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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 09:41

La Chair du Milieu

ou

les pierres vives du sens

lpvds 

Source : La Boîte Verte.

Peinture de gemme : 
Carly Waito.

 

                                                                                      Cet article est dédié à mon Ami JPL

 

 

  [Quelques mots sur le choix de l'illustration. Carly, artiste installée à Toronto, réalise de petits tableaux hyper réalistes de gemmes et minéraux avec une telle minutie, un tel art du détail, de la réflexion de la lumière, de la structure géométrique que nous sommes directement exposés à l'essence de la matérialité dans une manière de "ravissement esthétique", notre regard éprouvant quelque difficulté à se séparer de ce qui peut paraître représentation exacte de la réalité, mais surtout, mise en œuvre d'une vérité.

  Tant et si bien que si l'on nous demandait de faire surgir, par la seule force de notre intellect, par la puissance de notre imaginaire, là, devant nous, la configuration symbolique de ce que la perfection, la beauté pourraient donner à voir, eh bien se livrerait à notre vision, dans une manière d'étonnement, en même temps que de délectation, cette sublime gemme aux facettes à proprement parler fascinantes. Nous serions alors si proches d'une beauté éternelle que nos sens alertés se porteraient immédiatement au devant des Idées platoniciennes, parangon plus que parfait de ce que le Beau révélé peut porter en soi de significations latentes mais qui ne demandent jamais qu'à surgir.

   Nous aurions alors une idée assez précise de ce que l'énigmatique formule de "Chair du Milieu" veut nous donner à penser. La gemme est cette pure essence qui, provenant du feu essentiel cosmique, passe par différentes étapes métamorphiques, avant que de nous parvenir sous cette forme épurée, synthétique, merveilleux assemblage de faces signifiantes, nervures hautement visibles du sens, comme une métaphore de ce qui toujours nous parle depuis sa mutité, sa compacité afin que, dotés du regard adéquat, nous nous risquions à pénétrer dans le cœur vif d'un langage originel.]

  La Chair du Milieu, cette mythologie concrète, hautement jouissive, palpable, éployable en milliers de figures, en quantité de fragments polychromes, tous les jours nous en faisons l'expérience avec notre intellect, nos affects, notre sexe, notre physiologie, notre expérience d'être mais nous n'y prenons garde, nous l'ignorons, le sachant ou bien à notre insu. Mais, avant d'en préciser la teneur, il faut, comme toujours, remonter aux fondements, aux premières émergences de ce qui m'apparaît, aujourd'hui, digne de recevoir le prédicat de "concept", tant il y a à connaître à partir de cette Chair. Le "pèlerinage aux sources" sera celui d'un retour sur des terres adolescentes, lesquelles, comme chacun sait, sont les premières efflorescences d'un sens qui, la vie durant, s'édifiera, se sédimentera couche après couche, lentement, souvent d'une manière subliminale et, un jour, de l'intuition première surgira une manière de plénitude existentielle, de système disposé à l'accueil d'une philosophie. Rien de moins que cela : l'ouverture d'une clairière à cela qui veut bien se montrer des phénomènes de la nature, de l'art, de la littérature, du poème.

  Donc il faut se reporter bien en arrière du temps, à une époque où la justesse des choses aussi bien que leur simplicité signaient une qualité de vie totalement disposée à accueillir le rare, le modeste, l'étonnement aussi, cette qualité première de toute pensée s'orientant vers une connaissance en profondeur du réel, mais aussi bien de l'imaginaire, et, bien évidemment du symbolique. Il y avait alors, en dehors de tout penchant légitimé par une inévitable nostalgie, correspondance spontanée des êtres et des choses, plaisir mutuel du partage, inclination à l'aventure immédiatement à portée de la main (le proche suffisait à notre propre éloignement des contingences, à notre voyage en terre d'Utopie), tentation d'expérimenter, dans la mesure ordinaire, toute nouvelle piste dont la finalité était, simplement, d'ouvrir nos yeux sur le monde environnant.

  Mai 68 et ses convulsions n'étaient encore qu'une vague brume à l'horizon. La société, le style de vie, la mode, la façon de penser, de se comporter, pour tout dire nos racines, tout cela s'enlevait sur le fond de la période d'après guerre et les sentiers de notre modernité d'alors avaient pour noms : Sartre; Camus; Jean Gabin; Brel; Brassens; Mouloudji; Ferré; Serge Reggiani; Serge Gainsbourg; Jane Birkin; la Nouvelle Vague pour ne citer que quelques pistes éclairantes. Les villes n'étaient pas encore d'immenses conurbations aux ramifications complexes, les voitures ressemblaient à de vraies automobiles faites amoureusement "à la main", les cinémas avaient des "ouvreuses", les bistrots une âme et Prévert aurait  encore pu déclamer ses poèmes sur les toits de Paris, cigarette au bec, sans que personne ne s'en fût offusqué. Il y avait place pour une liberté, de la chanson, de la parole, de la fantaisie. Les villages étaient des villages, avec leurs mairies, leur écoles Jules Ferry, leurs cafés où, le dimanche, on venait jouer au billard, à la belote, à la manille en sirotant son "Picon-citron".

 

 

 

 

                                                                        

 

 

 

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