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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 09:18

LETTRE AUX GUETTEURS DE LUMIERE

 

 

Non, ne le niez pas, vous la possédez depuis l'enfance cette manière de vérité. Déjà elle vous habitait du temps de votre repli fœtal, au sein de la grotte amniotique. Déjà, au-dessus de votre fragile fontanelle, se déployait un dôme de lumière diaphane, opalescente. Vous en étiez éclairé de l'intérieur. Cela faisait de rapides trajets, depuis la boule informe de votre tête jusqu'à la nervure des orteils. Cela fusait de vos yeux aveugles et soudés, cela détourait vos mains jointives et transparentes comme l'ambre, cela sinuait dans le lacis de votre ventre, cela s'étoilait dans les rhizomes de vos nerfs, cela battait doucement comme l'écume sur les rochers de lave. Vous n'aviez rien d'autre à faire que de vous laisser aller à la migration de la clarté, de disposer votre peau translucide à l'avancée de la lumière. Rien d'autre à faire. Un suspens seulement. Une attente de l'événement. Une passivité ouverte. Une affinité occupée à son propre déploiement. Une pure conscience végétative livrée aux eaux originelles. Tout ceci vous habitait si naturellement, d'une façon si enveloppante, comme une deuxième peau, comme un souffle déplissant vos alvéoles. Cela coulait en vous dans le genre d'une lymphe baignant vos vaisseaux, vos cellules. Tout au long du cordon qui vous reliait à la vie, le patient voyage des nutriments, l'avancée de l'oxygène, la diffusion de l'eau, le fourmillement des globules, tout ceci n'était que la mise en scène de la lumière, de son long métabolisme, de sa volonté de coloniser jusqu'à la plus infime de vos parcelles, jusqu'au dernier atome de votre territoire de chair et de sang.

 

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