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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 16:16

 

Honnies soient qui mâles y pensent (31) 

 

 

 Les dix années qui suivirent la révélation de la nouvelle se passèrent sans heurts et sans qu’aucun motif particulier vînt assombrir le quotidien des protagonistes de La Marline de Clairvaux. Yvette-Charline demeurait entourée de son cercle d’amies. Monsieur le Comte vaquait toujours à ses occupations, plus occupé à parcourir ses terres solognotes qu’à visiter la Capitale où il allait parfois négocier avec les Chemins de Fer, profitant de l’occasion pour rejoindre le quartier des Halles et déguster une soupe à l’oignon en compagnie de Symphorien et Segondine, lesquels avaient été désignés parrain et marraine du petit Calinpe qui, dans l’intervalle, était devenu grand.

  Calinpe venait d’ailleurs de terminer brillamment ses études à l’Ecole Normale et s’apprêtait à remplacer, comme Instituteur débutant, Monsieur Labasque-Dentain dont l’âge de la retraite approchait.

  Marie-Grâce s’était parfaitement accommodée au mode de vie de Labastide, de l’encadrement de son « intendant » à qui elle reprochait, toutefois, une certaine austérité liée, semblait-il, à un tempérament parfois taciturne.

  Le Docteur Charles d’Yvetot, emporté par une tuberculose, reposait dans le cimetière de Labastide,  tout près de la tombe familiale des de Lamothe-Najac dont il avait été, sa vie durant, un fidèle serviteur.                                                                                                                                                                                                                 

 Le nouveau Docteur, Artémis de Lalande, remplissait sa tâche avec conscience et efficacité, surtout préoccupé par l’emphysème de Monsieur le Comte, qui le tenait alité des jours durant, le souffle court, la poitrine oppressée.

  La troisième année qui suivit la nomination de Calinpe comme Instituteur titulaire à l’école de Labastide, fut marquée par un événement qui, pour n’avoir pas de retentissement dans la bourgeoisie solognote, ne manqua point de chambouler les habitudes de La Marline. Les noces d’Anselme Gindron et de Marie-Grâce des Bruyères furent célébrées en la chapelle de La Devinière dont, jusqu’ici, il n’a pas été fait mention, pour la simple raison que l’édifice, en état de ruine avancée, ne présentait plus aucun des attributs lié à son office, et que Monsieur le Comte avait patiemment fait reconstruire, pierre à pierre, afin que la célébration à laquelle il la destinait secrètement depuis des années, fût à la hauteur de ses espérances. Car, Monsieur le Comte, depuis belle lurette, n’entretenait plus de relation amoureuse avec son ancienne amante, bien que leur amitié gardât encore de belles traces de leurs amours anciennes, mais l’âge avançant, l’hôte de La Marline pensait que son Régisseur, fidèle et doué de remarquables qualités, constituait l’époux incontournable que Marie-Grâce gagnerait à prendre pour compagnon. A la façon  d’une partie d’échecs, Fénelon, en toute bonne foi, et doué de louables intentions, avait disposé, à l’intérieur et aux environs immédiats de La Marline, les points cardinaux de son existence.

  Le huitième mois qui suivit le mariage d’Anselme et de Marie-Grâce vit la naissance de Sigismond, enfant légèrement prématuré, dont le Docteur Artémis de Lalande assura qu’il ne porterait aucune séquelle de sa naissance précoce, sauf, peut être, une petite immaturité qu’il supposait compensée d’avance par la qualité du cadre familial et le milieu de vie stimulant que lui offrirait le Manoir solognot.

 


 

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