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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 11:11
L’homme et l’habiter.

Que voyons-nous, ici, sinon une image d’Epinal, une simple anecdote à partir de laquelle pourrait naître une fable ou bien une fiction, peut-être même la matière d’un drame ? L’esprit humain est si fécond, si prompt à s’enflammer. Le moindre fait surgissant à l’horizon : poudre rencontrant le détonateur. Toujours, au bout, ce qui ne paraît qu’à la mesure de l’accident, de la faille, de la trappe ouverte. « De Charybde en Scylla », telle pourrait être la devise de bien des hommes qui se soucient davantage du premier aspect formel venu plutôt que d’une méditation de ce qui y est présent en filigrane.

A l’évidence, c’est d’une cabane de bois dot il s’agit, sans doute anciennement goudronnée, qui reçoit sur l’une de ses façades quelques objets usuels. Rien qui ne mérite l’attention, qui n’accroche le regard, n’ouvre l’espace d’une réflexion. Mais les choses sont-elles si simples qu’elles le paraissent ? Comme si le réel ne se laissait aborder que d’une façon exotérique - sa confondante matérialité, sa mutité -, et non d’une façon ésotérique, cette dernière laissant apparaître ce qui se dissimule sous la fibre du bois et en constitue son âme, le langage qui nous est adressé en mode crypté.

Que voyons-nous, sinon cette chaîne qui dit le foyer précieux, le lieu à ne pas profaner, comme s’il s’agissait d’un sanctuaire abritant quelque dieu ou bien, plus modestement, les traces intimes d’un exister sur terre ? Que voyons-nous, sinon cette fenêtre derrière laquelle se blottit la confidence, bien loin des agoras humaines où court le vent des agitations mondaines ? Que voyons-nous, sinon ces deux chiffres disant, non seulement l’adresse, la position de l’habiter, ses coordonnées spatiales, mais le chiffre de l’homme, le sens de sa destiné, en ce lieu, en ce temps, parmi le hasard des rencontres ? Que voyons-nous, sinon le tonneau qui invite à la libation, à la fraternité autour d’un verre, à la chaleur d’un foyer ? Que voyons-nous, sinon le grillage qui dit la clôture des choses, l’unique de l’individuel au regard de la dispersion du collectif ? Que voyons-nous, sinon les planches afin que la modeste demeure puisse être réparée qui abrite l’habitant de la pluie, de l’orage, de toute chose fâcheuse à l’horizon du monde ? Que voyons-nous, sinon l’existence en sa polyphonie, cette si belle arche en devenir qui nous porte bien au-delà de nous en des terres inconnues ? Ici naissent les yeux fertiles !

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