« Cette heure. Oui, cette heure. » Cela il faudrait l’énoncer comme une vérité puis faire silence. Mais il est si tentant de festonner, d’orner de broderies, de tresser quelque perle à la lisière du jour. Mais pourquoi donc ? Le jour ne se suffit-il à lui-même ? Lui faut-il une intendance, la pourpre d’un prédicat, l’améthyste d’une sensation, le béryl d’une mélancolie ? Le jour est là, funambule sur le bord d’une visitation. Il ne demande rien. Il gît. N’énonce pas. Se retient. Hésite. Se nomme aube, le temps s’écoule si vite.
Tout est dans le murmure de soi. Ombilic en écho et la graine se cèle. Immense mutité et l’on demeure coi, en arrière de soi, dans le tumulte du corps. Le jour, on voudrait le dire. Avec sa chair, avec l’outre gonflée de sa peau, avec la hampe vrillée de son sexe. Ejaculation céleste et les gouttes de résine retombent longuement pareilles à une procession de plaintes. Ou bien de sanglots. Comment savoir alors que tout est pris dans la gangue de l’incompréhension ? Ô douleur d’être dans la citadelle où souffle un vent froid. Les oubliettes mugissent leur musique glacée. L’acide muriatique de la folie ronge les os. Les mains sont garrotées et les ligaments sont de blanches lianes. Possessives. Ô barbacanes où le vent cogne avec furie ! Ô perdition et l’esprit s’étrécit à la taille de la meurtrière.
La ville est dans la cendre et les hommes sont fous. Violence d’être dans la quadrature du monde. Quand donc l’éclipse totale, la nuit, les os broyés dans la meule du temps, la gélatine des désirs coulant dans le caniveau leur aporie constitutive ? Quand donc ? Tellement de peur, de souffrance et les mains sont vides. Et les mains sont impuissantes. Sortons de la coulisse du jour et offrons-nous en holocauste sur le praticable du monde. Notre effacement de l’être n’aura pas été vain. D’autres naîtront qui danseront sur nos cendres. Oh, oui que vienne l’écume et le tourbillon du jour ! « Cette heure. Oui, cette heure. »