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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 16:53

 

Comment le nom fut imposé à
Gargantua : et comment
il humoyt le piot.  
Chapitre. vi
Vignette 8
E bonhomme Grantgousier beuvant, et se rigollant avecques les aultres entendit le cris horrible que son filz avoit faict entrant en lumière de ce monde, quand il brasmoit demandant à boyre/ à boyre/ à boyre/ dont il dist, que grant tu as, supple le gousier. Ce que oyans les assistans, dirent que vrayment il debvoit avoir par ce le nom Gargantua, puis que telle avoyt esté la première parole de son père à sa nativité, à l’imitation et exemple des anciens Hebreux. À quoy fut condescendu par icelluy, & pleut tresbien à sa mère. Et pour l’appaiser, luy donnèrent à boyre à tirelarigot, et feut porté sus les fonts, et là baptisé, comme est la coustume des bons christians. Et luy feurent ordonnées dix et sept mille neuf cens vaches de Pautille, et de Brehemond : pour l’alaicter ordinairement, car de trouver une nourrice convenente n’estoit possible en tout le pais, consideré la grande quantité, de laict requis pour icelluy alimenter. Combien qu’aulcuns  docteurs Scotistes ayent affermé que sa mère l’alaicta, et qu’elle pouvoit trayre de ses mammelles quatorze cens pippes de laict pour chascune fois. Ce que n’est vraysemblable. Et a esté la proposition declarée par Sorbone scandaleuse, et des pitoyables aureilles offensive, et sentant de loing heresie. En cest estat passa iusques à un an et dix moys, en quel temps par le conseil des medicins on commencza le porter, & fut faicte une belle charrette à bœufz par l’invention de Iean Denyau, et là dedans on le pourmenoit par cy/ par là, ioyeusement & le faisoyt bon veoir car il portoit bonne troigne, et avoyt presque dix et huyt mentons : & ne cryoit que bien peu, mais il se couchioyt à toutes heures, car il estoit merveilleusement phlegmaticque des fesses, tant de sa complexion naturelle, que de la disposition accidentale qui luy estoit advenue par trop humer de purée Septembrale. Et n’en humoyt poinct sans cause. Car s’il advenoyt qu’il feut despit, courroussé, faché, ou marry, s’il trepignoyt/ s’il pleuroyt, s’il cryoit, luy aportant à boyre, l’on le remettoyt en nature, & soubdain demouroyt quoy et ioyeux. Une de ses gouvernantes m’a dict, que de ce fayre il estoyt tant coustumier, qu’au seul son des pinthes & flaccons, il entroyt en ecstase, comme s’il goustoyt les ioyes de paradis. En sorte qu’elles considerant ceste complexion divine pour le resiouyr au matin faisoyent davant luy donner des verres avecques un cousteau, ou des flaccons avecques leur toupon, ou des pinthes avecques leur couvercle. Auquel son il s’esguayoit, il tressailoit, & luy mesmes se bressoit en dodelinant de la teste, monichordisant des doigtz, & baritonant du cul.

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