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4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 09:30

 

Les couleurs du fondement. (9° Partie)

 

 

 

  Que nous y consentions ou non, nous sommes toujours dans l'inquiétude d'être. La Question métaphysique en étant la perspective la plus visible. C'est de cette Question dont, à tout moment, nous devons être pénétrés afin d'accéder à l'Exister et ne pas demeurer dans les pesanteurs du Vivre .

  Nous chercherons, ainsi, à nous absenter de tout ce qui gire dans l'orbe de la quotidienneté avec sa succession de clignotements abscons, NOIR - BLANC - NOIR - BLANC, appelant ce GRIS intermédiaire, l'unique voie de passage nous intimant à connaître ce dont l'être est constamment pourvu et que notre entêtement à ne pas voir dissimule sous des voiles d'inconnaissance, alors que l'évidence du sens est si proche, nous brûlant constamment de son urgence à paraître.

  Pourtant du GRIS, nous sommes constamment entourés, mais c'est nous qui ne savons pas le reconnaître, en faire notre demeure. Car tout réside dans la façon d'habiter la demeure que nous sommes, d'habiter le monde ensuite. Et l'habiter avec plénitude passe par des voies multiples, lesquelles peuvent être aussi simples que de regarder la lumière faire sa glaçure sur l'arrondi du galet, mais, aussi bien, se placer en situation de comprendre la pensée complexe, la théorie inventive, le concept ouvert, la sublime métamorphose, les subtilités du métabolisme, les phénomènes de plasticité humaine, les glissements successifs du sens, du secret au révélé, de l'ésotérique à l'exotérique.

  Le problème du sens, c'est que, la plupart du temps, il n'est pas directement saisissable. Il y faut au moins une attention, le recours à une propédeutique, l'acceptation de la remise en question des évidences dont le réel nous abreuve sans, pour autant, qu'il nous donne les clés de compréhension qui, en toute logique, devraient y être afférentes de manière à ce que nous puissions en réaliser une lecture adéquate. Mais bien des choses de ce fameux réel se présentent à nous comme les hiéroglyphes se montraient à Champollion dans toute leur charge de mystère. Et c'est bien cette dimension de sens caché qui en fait tout l'intérêt. Qu'aurions-nous à chercher si tout, d'emblée, avait reçu son empreinte définitive ? Nous n'aurions plus de question à nous poser et, de facto, le langage, cette essence singulière marquant l'homme de son sceau, n'aurait plus à rayonner. Une aporie et nulle autre chose.

  Tout ce qui a été évoqué précédemment dans cet article concourt à apporter un "supplément d'âme", à proposer un tremplin à partir duquel mobiliser la pensée, une ouverture dont le regard pourra se saisir afin que la conscience mobilise de nouveaux territoires. Bien évidemment la profusion des propositions peut paraître déconcertante, mais ce n'est qu'à l'aune d'une telle amplitude que peut se révéler l'immense champ éclairant-éclairé que nous serons amenés à investir si nous consentons à pénétrer dans la "multiple splendeur" dont, par essence, nous devons être les révélateurs. Abandonnant le NOIR et le BLANC à leur naturelle mutité, c'est au GRIS que nous demanderons de déployer la symphonie du monde. Celle-ci empruntera quantité de chemins dont, par définition, nous n'épuiserons jamais les ressources.

  Quelques pistes ont été données, celle du barzakh ou perception imaginative; de la raison sensible; de la géopoétique; de la chôra platonicienne; de la coïncidence des opposés; de l'hypothèse Gaïa; de la noosphère; du sentiment océanique; de la révélation mystique de Saint Jean; de la nuit d'extase pascalienne; des mythes; de la question fondamentale leibnizienne et, bien évidemment, la liste n'en est pas exhaustive. Elle dépend bien plus d'un choix affinitaire que des conclusions d'une logique.

  Le fil rouge, le dénominateur commun qui relie tous ces essais de compréhension de ce qui nous fait face, tient dans le fait qu'ils résultent d'une simple volonté de ne pas limiter notre cheminement sur terre au fait de vivre selon notre seul métabolisme, identiquement aux battements de cils de la diatomée, mais d'ouvrir un colloque singulier avec l'exister dans toute la profondeur de ce que ce terme veut dire, essentiellement depuis que la pensée des Philosophes est passée de la conception cartésienne instaurant la dualité corps /esprit et la raison comme moteur de l'entendement, à une philosophie plus soucieuse de s'enquérir de ce qui se dissimulait sous les apparences en tant que chair subtile du monde, sens ultime des choses comme, seule la phénoménologie a su l'envisager.

  Mais, de façon à surgir au plus près de ce qui voudrait se dire, il faut abandonner les considérations abstraites et se référer à quelque expérience concrète. Considérer le Vivant et l'Existant en tant qu'esquisses sensiblement différentes de la figure humaine, surtout dans leur relation à un mode de vie ou bien d'exister. A cette fin, nous convoquerons l'œuvre d'art, un tableau par exemple, que nous aborderons selon deux modes distincts, celui du Vivant, celui de l'Existant.

  Le Vivant regarde l'œuvre dans sa pure apparition compacte, matérielle, superpositions de couches de peinture et d'aplats de couleurs, dans sa matérialité donc, ce qui revient à dire que sa visée est d'ordre ESTHETIQUE, qu'il ne cherche à y percevoir qu'une manière de dialectique abrupte dont ne se dégagent que les formes  du BLANC et du NOIR, fermées sur elles-mêmes.

  L'Existant, vise la même œuvre mais d'une façon essentielle, en découvrant sous la surface esthétique l'empreinte ETHIQUE qui l'anime et l'assure d'une vérité : la façon qu'a l'œuvre, dans son dessein d'authenticité, de correspondre à son essence.

  Ainsi, le décalage entre VIVRE et EXISTER pourra analogiquement être rapporté à la différence s'instaurant entre la perception d'une FORME de nature plastique et le FOND qui la sous-tend et qui peut se décliner à l'aune de tous les prédicats concourant à en établir la signification intime. L'ordre de ladite signification passe, dès lors, du simple constat de la présence à la compréhension de ce que cette dernière signifie pour nous, en tant que nous sommes des singularités en quête d'une nécessaire complexité.

  Rapportée au Poème, cette réflexion fait le constat suivant : Si le Vivant n'en perçoit que le rythme, la cadence, la prosodie, le chant du langage, l'Existant, lui, en décrypte la mélodie inaperçue du monde.

 

 

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