Sculptures
François Dupuis
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Cela se dit depuis le sombre
Cela se dit en ombres et lumière
Cela se donne en clair-obscur
Cet éclair de la conscience
Où tout surgit de la Nuit
Où tout s’octroie
Dans la pure joie
D’être au monde
Cela appelle
Et se retire
D’un unique
Mouvement
De l’être
*
C’EST
Soudain
Et il n’y a plus rien
A ajouter
A retirer
C’est dans la Présence
Là devant la sphère lisse des yeux
Cela questionne
Et se dissimule
Au creux du secret
Cela fuit en-deçà
De qui nous sommes
Au hasard des rencontres
A la confluence des chemins
*
Egarés on l’est un peu
Car on ne sait à QUI on a affaire
La raison de cette Terre levée
En sa plus réelle hauteur
Ce Visage d’ébène
Nuitamment arrivé
Cette Forme de plâtre
Au rictus salutaire
Aux yeux emplis de vide
Au corps torturé
*
Faut-il que nous soyons absents
À nous-mêmes
Pour n’y point reconnaître
Notre propre icône
Dans le Temps qui vient
Creuse nos orbites
Évide notre crâne
Ce Temps fossoyeur
Qui nous prive de notre être
Lui destinant pourtant
Cet immédiat avenir
Par lequel il se dit au monde
*
Et cette Déesse de bronze
Aux athlétiques rumeurs
Cette Illuminée depuis
Son intérieur
- Mais quelle source votive
Se dissimule donc en elle
Quelle majestueuse rosée
Dont elle fait offrande
A notre corps désirant -
Cette Suppliciée
Que la clarté visite
Que la nuit enrobe
De son mortel silence
Que le jour porte
À son mystérieux projet
Bouquet de cheveux
Que touche la grâce du jour
*
Ici tout contre les reflets
Assourdis du tain
Se détachent de divines
Et miroitantes postures
Plus accoutumées à la discrétion
D’une chambre lunaire
Qu’aux tumultes solaires
*
Elles ces idoles matérielles
Qu’ont-elles à nous dire
Qui étancherait notre soif
De connaissance
Rassasierait la pliure mortelle
De notre plaie à l’âme
Nous en sentons la nécessité
Mais ne trouvons nul mot
Pour en célébrer ici
L’infinie constance
*
Soudain la lumière s’éteint
La ténèbre envahit tout
De son voile gris
N’émerge que l’onde
De l’imaginaire
Sa confondante errance
Sa manie spoliatrice
Du Réel
*
On avance à tâtons
On suppute ici la passée de l’être
Là le glissement d’un spectre
Ou le brouillard d’un songe
Que sont devenues
Ces petites figurines
Ces modestes apparitions
Parlent-elles hors de nous
Dansent-elles une gigue dionysiaque
Prient-elles un dieu absent
Honorent-elles Apollon
Sa lyre en corne de tortue
Qui vient « dissiper les noirs chagrins »
Ou bien confient-elles leur destin
A Hypnos celui qui endort
Tous les dieux
Zeus et Océan confondus
Se change en oiseau
Sème au firmament des Hommes
Les étoiles du rêve
Les délices du rien
Où tout vogue dans
Une bienheureuse inconscience
Cette antichambre de la Mort
Qui nous tient éveillés au seuil
De notre propre Visage
Ne serions-nous simple épiphanie
Du Néant
En attente d’être
Qui donc pourrait le dire
Hormis les muets
Qui donc