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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 09:21
L’Écriture et après ?

Rituels d’Écrivains

BNF

 

***

 

Ici un extrait d’un commentaire de Christine Raison

concernant mon travail d’écriture :

 

« Votre compagne l’écriture ne vous abandonne jamais.

Vous avez pris la décision de rester humble, de ne pas éditer.

Peut-être que votre sentiment de dépossession nait de là.

Se pencher sur l'exigence de vos textes prend du temps

et la plupart d’entre-nous le gaspille à des fins égoïstes.

Merci pour tout cela. »

 

*

 

   Mais Christine, c’est moi qui remercie tout comme je remercie les Lecteurs et Lectrices qui accordent quelque crédit à mes textes. La question fondamentale qui se pose à l’orée de toute entreprise d’écriture est celle de savoir en vue de quoi l’on écrit.

 

En vue d’une satisfaction personnelle ?

En vue de briller auprès de Lecteurs et de Lectrices ?

En vue de soumettre ses travaux à un Éditeur ?

En vue d’approfondir sa propre connaissance de Soi ?

En vue d’une pure gratuité ?

 

   Toutes ces interrogations sont légitimes et il convient que j’y réponde avec toute la clarté nécessaire. Certes le plaisir personnel est en vue et, d’ailleurs, comment ne le serait-il pas ? Briller ? Nullement et, du reste, que signifierait donc ce geste d’inutile vanité ? Si les mots sont suffisamment aboutis, ils n’ont nullement besoin d’une confirmation extérieure à qui ils sont ; ils sont, en eux, le don précieux qu’ils ont à être pour toute conscience à la recherche d’une lumière, d’un éclair parfois, d’une simple réjouissance toujours, d’une vérité si ce mot aujourd’hui dévalorisé ne portait des connotations philosophiques hors de portée.  Malgré les apparences, ce travail de chercheur solitaire n’évince nullement la figure de l’altérité, il suffit que cette figure fasse signe depuis sa modestie et sa qualité. Le nombre n’est jamais l’emblème d’une quelconque valeur, il est pure quantification, il est fermeture sur soi. Quant au fait d’écrire avec, pour miroir lointain mais toujours présent, la volonté de voir ses ouvrages exposés dans les vitrines des Libraires, ceci est pure fatuité, ceci est confondre la finalité (être reconnu) avec l’essence même de l’écriture, (signifier en profondeur) ce en quoi consiste la réflexion de l’homme lorsqu’elle a affaire à la Poésie, au Concept, à la Philosophie. (Il ne vous aura nullement échappé que les Majuscules, ici, signifient).

   Écrire est pure coïncidence avec le phénomène du Langage. Aussi, corrélativement, écrire est adéquation à sa propre essence. Bien trop de livres aujourd’hui sont de faux livres qui ne se rétribuent qu’en monnaie de singe. Les étagères des Libraires, à chaque rentrée, croulent sous des monceaux d’ouvrages qui ne sont guère que des clins d’œil à la mode, des clichés, des conventions, de simples réponses opportunistes aux attentes de Lecteurs qui n’en sont pas, dissimulés qu’ils sont sous le masque d’un consumérisme peu éclairé. Le livre, sous les assauts répétés de l’image, sous les feux médiatiques peu soucieux d’exactitude, sous l’indifférence généralisée qui préfère à leur contenu le crépitement bleu des écrans de toutes sortes, le livre donc est devenu un simple produit, la réminiscence d’un temps jadis que certains pensent désuet, archaïque.

   La vitesse, la hâte en toutes choses, la boulimie matérielle et utilitariste, principes princeps de notre époque, ne s’accordent nullement avec la longue patience que suppose toute lecture réelle, précise, en quête d’un savoir bien plutôt qu’orientée vers le pur divertissement. Å l’éminent Philosophe qu’est François Jullien, certains critiques reprochaient le niveau de réelle exigence de ses livres. Ce à quoi le Philosophe répondait qu’un livre qui n’est pas exigeant n’est pas un livre. Il va sans dire que je souscris totalement à cette visée si exacte. Bien évidemment, dans cette optique et hormis quelques exceptions (le succès de librairie en son temps de « L’Amant » de Marguerite Duras, œuvre aboutie s’il en était), les chiffres de l’audimat ne sont que de risibles affabulations, lesquelles confondent le grain et l’ivraie. Si, jadis, le fait même d’être édité relevait de quelque prodige, actuellement ceci est devenu monnaie si courante que plus personne n’y prête garde. Amazon, ce Dieu des Temps Modernes, regorge d’ouvrages « illisibles » au motif que leur contenu est quasiment proche du vide.

   Peut-être, aux yeux de Certains et de Certaines, l’indifférence que j’affiche vis-à-vis de l’édition paraîtra comme un geste narcissique dissimulant en sa superbe, ce « sentiment de dépossession » que vous semblez m’attribuer, du reste, en toute honnêteté. Cependant, le texte sur lequel vous fondez votre approche est un extrait teinté d’ironie, texte qui pose face à mon écriture un seul et unique Lecteur, à savoir celui que je suis qui, écrivant, est aussi de facto le premier et parfois le dernier Lecteur des mots qu’il produit, sans doute bien plutôt comme miroir pour ma propre conscience que pour des consciences extérieures qui pourraient en faire usage. J’ai un très grand nombre d’écrits que je pourrais qualifier « d’intimement personnels », un peu à la manière d’un Journal Intime dans lequel je dépose, au fil des jours, des remarques, des états d’âmes, des idées en forme de concepts, et tant d’autres choses qui concourent, surtout, à approfondir cette connaissance de Soi que je considère comme l’une des vertus essentielles de toute méditation. Entre « l’œuvre » et qui je suis, la distance la plus faible, l’affinité la plus élective, l’évidence la plus exacte. L’acte d’écrire est pure dédicace de Soi à l’œuvre, pure déclinaison de l’œuvre à Soi. Par « œuvre », entendez « ce qui est œuvré », nullement la prétention d’une création qui serait remarquable en quelque manière.

   Le problème inhérent à la participation aux Réseaux Sociaux (ces fléaux modernes dont, cependant, nul ne peut se passer ou presque), leur péché originel se pourrait représenter à l’aide de la métaphore du Moineau pressé, picorant ici une miette, là un grain, ailleurs une brindille de nourriture, le Pierrot n’ayant de cesse de sautiller de place en place au rythme d’une urticante danse de saint Guy. Et ce qui pose question au plus haut point, c’est la tyrannie imposée par le régime iconique, une déflagration continue d’images balayant l’image précédente, si bien qu’au bout du compte nul ne sait ce qu’il a vu, si ce qu’il a vu est pure vérité ou déguisement grossier, duperie et manipulation permanente des consciences. En ce domaine une diététique s’impose, un choix éclairé des nutriments doit être la règle, sinon le risque est grand que le peu de lucidité présente ne s’efface, ne laissant place qu’à une dévastation des valeurs humaines. Ceci se nomme « nihilisme » dont le visage néantisant est de plus en plus visible.

   La plupart des textes publiés sur le Réseau sont accompagnés d’images, comme s’ils en étaient le simple commentaire, dès lors le Langage se posant au service de l’Image, régresse en son essence au point de n’y plus se reconnaître. Alors, comment lors d’une publication Texte/Image, faire la différence entre les deux ? Et que concernent les fameux « J’aime », « J’adore », les Mots ou l’Illustration ? Il y a fort à parier que les commentaires positifs concernent, de façon massive la belle Image, la portion congrue revenant au Langage qui peine à résister sous l’envahissante marée. Depuis longtemps déjà, je songe à créer un Nouveau Groupe dont le nom serait « Textes sans images ». Je crois que mes craintes seraient confirmées et que le nombre de Lecteurs et Lectrices se limiterait à la portion congrue ! Chiche ! Alors, peut-être bientôt…

   L’une de vos remarques précise avec justesse : « se pencher sur l'exigence de vos textes prend du temps ». Certes je suis conscient de cette difficulté et de cette exigence de lecture qui lui est coalescente. Ci-après, je cite un extrait d’« Écho d’une parole », texte relatif à un Poème de Nathalie Bardou que j’avais écrit en son temps à titre de commentaire.  Ne le prenez nullement à la façon d’une auto-complaisance, seulement une référence qui explique bien des choses :

  

   « ON parle d’une Nuit, d’une Nuit fondatrice que, sans cesse, menace l’irrésolution du dire, sa probable disparition dans les plis d’ombre et les recoins d’une conscience assiégée. Oui, assiégée, la conscience, tout comme le langage qui recule, cherche les recoins, se dissimule car paraître est subir la lumière du jour, entailler la chair qui, nuitamment s’est régénérée, ressourcée à la fontaine de l’obscur. Oui, les mots sont une chair fragile, une pulpe que, longtemps, ON retourne dans la conque de sa bouche. Il faut les maintenir dans l’espace étroit afin que le massif de notre langue, la physiologique, infuse dans la langue du poème ce que l’ON est en soi, cette attente de paraître avec la cimaise du front cernée des richesses de l’indicible. Seulement une lueur, seulement le jaillissement de l’étincelle, seulement le feu de l’intelligence et les mots peuvent regagner leur antre, là, dans la diagonale de suie où dorment toutes les significations du monde.

   Oui, TOUTES, ON les porte en nous les significations. Oui ON les abrite en-dedans les sèmes de la parution humaine. Mais l’art. Oui, l’art, cette manifestation qui s’exhausse des corps, de nos corps, pour témoigner du miracle d’être. Car les mots sont des morceaux, des fragments de la conscience. Car les mots sont des cristaux qui brillent de leur inextinguible flamme. ON le sent en arrière du front, le peuple des mots, ON les devine impatients de faire leur grésillement d’amadou dans la nuit des hommes. Ils portent les hommes. Ils les font tenir debout. Ils s’enchaînent au tube de leurs lèvres pour se dire en mode essentiel, par exemple, rosée, pierre, oiseau, nuage, femme, amour. Les mots sont des gemmes qui nous éclairent de l’intérieur, longues effusions qui crépitent le long de nos axones, subtils diamants à l’éclat infini qui parcourent l’eau de nos cellules, les ruisseaux de notre imaginaire, les cataractes de notre esprit. »

  

   La difficulté, lorsque les mots atteignent une certaine densité, c’est bien de former un tout compact, une structure homogène, une bogue qu’il est difficile de pénétrer. Expliquer le texte se heurte au problème de la synonymie, la plupart des synonymes entraînent une euphémisation du sens, si ce n’est une réelle falsification. Le travail, car travail il y a, est à accomplir par le Lecteur, la Lectrice et par eux seulement. Tout texte en sa première approche révèle un sens exotérique la plupart du temps aisément accessible. Cependant lorsque le niveau d’expression s’accroît, il s’agit d’une tâche ésotérique, laquelle demande un investissement sans partage de Celui ou Celle qui consent à faire cet effort. Je mesure l’importance de l’énergie qu’il faut assembler et donc je ne m’étonne nullement du peu de retours vis-à-vis de ces « morceaux de bravoure » si je peux employer cette expression « héroïque ». Mais là où la réception des textes devrait être bien plus facile (extraits de nouvelles, poésies, commentaires divers), un identique phénomène se produit et bien des textes demeurent en friche, comme si les phrases avaient été déversées dans un confondant Tonneau des Danaïdes. Ceci manifeste, à l’évidence, un désintérêt croissant pour la chose écrite, singulièrement pour celle qui se rapproche du style de l’essai. Les Réseaux Sociaux et, du reste l’ensemble de la société, inclinent de façon très nette en direction des activités ludiques, les jeux vidéo en constituant la figure la plus déconcertante.

   Quant à l’utilisation permanente et quasi hystérique de la Boîte Magique, smartphones et autres iphones, elle ne fait que traduire l’accoutumance à la facilité au détriment de conduites plus structurées, plus rationnelles, plus exigeantes. En bien des domaines de la culture et du savoir, les constats sont affligeants. Le niveau de langage des SMS et autres parleries des Socioréseauxphiles atteint le « degré zéro » de l’expression écrite. Et il n’est pas rare que des ouvrages de haute tenue, des essais de philosophie commis par des Agrégés qui brillent par la qualité de leurs recherches, que ces ouvrages donc pêchent gravement sur le plan de la maîtrise de l’orthographe, des notions élémentaires telles celles des accords des verbes et la pratique des conjugaisons, ceci venant gravement altérer la qualité de l’ensemble. Je ne sais s’il convient de s’en affliger ou de prendre le parti d’en rire. Nos ancêtres, candidats au Certificat d’Études Primaires, maîtrisaient bien mieux la langue que nos bacheliers et titulaires de maîtrises actuels. Sans doute le résultat du progrès et des innovations techniques de tous ordres qui ne sont que des machines à aliéner. Il semblerait que beaucoup souhaitent en faire leurs idoles, sinon leurs icônes. Le constat est si négatif pour qui prend la référence de temps plus accomplis que, sans doute, il convient de pratiquer la politique de l’autruche, de fermer les yeux et de penser à de plus évidents bonheurs.

   Certes Facebook n’est nullement l’Académie Française, si tel était le cas, nous nous en serions aperçus. En son temps, j’ai expérimenté des Sites d’Écriture avec quelque espoir que ces lieux dédiés à l’expression écrite puissent présenter une qualité suffisante. Mais là aussi, en dehors de quelques exceptions, ce qui est livré aux Lecteurs et Lectrices ou bien constitue une soumission à « l’air du temps », à l’ambiance maussade qui court ici et là, ou bien il ne s’agit que de textes insuffisamment aboutis sur le plan lexical et sémantique, l’orthographe étant quasiment en jachère. Peut-être, Christine, trouverez-vous mes critiques radicales. Cependant j’essaie d’avoir autant d’objectivité que possible (évidemment selon moi). Quand quelque chose me paraît bon, je dis « c’est bon ». Quand quelque chose me paraît mauvais, je dis « c’est mauvais ». Ce qui, loin d’être une lapalissade, suppose un examen sérieux de ce qui se propose à Soi. Vous aurez aisément deviné où s’inscrivent la plupart de mes jugements. Quant à la « frustration » supposée, plusieurs fois elle a été comblée par des réceptions très positives de mes écrits par des personnes de grande qualité, dont par pudeur, je tairai les noms. Un seul j’aime d’eux ou de vous récompense de nombreuses heures d’écriture vécues dans une ambiance quasi monastique. Je vous donne l’autorisation de rire de cette austérité voulue.

   Mon Blog sur Internet, lequel a eu pour nom pendant très longtemps « blanc-seing.net », qui vient d’être renommé « jean-paul-vialard.fr », bénéficie d’un intérêt soutenu, cependant les commentaires y sont rares, seul le quantitatif y apparaissant. Pendant quatre années j’ai publié de nombreux articles de littérature sur le Site « Exigence : Littérature », mais là aussi les Lecteurs ou Lectrices y étaient totalement anonymes. Si je ne suis à la recherche à tout prix d’une reconnaissance, je dois « reconnaître » que les réceptions positives de mes écrits sont toujours reçues avec le plus vif plaisir. Voilà la situation paradoxale des Écriveurs contemporains que nous sommes, nos textes circulent, par la magie d’Internet dans le Monde entier sur un simple clic, mais ces mots chutant bien vite dans un océan d’autres mots, il n’en demeure, la plupart du temps, qu’un vague halo que le vaste horizon médiatique s’empresse de gommer. Le fameux « Village Mondial » dont on ne cessait jadis de nous vanter les mérites, voici qu’il arase les cultures, efface les singularités, noie tout dans une masse indescriptible qui confine à l’image de quelque Chaos ou bien à la réitération du Déluge lui-même.

   Alors que signifie cette activité d’écriture intense, depuis vingt longues années, pratiquement sans interruption ?

 

Une passion ? Une obsession ? Une peur du vide ?

Un essai d’exister contre vents et marées ?

La revendication de l’ego en un pur solipsisme ?

La recherche effrénée d’un Sens ?

La manifestation d’une angoisse sous-jacente ?

Le combat contre le « sentiment tragique de la vie »,

 selon l’expression du Métaphysicien Miguel de Unamuno ?

Un essai d’enrayer « L’inconvénient d’être né », tel qu’exprimé par Cioran ?

L’avancée sur la piste de cet étrange Être heideggérien ?

Un essai de rejoindre l’Esprit Absolu hégélien ?

Une tentative de contribuer à faire émerger cette belle Unité Plotinienne ?

De rejoindre le lumineux royaume des Idées Platoniciennes ?

De tutoyer un peu de ce Moi Absolu de Fichte ?

De connaître l’ivresse des merveilleux Romantiques Allemands ?

De tâcher d’avancer, avec comme point de mire,

cette visée hauturière de l’Idéalisme Allemand ?

 

   Oui, il y a un peu de tout ceci et ces sublimes Idées sont le plus souvent l’Orient selon lequel je me détermine, sans jamais pouvoir en atteindre la pureté d’écume, cette pureté-vérité faisant le lit d’un Sens que l’on pourrait qualifier d’Essence plénière, fondement du sentiment d’exister avec quelque plénitude. Tout ceci constitue à l’évidence un maquis complexe dans lequel il est difficile de se repérer, jungle inextricable d’un syncrétisme en acte, ce dernier motivé par le concept d’Affinités qui a déjà été évoqué, lequel me paraît majeur.

 

L’Écriture et après ?

   Point d’orgue de cette activité ininterrompue, l’impression de 19 Tomes de 800 pages d’une « œuvre » intitulée « La chair du Milieu », dont le motif essentiel est le suivant :

  

    « La chair du milieu » n'est ni un roman, ni un essai philosophique, ni un propos sur l'art, ni une expérience d'écriture novatrice, ni une chronique des jours, mais tout ceci à la fois. Il faut l'aborder comme une œuvre de journaliste qui, chaque jour qui passe, note ses impressions sur le papier en direction de ses lecteurs. Affinités personnelles avec ce qui se dessine à l'horizon et mérite d'être abordé, approfondi et souvent analysé avec suffisamment d'esprit critique. » 

  

   Sans doute, chacun, chacune aura saisi la visée de la métaphore : la « chair » est le tissu même de l’exister, le « milieu » est le sens qui tisse la « chair », la met en tension. Comprendre et interpréter, au sens strict, c’est effectuer un chemin au travers de ces strates en direction d’une saisie de ce qui, dans la pure intériorité, se révèle en tant que ce qui est essentiel, la graine à partir de laquelle le fruit croîtra et s’épanouira en cette belle efflorescence qui est la joie même de regarder l’Intelligible, serait-ce dans l’effleurement.

   Le Tome 20 est actuellement à l’impression. Le Tome 21 est en bonne voie. Ces livres au format 15/21, sont réalisés à compte d’Auteur et constituent, pourrait-on dire, une « collection privée » dont certains d’entre vous, ici, sur Facebook ont eu à connaître. Quel intérêt me direz-vous de publier un si volumineux contenu dont le destin le plus effectif est de dormir à l’ombre des pages ? Mes plus fidèles Lecteurs et Lectrices s’y seront vraisemblablement risqués sur la pointe des pieds. L’un de mes Amis proches (c’est un pléonasme), me disait récemment : « Tu ne pourras pas tout relire » et, bien évidemment, c’est lui qui a raison. Au hasard des publications sur Internet de textes écrits au cours de ces années, je découvre à nouveau ces pages dont je n’avais plus guère le souvenir.

 

L’Écriture et après ?

 

   interroge le titre de cet article. Après l’acte d’écrire qu’advient-il sinon cette massive irrévélation d’un contenu devenu invisible ? Qui donc d’autre que moi pourrait s’en émouvoir ? Le sommeil de ces livres accompagnera mon sommeil définitif. Alors, témoigner ? Pour qui ? Pour quel motif ? Mes plus proches, s’ils ont consenti à lire quelques pages, renoncent bientôt à poursuivre cette tâche harassante.

  

   Un jour s’est levé, loin dans le temps. Une enfance a eu lieu avec ses joies et ses peines, avec très tôt un vif intérêt pour la Littérature, puis plus tard pour l’Art et la Philosophie. Littérature/Art/Philosophie, la triade qui a constitué la nervure d’une vie. Alors, presque au terme du voyage, des regrets ? des satisfactions ? une certaine fierté du labeur accompli ?

   Un Éditeur dont je tairai le nom a eu la gentillesse de m’attribuer le prédicat de « besogneux », s’empressant de rajouter que, pour lui, ce terme, loin d’être péjoratif, était bien au contraire laudatif. Je le crois foncièrement honnête, si bien que son point de vue coïncide avec le mien.

  

   L’écriture doit être une exigence de tous les instants, sinon elle se dilue dans les marges de la quotidienneté pour n’en jamais ressortir. Bien évidemment tout retour quant à la qualité de mes textes est empreint d’une nécessaire subjectivité. Mais je crois qu’il faut, à la manière d’une « Profession de foi » (vous pensez certainement à Rousseau, moi aussi), croire à la valeur de ce que l’on fait, que ce qui compte en définitive, c’est bien le ressenti qui vous anime en votre conscience la plus aiguë. Si l’un de mes commensaux vante un texte dont je suis mécontent, quel avis importe ? Le mien, bien évidemment puisqu’il convient de partir de l’origine de ce qui a été formulé, de prendre le recul nécessaire, d’avoir la vision la plus exacte de ces milliers de signes qui fourmillent sur le blanc de la page. En tout état de cause, c’est à moi qu’il revient d’être mon critique sans quelque concession que ce soit. L’on se connaît toujours mieux que l’on ne connaît l’Autre.

  

   Merci Christine de pointer sur mon écriture un index si bienveillant. Croyez bien que cette attitude de générosité et de bienveillance est un précieux viatique pour celui que je suis qui tisse ses mots comme l’araignée tisse sa toile. Que souhaiter au crépuscule de ces quelques méditations ? Eh bien que ce crépuscule, précisément, se colore encore longtemps de ces teintes merveilleuses de l’Automne, ma saison préférée, celle que je loge au cœur même de mes Affinités. L’Automne radieux telle l’écriture que l’on porte en Soi à la manière d’une joie qui, parfois, connaît ses propres illuminations. Alors la nuit, la terrible et belle nuit se dissout dans la clarté de l’Aube. L’Aube, oui, cet éternel recommencement.

 

                                            Affectueusement vôtre . JP.

 

  

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