Oui, une œuvre existe au même titre que vous et moi. Elle est insérée dans le réel, elle modifie le monde en un certain sens puisqu’elle en métamorphose le cours paisible. En effet, chaque chose tirée de la nasse insondable du néant, a réelle valeur ontologique.
Elle est ici et là
en son incoercible présence.
Elle demande à être regardée.
Elle demande à être entendue.
Elle demande à être reconnue.
A être regardée car chaque chose
ne peut venir en présence qu’à être vue.
Ne le serait-elle qu’elle n’aurait plus de valeur
que cette irisation de brume
s’élevant du vallon et se perdant
sur la vitre lisse du ciel,
surface anonyme
qui ne fait face qu’à l’aune
du nuage qui s’y imprime,
de l’oiseau qui en raie
l’immensité océanique.
A être entendue car le langage est le motif
au gré duquel une chose peut se signifier
et dire le dessein de sa venue.
A être reconnue car il est nécessaire
qu’une altérité témoigne d’une chose,
en déploie l’exister si mince,
il pourrait disparaître
au premier souffle du vent.