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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 08:41
Léda, les cygnes et moi.

Vous étiez sur la rive,

pareille à une apparition.

Sur le sable léger,

votre corps nu était posé

comme la nacre au fond du coquillage.

A peine une brume

et déjà l’on était en partance

pour un pays au-delà des rêves.

C’était le printemps, il est vrai,

et mon sang était fouetté de désir.

Vous voir, là, sur la berge opposée

et demeurer dans l’enceinte de mon corps

avec son picotement de venin.

La nage m’aurait-elle sauvé

d’un possible péril ?

Je n’eus pas le temps de me dévêtir que, déjà,

trois cygnes vous faisaient la cour.

Trois fois Zeus pour vous seule

dans la lumière du jour.

Interdit, je l’étais jusqu’à la mutité

et mes jambes étaient de plomb,

mon cerveau envahi de nuées bien étranges.

Le vertige, soudain, m’a saisi

et je suis tombé, là,

inanimé, en deuil de vous.

Lorsque je suis revenu à moi,

les trois cygnes glissaient sur l’eau

avec la facilité que possèdent les dieux,

seulement.

Leurs becs étaient trois braises ardentes

et je savais que votre hymen

avait été consommé.

De cela, jamais je ne devais revenir.

Je vous écris de ma cellule blanche,

au fond des murs réservés aux fous.

On a cru à une fable

ou bien à une hallucination.

Dites-moi, Léda,

avez-vous au moins existé ?

Cela, je veux le savoir,

non pour m’évader de ma geôle.

Pour donner une consistance à mes rêves,

une forme à mon délire.

Puisque, aussi bien, jamais je n’en sortirai.

Léda, venez me visiter,

quoi qu’il vous en coûte.

Vous rencontrerez un demi-vivant,

mais que m’importe,

puisque vous êtes trois fois reine !

Léda, les cygnes et moi.
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