Si peu visibles, dans le jour qui vient. A peine consistance du songe, vol du martinet contre la vitre du ciel, brume flottant sur la lagune. Etes-vous VRAIMENT présents ? Ou bien, alors, ne demeurez-vous dans votre enceinte de peau qu’à l’aune de mon imaginaire ? Dans la cage d’os de votre tête à la mesure de vos pensées ? Tellement confondus. Tellement absents. Glissades sur le trottoir de ciment.
Perdu dans le gris, le trottoir. Et ces arbres qui font un cadre à votre cheminement, sont-ils autre chose qu’une fantasque destinée dont vous auriez habillé votre perpétuelle errance ? Et ces feuillaisons dont vous vous détachez si peu, vous attirent-elles vers de sublimes idées ? Est-ce vous qui les sécrétez, comme l’abeille le miel ? Ou bien n’en êtes-vous qu’une manière d’hypostase, une perdition, genre de nectar qui se dissoudrait à même sa profération ?
Les choses sont si peu assurées, voyez-vous. C’est toujours un exil d’être extérieur aux hommes, aux choses, à la feuille d’automne, aux nervures qui disent le temps passé sans possible retour. Et moi qui vous regarde, ne suis-je simplement le jouet d’une hallucination, le produit de votre constante fuite ? Il est si difficile de vivre. Alors comment pourrions-nous exister ?
Comment être dans ce maelstrom qui nous invite au néant et nous soustrait à la seule possession à laquelle nous puissions prétendre. Le fil de notre conscience et sa tension funambule entre deux incommensurables riens ? Comment pourrions-nous ?