« Still in the dark »
Photographie : Alain Beauvois
***
C’était ceci qui vrillait l’esprit
Cette initiale lueur
Dont on ne savait rien
Cela partait de loin
Cela glissait longtemps
Cela faisait son énigme
Comme si
Depuis toujours
Une onde vous traversait
Dont vous ignoriez la trace
Ne soupçonniez la ductile empreinte
Au sein même du fortin
De peau et de chair
***
Cela faisait
Sa Petite Musique de Nuit
Son clair ruisseau
Cheminant depuis l’aube du Temps
Une sourde réminiscence
A l’orée de la conscience
Une feuille tombant
Dans le luxe d’une lumière
D’automne
***
Il y avait tant de paix
Recueillie dans la conque nocturne
Tant d’yeux éteints
Sur la courbe du firmament
Tant de joie ouverte
Là à portée des yeux
Là dans l’anse disponible
De la main
Là dans le creux de l’oreille
Qui vibrait au rythme
Du Silence
***
Oui c’était un grand bonheur
Que d’être là
Sans certitude aucune
Là dans l’accueil de l’être
Porté infiniment
A ce qui adviendrait
Qui ne pouvait s’illustrer
Que sous la figure
D’une vacance
Signe inaugural
D’une Liberté
Qui ne disait son nom
Mais se postait à l’angle
De la Nuit
Dans sa ressource
La plus réelle
***
Que restait-il à faire
Sinon flotter entre
Ciel et Terre
Attendant l’Etoile
Devinant la parole glacée
De la Lune
S’accordant au souffle
De clarté qui tombait
Des nuages
Gagnait l’eau en
Son unique reptation
Elle voulait dire
Le Passage
La fragilité
La question jamais résolue
De sa Place ici
Parmi les congères d’incertitude
Les injonctions muettes
Des astres
La marche du cosmos
Dans l’ordonnancement du Monde
***
On demeurait en soi
Dans la confiance de sa passée
On demeurait et on cherchait
La Dimension
La Seule qui nous installerait
En nous
Dans cette aire bienveillante
Qui girait sans cesse
Et nous distrayait
Parfois
De notre exact
Cheminement
***
On regardait la plaine frémissante
De l’Eau
En son étrange parcours
Cela rayonnait en soi
On aurait cru un feu
Un fanal intérieur
Nous disant notre amer
On cherchait le Temps
A la lueur des Eaux Vives
Il était là
Devant
Derrière
Tout autour
Il était là sans délai
Il dessinait la clairière de notre peau
Il sculptait la glaise de notre corps
Il portait en nos yeux
L’ineffable clair-obscur
Des choses sans détour
Au creux de nous
A la source efficiente
Qui sourdait
Pareille
A une pluie
De comètes
Oui
De
Comètes
Il n’y avait que ceci
A dire du Temps
Rien de plus que l’Être
L’orbe du Néant
Dans la pureté du Lieu
Une Attente