L’ombre était si présente.
Pareille à une écaille échappée de la nuit.
Peut-être un rêve, tout simplement.
La parution des choses
au bord des lèvres.
Le silence avant la parole.
Le grésillement
précédant la lumière.
Nous étions seuls au monde.
Vous dans le mystère bleu.
Moi vous suivant.
Quel étrange magnétisme
m’attachait à votre image ?
Vous étiez si loin
dans votre sombre vêture.
Emergence de chrysalide.
Globe des yeux encore soudés.
Cécité qui durait.
Pour vous, je n’existais pas plus
que l’air printanier.
Une simple fragrance
dans la levée du jour.
Suivre est une fascination,
un attrait de l’inconnu
et l’on frôle le danger.
Pourtant, ce pas de deux
n’avait de sens qu’à céder, bientôt,
sous la poussée de la lumière.
La voie de votre destin
n’était pas la mienne.
Au bout de la rue, vous avez pris
la venelle, sur votre gauche.
J’ai continué tout droit,
jetant à votre silhouette
un dernier regard.
Déjà vous sortiez de votre
silencieux anonymat.
L’imago survenait
dans un bruissement d’élytres.
Puis, bientôt, l’envol
et la simple trace
de deux ocelles
que la clarté reprenait.
C’est ainsi
que vivent les papillons.
Comment donc
vivent les chasseurs
lorsque leur filet est vide
et que les heures passent
en bourdonnant.
Comment ?