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8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 10:00

 

Avant-Texte.

 

 

Le jour, issu de la nuit n'est jamais totalement transparent, limpide, il porte toujours en lui une part d'ombre irréductible. Il en est de même pour beaucoup de choses qui s'illustrent sous une nécessaire et inévitable frange d'ambiguïté, souvent de contradiction interne. De cela il nous faut être conscients, sauf à vouloir s'ouvrir à de terribles désillusions. Le corail de l'oursin ne nous devient accessible qu'après qu'on a pris soin de le débarrasser de ses piquants. Toute réalité porte son revers, toute vérité est urticante. La femme, pour exceptionnelle qu'elle est, n'échappe pas à cette immuable règle. Parfois admirable, parfois tutoyant l'innommable. Le texte qui vous est proposé ci-après suit donc une pente déclive qui, de la femme majuscule choit dans la femme minuscule. C'est violent, dérangeant, c'est comme de sombrer soudain dans un abîme. Et pourtant, seulement en raison de ce risque toujours patent de découvrir ce qui se joue en coulisses, nous condamnerions-nous à ne regarder les choses, les êtres qu' à l'aune de leur face brillante, éclairée ? Certainement pas. Toujours confronter l'ombre à la lumière afin que la totalité de l'énonciation, du jugement, de l'estimation nous place face à notre humaine responsabilité.

Toute femme est un cosmos.
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 Le cosmos antique et médiéval dépeint

      dans la Cosmographia 

de Petrus Apianus (Antwerp, 1539).

                                                                                                   Source : Wikimédia.

 

NB : Cet article s'inspire essentiellement des images et du contenu du diaporama de présentation d'Emma Austen, d'Eléa Mannell, visible sur sa page Facebookhttps://www.facebook.com/photo.php?v=656657291015361

 

  D'emblée, nous disons, "toute femme est un cosmos", afin de situer le sujet à la place qu'il mérite. Dans le "Kosmos", les anciens Grecs voyaient un ensemble harmonieux, clos sur lui-même, donc une entité en soi, identiquement à l'image de circularité, de sphère associée à toute représentation de l'univers perceptible. Or, déjà, à cet énoncé, nous sentons bien que nous sommes dans une manière de plénitude, de recherche de ce qui pourrait signifier du dedans, sans qu'il soit nécessaire d'aller chercher ailleurs quelque motif d'explication supplémentaire. Mais, avant de progresser dans l'argumentation, il convient de procéder à une rapide mise en opposition de ce mot par rapport à ce qui, par nature, lui est antinomique, à savoir "le chaos". Or, ici, rien ne sera plus parlant que la définition étymologique précise de cette notion :"Confusion générale des éléments avant leur séparation et leur arrangement pour former le monde."

  Bien évidemment, nous ne saurions appliquer de tels prédicats à la mèrel'amantela fille. L'on conviendra volontiers que toute figure féminine, afin de réaliser son épiphanie sur la scène du monde, n'a nullement à sortir d'elle-même en vue de  récolter un "supplément d'âme" dans un hypothétique dehors. Entièrement réalisée, concrétion humaine transcendant le néant dont elle est issue, nulle femme n'est requise à assurer son équilibre par l'adjonction de quelque fragment qui lui ferait défaut. Elle est une totalité, donc indivisible à ce titre. Donc UNE. Donc entièrement lisible quelle que soit la position prise par l'observateur qui s'applique à en définir les contours. Seule la femme obérée par quelque affliction mentale pourrait apparaître sous les traits de la fragmentation schizophrénique, de l'incomplétude, du manque-à-être.

  Notre perception de sa nature propre  ne peut donc résulter que d'une approche globale, d'une conception holistique. Cependant nous avons toujours recours au subterfuge de la catégorie afin de décrire plus commodément une réalité qui, toujours, nous échappe. Ainsi fonctionne le géographe qui scinde la terre en fuseaux et autres méridiens. Ainsi procède l'anatomiste afin de décrire la sculpture humaine. Ainsi se rassure le philosophe posant devant lui, esprit, âme, corps, étendue, action, connaissance, de manière à porter à son achèvement sa tâche épistémologique.

  Mais, nous, hommes ordinaires qui avons continuellement commerce avec l'esquisse féminine, nous ne souhaitons jamais nous y prendre avec elle  comme avec un puzzle à reconstituer, mais réaliser une aperception d'emblée satisfaisante, cernée de sens.

 

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             Source : EMMA AUSTEN - Eléa Mannell.

 

 

  Une femme, c'est évidemment des jambes…   Jambes-lianes, jambes effusions charnelles faisant leur jonction depuis la conque amniotique pleine des bruissements de la mer jusqu'au socle de la Terre-Mère, jambes-racines  s'écoulant vers la materia prima grosse des énergies qui parcourent l'argile en direction de la silhouette humaine. Jambes gainées de soie et de résille par où le désir de l'Amant fera son ascension de lierre là où le Mont de Vénus est en attente de son ambroisie. Jambes réceptacles des yeux dilatés jusqu'à la mydriase alors que la vie fait son battement urticant, assourdissant. Jambes dédiées à la marche, aussi bien à la nuptiale qu'à la mortuaire puisqu'Eros ne saurait suffire seul à son déploiement, vampirisé qu'il est par Thanatos aux dents violemment muriatiques. Jambes qui enlacent, portent, rebondissent sans cesse sur la pelure spiralée du monde. Jambes entr'aperçues par des portes cochères ou bien dans le clair-obscur des cours patriciennes, prêtes au luxe, sans doute à la luxure. Mais d'élégante manière, symphonie de noir et blanc dans l'échancrure d'une robe pareille au velouté étrange de la rose-rubis. Jambes d'effroi, aussi, lorsque souffle la bise de l'ennui et que les trottoirs de ciment sont la seule étreinte possible dans la chambre aux murs jaunis, et l'amour vénal qui fait ses écoulements vénéneux dans les caniveaux sertis d'angoisse et de nullité infinie. Jambes-échasses qui essaient, dans une ultime tentative de saut, tragique, d'exciper de cette condition qui terrasse et touche au cœur ce qui existe et baudroie parmi les abysses glauques de la ville anonyme. Jambes abandonnées au piétinement  dans les immenses salles des pas perdus sur les agoras où soufflent, parfois, les vents acides de la folie. Jambes, jambes, jambes, que ne pouvez-nous nous étreindre en un resserrement hautement mortel, afin, qu'une fois, une seule, nous puissions enfin nous livrer, après la "petite mort", à la grande, la superbe délivrance, l'avenue de la suprême liberté, pareille à la Perspective Nevsky dans la glaçure du jour ! Toute femme est un cosmos.

 

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Source : EMMA AUSTEN - Eléa Mannell.

 

 Puis une main…  Main-météore qui lisse et polit le miroir du jour. Main-papillon qui butine le nectar des choses, glisse sur la courbure du front, relève une mèche rebelle, dépose du khôl  sur le mystère des yeux, ourle de carmin la douce pulpe des lèvres. Main-messagère qui dit la brièveté de l'aventure, l'éclair de la passion, le déclin de la joie, la clôture de l'espoir. Main-sébile qui attend le geste de la donation. Main-réceptacle à tout ce qui veut bien s'y échouer comme parution du monde, depuis la feuille nervurée jusqu'à l'écume oublieuse des mots. Main aux cinq doigts dressés pour dire la révolte, mais aussi la douleur de l'enfantement, mais aussi la joie d'accueillir, d'accompagner. Main-sémaphore qui porte le signal humain à  la pointe avancée de la conscience. Main de l'altérité au bout de laquelle se déploie le mystère apparitionnel. Main-écrin où s'inscrit la densité de la volupté, où s'émiette le destin, où se resserre la mince vérité partout fuyante. Main-éventail et alors s'y  réverbère tout ce qui croît et agrandit l'espace, aussi bien le vol rapide du colibri que la naissance de l'aube, ou le confondant opposé, la perte du sens, la misère multiple, les phalanges blanchies par l'égoïsme des hommes aux yeux hagards.Toute femme est un cosmos.

 

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 Source : EMMA AUSTEN - Eléa Mannell

 

 

  Ou encore une bouche… Bouche sirupeuse, insolente, confite d'incarnat, qui dit avant même l'étreinte, la violence de l'acte cru, sa proximité du néant, sa proche disparition alors que tout suffoque et ahane sur la peau sulfureuse des amants, sur l'arcade des dents prête à mordre, dans une manière d'arrogance mortelle, bouche-mante aux mandibules acérés, bouche-yatagan, sabres recourbés identiquement à la denture du tigre, bouche goulument disposée au dernier festin, après il n'y aura plus qu'un souffle vide et le râle post-mortem, car, voyez-vous, le souffle dernier ricoche éternellement sur l'encoche du temps, juste histoire de dire la parole ultime de l'homme, de la femme, dans leur  jouisseuse et identique sépulture, bouche-veuve noire à la gueule délirante, au voile quadrillant le regard perdu du monde, et alors quand la flaccidité de l'homme est sa dernière posture, quand l'abandon de la femme est à son acmé c'est comme une manière de renaissance, de naissance après l'inconcevable et puis l'arche s'ouvre, libérée de sa contrainte charnelle, l'esprit plane au-dessus des corps en charpie - il ne reste plus que des reliefs pitoyables du festin érotique -, et, événement majuscule, au milieu du champ dévasté, du champ de ruines s'élève la merveille des merveilles, se déploie l'essence anthropologique, le langage à nul autre pareil; la bouche s'est délivrée de sa dette de chair, elle peut articuler des sons harmonieux, chanter, manduquer le moindre nutriment lexique, moduler les sons, faire s'élever dans l'espace la spirale vocale, réciter des poèmes tout contre le dôme glacé du ciel, lancer des invectives, proférer des incantations, haranguer les foules, faire naître, depuis la nervure de la langue, des geysers, lancer des scories, enflammer l'auditoire, susurrer des syllabes sans signification, déglutir aux quatre vents des cantiques et des chants grégoriens, psalmodier, implorer, convaincre; oh, oui, la bouche est capable de tout cela et de bien plus encore, et, pourtant, c'est tout juste si on la remarque, parmi les affairements de la séduction, les minauderies de tous ordres, les dérobades, les mimiques, les esquives. La bouche est la porte par laquelle s'origine le monde, car, avant la profération du langage, il n'y a RIEN que le vide et le néant autour.

  Mais essayez donc d'imaginer, seulement l'espace d'une seconde, ce que serait la Terre muette, les bouches scellées, les mains inertes pendant comme de vulgaires linges le long des corps désertés. A côté, le ravin, l'abîme, les fosses de tous ordres; les abysses, ce serait symphonie, luxe, calme et volupté. Un beau fragment de totalité que le langage, tout de même. Qui n'existerait pas sans la femme, cette matrice à nulle autre pareille que, parfois, il n'est peut-être pas inutile de rapprocher de cette fameuse et mystérieuse "khôra" platonicienne, nourrice du devenir, par laquelle le monde advient à lui-même, au travers du passage jamais expliqué, jamais explicable, de l'intelligible au sensible. Un pur avènement. C'est pourquoi nous disons :Toute femme est un cosmos.

 

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 Source : EMMA AUSTEN - Eléa Mannell.

 

 

Mais avant tout, certains diront, un corps…

 

  Corps et déjà ce mot s'essaie à synthétiser, à regrouper les fragments épars dont, jusqu'ici, nous étions occupés. Le corps est déjà une tentative d'aller plus loin, au-delà du territoire restreint d'une fonction. Il ne dialectise plus avec une autre parcelle, il s'avance vers une façon d'autonomie, d'autosuffisance, peut-être même de royauté. Ses assises sont plus larges et, déjà, nous commençons à nous y retrouver, cela s'éclaire, cela ressemble à du connu, à du rassurant. Ici nous sommes dans la sédentarité, dans l'hestiologique, près de l'âtre, tout juste contre le foyer des significations multiples. Nous pouvons abandonner notre cheminement hasardeux de nomades, nous sommes invités à établir notre campement, à poser nos sacs. C'est un peu comme si nous étions arrivés au caravansérail après une marche longue et éprouvante, les yeux cernés de sueur, la vision étroite, seulement attentifs à voir le buisson, l'acacia, l'euphorbe, le chemin hésitant parmi les cailloux. Alors nous ne regardions pas le ciel, sa courbure de flammes. Alors nous étions comme les hommes au fond de la caverne platonicienne et nous prenions nos propres ombres pour la réalité même, pour la vérité, pour l'absolu. Alors nous étions égarés, embusqués à même notre propre déraison. Nous étions atteints de cécité.

  Mais, la femmetoute femme, ne la réduisons jamais à être une partie d'elle-même, une fonction, une matrice, un pur réceptacle. Sûrement elle l'est, de la même manière que l'homme est le soc, le coutre qui l'entaille et la fertilise. Réellement, symboliquement aussi. Le problème est de ne jamais demeurer là où la réalité nous assigne, c'est-à-dire dans une pure matérialité, dans une étroite perception de l'organique, du compact, de l'in-signifiant. Il y a mieux à projeter et ceci est toujours possible, à condition que nous nous saisissions du symbole et de sa puissance à nous faire pénétrer plus avant dans le champ des choses à découvert. Alors la vue s'éclaire, alors la conscience s'élargit, alors les yeux se disposent à la majestueuse mydriase.

  Comprenons : Le corps, dans son avancée vers une appréhension globale du vivant, peut jouer en mode dialectique avec l'esprit, avec l'âme, prise dans son acception générale de principe du vivant. Le corps, jamais nous ne pourrons le circonscrire à une sphère étroite, à une fonction, à une tâche au service de  laquelle il serait destiné. Le corps n'est pas constitué, comme on le pense habituellement, d'une juxtaposition d'organes coordonnés à des fins biologiques. S'il n'était que cela, il ne serait guère différent de l'amibe, du saurien ou bien du reptile. Le corps, il faut l'entendre comme chair, à la manière dont le conçoit la phénoménologie , c'est-à-dire comme un événement, une pure disposition à l'ouverture des significations, à la survenue de l'esthétique, à l'instauration d'une éthique. Ici, nous sommes déjà dans le domaine de l'Histoire, de l'Art, du Sacré, de la Nature, ici, nous sommes dans ce qui dessine une anthropologie et non plus dans quelque processus élémentaire de la vie commençant à s'organiser.

  Nous dirons donc le corps d'une manière différente par rapport aux prédicats que nous avions affectés aux jambes, à la main, à la bouche. Nous dirons le corps-archétype dessinant par-delà l'espace et le temps les fondements de la longue transhumance humaine. Nous dirons le corps comme récipient de la culture, du savoir, de la science, de la littérature. Corps-jarre façonné par les mains d'un habile artisan, un Potier habile à pratiquer son art. Et alors tout s'éclaire par le dedans, tout s'illumine à partir du vide qui se dispense à l'aune même de ses flancs. La jarre, la morphologie, l'anatomie, fussent-elles sublimes, ne sont que des avatars d'un visible travaillé depuis une tension interne. Le corps, celui de l'Autre, le nôtre, jamais nous ne les voyons selon une vision distale qui viendrait témoigner et soutenir les nervures, les apparences sur lesquelles nous établissons nos jugements, nous fondons nos vérités. Mais que savons-nous du dedans de ce qui nous constitue ? Rien, si ce n'est quelque approximation kinesthésique, quelque tremblement cénesthésique. A peine plus que nous pourrions en dire sur la gelée faisant sa génuflexion sur la tranche de pain  que nous tend toujours notre souci de paraître, alors qu'à l'évidence, la tâche la plus urgente est bien de nous disposer à être. Mais à être vraiment, ce qui veut dire à nous soumettre au scalpel de la raison que, métaphoriquement, nous assimilerons à celui de l'habile chirurgien, un Ambroise Paré, par exemple, savant toujours en quête de connaître  plus que le réel ne dévoile à partir de ses phénomènes, sinon de ses illusoires coutures. Ainsi, délivrés de nos  voilures, nous pourrions connaître ce qui les gonfle et nous propulse vers un possible projet. D'abord, nous serions attentifs à nos cavités, plutôt que de nous arrimer à nos sublimes excroissances que nous portons au-devant de nous à la manière d'un Saint-Sacrement. A nos poumons d'où sourd notre souffle, d'où jaillit notre pneuma comme principe de vie, comme esprit. A notre palais qui informe les sons, module la voix, donne essor à l'irremplaçable langage. A nos viscères où se dispersent les flux du métabolisme par lequel nous existons, nous rassemblons l'énergie nécessaire à notre progression vers un futur.

  Et, alors, comment ne pas évoquer, puisque c'est bien de la femme dont il s'agit, le magnifique dôme de son ventre, le gonflement de la membrane amniotique sous la poussée de ce qui, bientôt, surgira au plein jour avec sourire, mots, idées, sensations, perceptions, avec l'existence à réaliser parmi la grande meute humaine ? Mais c'est tout simplement étonnant. Mais c'est de cette manière que se pose la question fondamentale de la Philosophie, depuis toujours, magistralement formulée par Leibniz et qui ouvre toutes grandes l'avenue de la Métaphysique :

 

"Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?"

 

   Et, soudain, nous sommes reconduits à nos ressources premières, à notre dette de sujet pensant, doué de conscience, doté de parole, destiné à la connaissance, à son inévitable recherche infinie. Et, déjà, il nous semble être arrivés à des lieues du corps de la femme, nous ne l'apercevons plus, nous croyons le deviner, l'halluciner comme au travers d'un mirage et, pourtant, nous sommes dedans, dans cette conque qui nous donna acte et à laquelle nous demeurons symboliquement rivés, attachés, déroutés que nous sommes de n'y être plus, symboliquement s'entend, et ceci, cette dette nous poursuivra longtemps, c'est même elle  qui déterminera la plupart de nos actes,  mais à notre insu, nous arrimant de toutes nos forces à notre prétendue liberté alors qu'un pur déterminisme apparaît comme sous-jacent, incontournable, "ombilical" à proprement parler. Pour cette raison d'appartenance première à la "Mère-patrie", il nous faut rassembler notre courage, en faire une boule compacte et la projeter aussi loin qu'il est possible afin de sourdre, comme par miracle, dans le pays d'Utopie. Car c'est bien de cela dont il s'agit, de se croire libres, souverains, autonomes alors même qu'encore, lorsque nous dormons au fond de nos casemates de ciment, nous adoptons cette posture à nulle autre pareille, cette assise en chien de fusil, on dirait des fœtus, de simples amas de chair à la fontanelle fragile, de pathétiques et touchantes concrétions livrées au pur désarroi alors  que  la configuration maternelle nous entoure d'un premier cosmos. Cosmos contre cosmos.

C'est pourquoi nous disons : Toute femme est un cosmos.

 

 

Alors qu'elle est surtout…

 

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Source : EMMA AUSTEN - Eléa Mannell.

 

  Bien sûr nous aurions pu mettre sur le devant de la scène d'autres icônes de la femme, Marguerite Yourcenar; Sœur Emmanuelle; Anne Franck; Marilyn Monroe; Edith Piaf; Marie Curie; Sophia Loren et la liste pourrait ainsi s'allonger à l'infini, mettant en exergue les facettes de l'humanisme, de la science, des lettres et des arts, du cinéma, de la barbarie guerrière frappant à l'aveugle, du dévouement, de la reconnaissance de l'autre. Bien évidemment, nul n'aurait trouvé à redire sur le fait que les cimaises féminines soient représentées de si belle manière. Mais pourquoi donc, selon quelle morale, quelle pétition de principe, ferions-nous porter l'étendard de la féminité par de si nobles causes, de si généreuses âmes ? 

  Pas plus que la femme ne peut être réduite à quelque fragment de son corps, la cause voulant servir Eve ne saurait laisser dans l'oubli ses zones d'ombre, les turbulences qui la traversent, ses manquements, ses failles, ses lacunes, parfois sa plus confondante déchéance. Rien ne sert de se voiler la face. La plus grande partie de l'humanité vit dans des ghettos insalubres, meurt de faim, se prostitue, est réduite à l'esclavage, soumise à la volonté de puissance des riches, à l'égoïsme galopant qui inonde la planète de son souffle acide et vindicatif.

  Alors, si nous sommes lucides, si nous sommes réalistes, si nous sommes hommes, il nous faut aussi parler des femmes longeant les corridors de la misère, de celles vendant leurs corps pour ne pas mourir, de celles qui sont excisées, mutilées, dissimulées sous des cagoules mortifères, de celles qui mendient, qui volent, qui se droguent, de celles qui assassinent, qui se révoltent, qui meurent sous les coups des barbares, qui travaillent dans des ateliers surpeuplés et insalubres pour une obole méprisante, de celles qui  dorment dans les caniveaux, de celles qui sont abandonnées avec leurs enfants, de celles qui combattent les armes à la main, de celles qui, par le vaste monde, ne récoltent que haine et mépris.

  A ce seul prix, la femme peut se revendiquer comme cosmos, comme totalité. Car, si le cosmos est mise en ordre de l'univers, il ne l'est qu'en raison d'une mise au rebut de ce qui gêne, meurtrit le regard, entaille la conscience. Jamais, aux "Grands de ce monde" (stupide qualificatif) l'on ne montre les favelas, les slums, les bidonvilles, les "petites gens" (autre stupide qualificatif). On déroule les tapis rouges de l'inconscience, du confort, de l'indifférence générale.

  La femmel'homme, ne "méritent" jamais cette mise à l'index qui les ravale au rang d'animaux, de bêtes de somme alors que les palais du monde vomissent leurs simulacres d'or et leurs pare-chocs de platine aux yeux éblouis des laissés pour compte. La femme, l'homme "méritent" simplement que l'on s'accorde à leur reconnaître une conscience égale devant l'absolu. Jamais une conscience ne saurait en dominer une autre, sauf à renier son essence.

Si la "femme est l'avenir de l'homme", il se pourrait bien que l'avenir de l'humanité passe par une reconnaissance de la femme, cette si belle énigme qui ne donne la vie qu'à condition qu'on en reconnaisse le prix !

C'est pourquoi nous voulons continuer à proférer, haut et fort  : Toute femme est un cosmos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

                                                                                  

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                            

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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