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6 juillet 2020 1 06 /07 /juillet /2020 08:17
Ici dans l’avenue de l’être

                Photographie : John Charles Arnold

 

 

***

 

 

On pourrait écrire

 

Branche-Lune-Givre

 

Et l’on aurait dit

Le tout du monde

Celui qui nous regarde

De son œil atone

Depuis le lointain

Où il paraît

Etrange

Séparé

 

*

 

Sais-tu combien le jour est

Cette obole miraculeuse

Cette naissance inaperçue

Ce faible tremblement à l’orée

De l’être qui ne connaît

Ni son heure

Ni la trace qui le porte

Au-devant de lui

Dans la marée

A peine ouverte

Des choses

 

*

 

On est livré au sommeil

On est accordé au rêve

Plein d’indulgence

Pour ce corps meurtri

LE SIEN

Le seul qu’on possède jamais

Qui dérive dans les plis

Encore inaccomplis

De l’aube

 

*

 

Branche-Lune-Givre

 

Le corps n’exulte plus

Après le combat de l’amour

Le corps se retire en son carquois

Ses flèches émoussées

N’ont plus de cible qu’elles-mêmes

Une chute dans le néant

Une perte de soi

Dans l’autre retiré

 

*

 

Pourquoi au seuil du jour

Faut-il que ce corps de l’amante

Ici alangui dans le blanc du drap

Soit ce territoire perdu

Cette puissance soudain

 Indomptée

Cet isthme rompu

Dont peut-être

On n’aura plus que l’image

Logée dans le dôme de l’oeil

Pareille à une poussière d’albâtre

Semée dans le vent acide

De la marâtre folie

 

*

 

On pourrait écrire

 

Branche-Lune-Givre

 

Et l’on n’aurait

Donné lieu

Qu’à  l’immense solitude

Qui étreint les êtres

Au sortir de la Nuit

Tout juste issus

De ce ventre maternel

Cet abri amniotique

Qui nous berce

De ses vagues hypnotiques

Nous appelle comme

 Ses surgeons

Abandonnés au diapason

Du péril de vivre

Ivres

 

*

 

Sais-tu combien le voyage

Est risqué

Qui de l’un à l’autre

Tend le filin de l’impossible

 Unité

As-tu au moins été

Dans le sombre creuset

Où nous avions de conserve

Sombré

Cette conscience ouverte

Cet accueil autre que

De toi à toi

 

*

 

L’être est si plein

Si sphérique

Qui jamais ne se scinde

Se veut seulement

Monadique

Ce haut météore

Que même les étoiles

Jamais n’atteignent

Fût-ce au plein de l’aurore

 

*

 

Branche-Lune-Givre

 

L’être peut-on le graver

Ailleurs que dans l’airain

De la singularité

Il est tellement logé

Dans sa propre vérité

Si beau dans le cristal

De sa félicité

Des lianes de ses bras

On n’en peut éprouver

Que l’envol obsidional

Des griffes de ses mains

Que l’essor adamantin

 

*

 

On pourrait écrire

 

Branche-Lune-Givre

 

Aussi bien tracer

L’amphore d’une hanche

Elever au ciel

La courbure de la dune

Faire rutiler

Le maroquin d’un livre

On n’aurait fait que rimer

S’escrimer

A tracer

Sur le voile du jour

Cet immense détour

Ce cercle infini

Qui ne revient qu’à soi

 

Branche-Lune-Givre

 

Puisque l’autre n’est en soi

Que le reflet

Que le tain nous renvoie

Cette figure finie

Avec laquelle on est en deuil

Jamais on ne déserte

De soi le seuil

Tout le reste n’est

Que trompe-l’œil

 

Branche-Lune-Givre

 

*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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