avez basculé, maintenant.
Vous êtes passé
de l’autre côté du réel,
de votre massif de chair occluse.
Vous êtes dans les choses,
dans la conscience sylvestre de l’arbre,
la douce agitation des herbes,
le soufre des arbres,
le gris-bleu des ombres,
l’espace libre de l’air,
la pure joie d’exister
et plus rien ne vous retient du côté
de ce qui se retire et ne montre
que les coutures de la vacuité.
Vous êtes la rivière
et l’onde qui s’écoule,
la cascade blanche,
l’écluse que franchissent les hommes,
la corolle des nymphéas,
le tremblement de la main de Monet
sur la toile fécondée de couleurs,
vous êtes l’ultime vibration
au-delà de laquelle
meurt le langage.
Là est le recueil du silence
devant la pure beauté.
Vous êtes le temps qui passe
et ne vous en apercevez pas.